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Économie - Conjoncture

Les Libanais dépensent moins pour leurs mariages

Face aux difficultés économiques, les Libanais rognent sur leurs dépenses, normalement fastueuses, le jour de leurs noces.

Un mariage à Chtaura organisé en novembre 2016 par Spectacle Events. Photo Daylight Photography

Au vu des chiffres des derniers Salons du mariage beyrouthins, l'intérêt des Libanais pour l'organisation de leurs noces ne se dément pas. Selon Nabil Baz, directeur général de Promofair, qui a organisé le Salon « Wedding Folies » (9-12 novembre), environ 17 000 personnes se sont pressées au BIEL. Et ce malgré les tensions politiques qui ont suivi la démission du Premier ministre Saad Hariri le 4 novembre depuis l'Arabie saoudite. « Contrairement à l'année dernière, nous avons organisé de nombreux événements pour attirer les visiteurs, comme des défilés ou un concours de gâteaux de mariage », indique Nabil Baz.
Un autre Salon, le « Royal Wedding Fair », s'est tenu quelques jours plus tôt (27-31 octobre). Selon Anthony Samaan, le directeur marketing du Salon, une intense campagne marketing – estimée à plus de 200 000 dollars d'après la brochure du Salon – a permis d'attirer deux fois plus de visiteurs que l'année dernière.

 

Budgets plus serrés
Si les Libanais sont mieux informés sur leurs choix, ils sont également plus regardants sur leurs dépenses. Une tendance qu'a remarquée le fleuriste Maroun Abou Khair, copropriétaire de Masaha, qui a participé à Wedding Folies. « Nos clients dépensent entre 8 000 et 12 000 dollars en fleurs, alors qu'ils investissaient entre 25 000 et 30 000 dollars il y a quelques années. » Une part non négligeable du budget total d'un mariage, qui atteint en moyenne 50 000 dollars pour environ 200 invités. Les couples sont aussi plus attentifs à leur liste d'invités, qui est passé de plus de 500 personnes il y a quelques années à 200 en moyenne aujourd'hui, ajoute Maroun Abou Khair.

« Les mariés n'ont plus de budget (conséquent) pour les fleurs, le divertissement en soirée ou la "zaffé" », renchérit Ayoub Sabbagh, un professionnel de cette parade traditionnelle musicale qui annonce le début du mariage. L'activité de son entreprise, Afrah Group, est en baisse depuis quatre ans. Son carnet de commandes, fort de plus de 500 clients en temps normal pour des services facturés à 1 500 dollars au minimum pour 12 danseurs et un DJ, a diminué progressivement depuis plusieurs années pour s'établir à environ 300 clients en 2017.

Ce ralentissement s'explique par « la situation économique catastrophique », souligne Maroun Abou Khair. Un indicateur de l'activité privée, l'indice PMI (Purchasing Managers Index), publié par la BlomInvest avec Markit, a atteint début novembre son plus bas niveau en un an, à 45,8 points. De nombreux professionnels font le lien entre le début de la crise syrienne en 2011 et les difficultés économiques libanaises.

 

(Pour mémoire : Le dimanche à Bkerké, c'est jour de (grand) mariage : les images)

 

Prix en baisse de 20 %
Pour tenter de continuer à attirer les clients, les professionnels du mariage revoient leurs offres à la baisse. « Les prix ont diminué en moyenne de 20 % ces dernières années du côté des fournisseurs », assure Maria Boustany, responsable des relations publiques au Château Rweiss (Kesrouan). Une mauvaise stratégie, selon elle. « Ce sera très difficile pour eux de retrouver leurs prix d'avant la crise. Il faudrait plutôt se distinguer au niveau de la qualité du service client. »

Certains domaines spécialisés dans les mariages tentent cependant de se distinguer tant au niveau des prix que des services. À Tanit (Nahr el-Kalb), un mariage réservé un an à l'avance bénéficie de tarifs réduits, tandis que la propriétaire Marianne Klat multiplie les événements pour se faire connaître. « La compétition est forte entre les hôtels, les plages, les clubs privés, les maisons personnelles... Nous essayons de nous différencier dans notre service client, en assurant la présence lors du mariage du propriétaire du lieu, du gérant et des assistants. »

Dans ce contexte, rares sont les mariés qui peuvent se payer les services d'organisateurs, selon Omar Elmais, de Spectacle Events, aux services variés (organisation, restauration, décoration de mariage). « C'est très cher, donc la majorité des Libanais louent les services d'un professionnel seulement pour les quelques jours qui précèdent les noces, ce qui coûte entre 500 et 2 500 dollars. »
Ceux qui réussissent à tirer leur épingle du jeu travaillent pour une clientèle haut de gamme, comme Ahmad Sabra, coiffeur à Chtaura, qui assure que son activité cette année a augmenté de 40 % par rapport à 2016, année au cours de laquelle il a coiffé 170 mariées. « Mes services de beauté – qui incluent le maquillage et le soin pour le corps – coûtent entre 800 et 1 400 dollars, alors que la moyenne oscille autour de 500 dollars. »

Ce sont cependant les mariages de luxe de plusieurs centaines de milliers de dollars qui résistent le mieux à la conjoncture. La saison a été « très bonne », selon Asma Andraos, de l'agence événementielle Stree, spécialisée dans ce segment. « Nos clients font des affaires à l'étranger, mais continueront à se marier au Liban, avec leur famille. » Selon Nabil Baz, un mariage à 16 millions de dollars a eu lieu cet été au BIEL.

Reste que la démission surprise de M. Hariri a déjà fait fuir quelques-uns des clients les plus fortunés du Golfe, qui avaient esquissé un timide retour au Liban cet été. À Château Rweiss, deux familles saoudiennes ont annulé des mariages prévus en février et avril 2018 dès le lundi qui a suivi la démission du Premier ministre. Selon Maria Boustany, un projet de promotion du pays du Cèdre comme destination de mariage était en négociation avec le ministre du Tourisme libanais la semaine précédant la démission de Saad Hariri. Au vu des circonstances actuelles, difficile de savoir s'il pourra aboutir.

 

Pour mémoire

Mariage nouvelle vague à Jounieh

Au vu des chiffres des derniers Salons du mariage beyrouthins, l'intérêt des Libanais pour l'organisation de leurs noces ne se dément pas. Selon Nabil Baz, directeur général de Promofair, qui a organisé le Salon « Wedding Folies » (9-12 novembre), environ 17 000 personnes se sont pressées au BIEL. Et ce malgré les tensions politiques qui ont suivi la démission du Premier ministre...

commentaires (4)

Avec ces faramineuses les mariés doivent recevoir une assurance anti-divorce et autres inconvénients!!?

Wlek Sanferlou

00 h 58, le 15 novembre 2017

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Commentaires (4)

  • Avec ces faramineuses les mariés doivent recevoir une assurance anti-divorce et autres inconvénients!!?

    Wlek Sanferlou

    00 h 58, le 15 novembre 2017

  • Lequel d'un mariage a 500,000 dollars ou d'un autre a quelques milliers ou moins procure une vie matrimoniale plus heureuse ... ?

    Remy Martin

    16 h 48, le 14 novembre 2017

  • CE QU,ON PEUT ENCORE TIRER AVANT DE COMPLETEMENT VIDER LES POCHES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 44, le 14 novembre 2017

  • Que les mariés utilisent cet argent pour s'installer dans leur nouvelle vie, s'acheter une maison! A quoi bon dépenser des sommes folles pour une journée que les mariés, étourdis et épuisés par tous les préparatifs de la fête, vivront sans en garder un souvenir particulier (heureusement qu'il y a les photos/vidéos) que tous les invités oublieront vite s'ils ne la critiquent pas...

    NAUFAL SORAYA

    08 h 34, le 14 novembre 2017

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