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Moyen Orient et Monde - diplomatie

Syrie : le report de Sotchi, révélateur des obstacles que doit surmonter Moscou

La Russie peine à transformer ses succès militaires en acquis politiques et diplomatiques.

Photo d’archives du premier round de pourparlers à Astana, au Kazakhstan, sous l’égide de la Russie, de l’Iran et de la Turquie, le 23 janvier 2017. Mukhtar Kholdorbekov/Reuters

La cadence des rencontres diplomatiques sur la Syrie s'accélère. Le contexte actuel le permet : le régime syrien, aidé par la Russie et l'Iran, engrange les succès militaires sur le terrain. Moscou et Téhéran, depuis le début de leur implication dans le conflit syrien, se sont entre-temps (ré)imposés comme acteurs régionaux incontournables. Preuve en sont les légères avancées suite aux différents pourparlers d'Astana, au Kazakhstan, parrainés par la Russie, l'Iran et la Turquie, et qui ont donné lieu à une baisse des violences dans certaines zones de Syrie, sans pour autant y mettre fin. Un sommet tripartite, réunissant ces trois puissances, devrait avoir lieu mercredi 22 novembre à Sotchi, dans le sud de la Russie. Le même jour, une réunion plénière de l'opposition syrienne doit avoir lieu à Riyad. Cette réunion de deux jours, organisée « à la demande de différentes factions de l'opposition syrienne », selon le gouvernement saoudien, a pour but annoncé de « resserrer les rangs » en préparation d'un Genève VIII quelques jours plus tard, soit le 28 novembre. Ces rencontres devraient être suivies de peu d'un congrès pour le dialogue national syrien début décembre, initialement prévu aujourd'hui, également à Sotchi.

Le report de la conférence intersyrienne de Sotchi est révélateur des obstacles diplomatiques rencontrés par Moscou dans la recherche d'une solution politique au conflit. Peu après l'annonce de l'organisation de la conférence, une liste des trente-trois groupes invités à y participer est apparue sur le site internet du ministère russe des Affaires étrangères, avant d'en disparaître 24 heures plus tard. Y paraissaient notamment plusieurs groupes de l'opposition « tolérée » par Damas, le parti Baas du régime syrien, le Conseil national syrien (CNS) établi à Istanbul, mais aussi des groupes kurdes. Entre autres, le Parti de l'union démocratique (PYD, branche politique syrienne du PKK, le parti indépendantiste kurde), considéré comme une organisation terroriste par Ankara et la communauté internationale. C'est bien la première fois que les Kurdes étaient inclus dans un processus quelconque, après avoir été ignorés à Genève et à Astana. Cette innovation déplaît souverainement à Ankara, qui cherche à tout prix à écarter les Kurdes de toute discussion liée à l'avenir de la Syrie.

 

(Lire aussi : Présence iranienne en Syrie : Moscou oppose une fin de non-recevoir à Israël)

 

 

Il s'agit pour le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan d'empêcher toute entité kurde, autonome ou non, à sa frontière. Hier encore, le président turc a exprimé son désir de « nettoyer » l'enclave d'Afrin, dans le Nord-Ouest syrien, où les YPG (Unités de protection du peuple, branche armée du PYD) sont omniprésentes. Si cette poche devait être reliée aux autres zones kurdes du Nord syrien, la présence kurde s'en trouverait encore renforcée, et l'éventualité d'un morcellement du territoire syrien n'en deviendrait que plus réelle. Ce que refuse catégoriquement l'Iran, autre allié de Damas, pour lequel la « Syrie utile » ne suffit pas : il s'agit de préserver à tout prix l'intégralité de la Syrie. L'invitation des Kurdes à Sotchi laisse présager des tensions croissantes entre la Russie et la Turquie, malgré leur rapprochement récent.

 

Opposition morcelée
Autre problème auquel doit faire face Moscou : une opposition syrienne désunie et réticente. Dès la publication de la liste des organisations invitées à Sotchi, le Conseil national syrien (CNS) a exprimé sa « surprise » d'y être nommé, rejetant l'invitation russe tout en dénonçant une « rencontre entre le régime et le régime », soit une surreprésentation du gouvernement de Bachar el-Assad et de ses alliés. Si la conférence de Sotchi a lieu début décembre comme prévu, elle se tiendra après celle de Riyad, censée unir les différentes factions de l'opposition, et de Genève, que Moscou a assuré soutenir, par le biais de son vice-ministre des Affaires étrangères Gennady Gatilov, mardi.

 

(Lire aussi : La Russie cherche un relais politique au processus d'Astana)

 

Censée aborder la nouvelle Constitution syrienne, la conférence de Sotchi, comme toutes celles parrainées par Moscou, omet cependant une question considérée par l'Occident comme fondamentale à la résolution de la crise syrienne, soit la résolution 2254, qui prône la mise en place d'une structure gouvernementale de transition. « Là réside la clé du problème », affirme une source diplomatique à L'Orient-Le Jour, pour laquelle la conférence de Sotchi, si elle avait eu lieu, « aurait contribué à marginaliser de manière presque définitive le rôle des Nations unies, qui n'ont pas réussi à mettre la résolution 2254 au cœur des pourparlers de Genève ». « Mais le processus de Genève, si inefficace qu'il ait été, est plus crédible, et a plus de chances d'avancer que celui de Sotchi », avance cette source.

Le report de la conférence de dialogue national à début décembre pourrait toutefois jouer en la faveur de Moscou. Le bon – ou mauvais – déroulement de cette conférence pourrait dépendre de celui des rencontres la précédant à Riyad et à Genève. La Russie tente de transformer ses succès militaires en succès diplomatiques et politiques, et de voler la vedette aux négociations de Genève qui n'ont pas réellement fait leurs preuves jusque-là, toujours selon la même source diplomatique, pour qui les Russes « sont dans une logique de substitution à Sotchi ».

 

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commentaires (1)

LES ACQUIS MILITAIRES N,ONT PAS DECIDE DE LA VICTOIRE C,EST L,ECONOMIE ET LA POLITIQUE QUI EN DECIDERONT ! MAIS LE CHEMIN EST LONG ENCORE...

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 37, le 18 novembre 2017

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Commentaires (1)

  • LES ACQUIS MILITAIRES N,ONT PAS DECIDE DE LA VICTOIRE C,EST L,ECONOMIE ET LA POLITIQUE QUI EN DECIDERONT ! MAIS LE CHEMIN EST LONG ENCORE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 37, le 18 novembre 2017

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