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Liban - Polémique

Des Arabes israéliens chrétiens viennent régulièrement au Liban faire du tourisme religieux

Révélée hier par le « Haaretz », l'information a été confirmée à Beyrouth.

Notre-Dame du Liban à Harissa fait partie du périple proposé aux touristes israéliens, selon le « Haaretz ». Photo Serge Melki/Creative Commons

Après l'annonce hier, par le quotidien israélien Haaretz, de la venue régulière au Liban de touristes (arabes) israéliens de confession chrétienne dans le cadre d'un tourisme religieux organisé, L'Orient-Le Jour a cherché à en savoir plus. Mais le sujet est sensible. Confirmant cette information, une haute autorité de l'Église maronite estime que « ces visiteurs sont des pèlerins comme les autres qui sont accueillis par l'Église lorsqu'ils viennent au Liban ». Elle refuse toutefois d'en dire plus sur l'organisation de ces voyages, sur le nombre annuel de voyageurs en provenance d'Israël ainsi que sur la légalité d'un tel processus. « Tout ce que nous savons, c'est qu'ils viennent accompagnés d'un prêtre qui organise pour eux la visite des sites religieux chrétiens », précise-t-elle, se faisant discrète sur l'identité de l'organisateur.
Selon le quotidien israélien, ces voyages sont organisés dans les moindres détails par des hommes d'Église de la région de Galilée.

Pour rendre ce voyage possible, les pèlerins transitent par la Jordanie, avec laquelle Israël a signé un accord de paix et dont ils franchissent la frontière avec leur passeport israélien, explique le Haaretz. De Amman, les touristes se rendent ensuite au Liban, munis alors d'un passeport palestinien émis spécialement pour l'occasion et décrit par un responsable comme « une carte d'accès temporaire et valide pour une seule visite ».

Interrogé par L'Orient-Le Jour, l'ambassadeur palestinien au Liban, Achraf Dabbour, affirme que l'organisation de ces voyages se fait « en coordination avec le patriarcat ». « Nous devons les considérer comme étant des touristes arabes, car ce sont des Arabes de Palestine qui viennent au Liban pour entreprendre un tourisme religieux », souligne-t-il. Et d'insister sur la nécessité absolue que ces « ressortissants arabes maintiennent le contact avec leur environnement régional arabe ».
« Les touristes israéliens visitent des sites sur la totalité du territoire libanais, précise le Haaretz. Ils vont notamment à Beyrouth, se rendent à Notre-Dame du Liban à Harissa, au village de Annaya où se trouve le sanctuaire de Saint-Charbel dans les montagnes surplombant Byblos, visitent le village de Maghdouché proche de Saïda, et se rendent aussi à Baalbeck, Zahlé et dans de nombreux sites de la vallée de la Békaa. » « Il s'agit d'une semaine très chargée de visites spirituelles, confie un participant au journal israélien. Nous n'allons pas au Liban pour discuter de politique, mais pour prier et profiter des paysages libanais qui sont à couper le souffle. » Tout compris, cette semaine coûte près de 1 800 dollars par personne, note le Haaretz, qui souligne que pour ceux qui ont fait ce voyage, le prix paraît raisonnable car il s'agit d'une opportunité unique.

Selon le quotidien israélien, « des centaines de pèlerins israéliens de confession chrétienne » sont ainsi entrés au Liban au cours de l'année écoulée pour y passer une semaine, en toute discrétion. Il ne s'agit pas « d'infiltration ou d'excursions clandestines, mais de voyages suivant une procédure très méthodique », explique au média israélien un des organisateurs qui assimile ces pèlerinages à ceux des musulmans à La Mecque et à Médine. « Nous faisons profil bas en raison du caractère très sensible de la situation entre Israël et le Liban. » Toujours selon le Haaretz, « toutes les étapes du voyage sont encadrées et les voyageurs n'ont pas l'autorisation de visiter d'autres endroits sans que l'organisateur ne soit tenu au courant ».

 

(Pour mémoire : "Les lois régissant les contacts entre Libanais et Israéliens sont problématiques à plusieurs niveaux")

 

Pas d'accord avec Israël
Les interactions entre les ressortissants des deux pays suscitent régulièrement des polémiques. La loi libanaise interdit tout contact avec l'État hébreu et les Libanais qui se rendent en Israël sont passibles d'une condamnation pour haute trahison, même si des autorisations exceptionnelles peuvent toutefois être accordées.

Le Haaretz soutient que toute l'organisation de ces voyages est « basée sur un accord tacite impliquant le Liban, Israël, l'Autorité palestinienne et la Jordanie ». « Israël autorise les groupes à partir pour la Jordanie et en revenir (...) sans les interroger sur ce qu'il s'est passé lors de leur séjour à Amman. La Jordanie les laisse partir pour Beyrouth avec des passeports palestiniens et le Liban accueille les pèlerins », indique au quotidien un prêtre ayant accompli ce voyage. « Il y a clairement un accord multilatéral, poursuit-il. Le fait que tout cela se passe sans aucun accroc et que personne n'ait jamais été interrogé, ou arrêté à aucun niveau, en est la preuve. »

Interrogée sur ce point par L'OLJ, la Sûreté générale réfute formellement cette hypothèse. « Il ne peut y avoir d'accord avec Israël sur aucun point », martèle une source autorisée au sein de la SG. Priée de commenter l'information publiée par le Haaretz, l'institution se refusait toutefois hier à tout commentaire officiel.

 

Pour mémoire
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