Tout a commencé avec un article et un quiproquo.
L'article est celui publié par Forbes le 22 octobre dernier, listant les huit destinations qui séduisent les voyageurs américains. En tête de liste des destinations prisées des Américains, dont le pourcentage de croissance est le plus élevé, se trouve Beyrouth... talonnée par Tel Aviv.
"Appelée le +Paris du Moyen-Orient+, Beyrouth est l'un des endroits les plus anciennement habité au monde (depuis plus de 5 000 ans", note l'auteur de l'article, avant d'évoquer l'architecture de la ville, aux multiples influences, et la richesse de sa cuisine. Beyrouth attire "de plus en plus l'attention des passionnés d'histoire et de gastronomie", lit-on encore. Tel Aviv, de son côté, est décrite comme une ville "moderne, vibrante et cosmopolite". L'auteur de l'article évoque également les bâtiments de style Bauhaus, classés au patrimoine mondial de l'Unesco, les plages, les galeries d'art et "les restaurants de houmous locaux". "La scène gay est la meilleure au Moyen-Orient", est-il ajouté.
Le quiproquo, lui, est né après un tweet du site libanais, Beirut.com, demandant à être sorti de cette histoire.
Can we be excluded from this narrative? https://t.co/DDNTxQVbpD
— Beirut.com (@BeirutCityGuide) October 27, 2017
Beirut.com répondait là à un tweet d'un Israélien, Marc Leibowitz, qui avait tagué son compte Twitter dans un message relatif à l'article de Forbes. Avec son tweet, Beirut.com demandait donc à ne pas être associé, en tant que site, à l'article de Forbes. Le message a, toutefois, été compris comme une demande de retrait de Beyrouth de la liste établie par Forbes.
Il n'en fallait pas plus pour provoquer une réplique. Elle est venue sur Twitter, également, à travers un compte satirique (créé en septembre 2016) baptisé @TheMossadIL, en référence aux services de renseignements israélien. C'est à partir de ce compte qu'a été lancé le hashtag (mot-clé) #TelAvivLovesBeirut (Tel Aviv aime Beyrouth).
Agents! Your mission is to hashtag #TelAvivLovesBeirut https://t.co/5WoLi30dN6
— The Mossad (@TheMossadIL) October 27, 2017
S'en suivent toute une série de message d'amour à l'intention de Beyrouth, certains internautes assurant vouloir visiter Beyrouth, d'autres enchaînant les coeurs. Un twittos republie aussi un selfie qui avait fait polémique en 2015 lorsque Doron Matalon, candidate israélienne au titre de Miss Univers, avait posté une photo d'elle en compagnie de Sally Greige, la Miss Liban à l'époque.
#TelAvivLovesBeirut pic.twitter.com/qWjgYm8Cup
— The Mossad (@TheMossadIL) October 28, 2017
Mais à Beyrouth, ces "messages d'amour" passent mal, alors que le Liban et Israël ont une longue histoire de violences; que la dernière guerre, celle de 2006, entre Israël et le Hezbollah, a fait plus de 1200 morts, essentiellement des civils libanais, et causé des dégâts matériels colossaux ; et que, pour ne parler que de ces dernières semaines, les responsables israéliens multiplient les messages menaçant le Liban de destruction. "La prochaine fois, nous n'épargnerons pas le Liban", lançait ainsi, pour ne citer que lui, il y a quelques jours le ministre de l'Éducation, Naftali Bennett.
Israël viole en outre régulièrement la souveraineté libanaise. A la mi-octobre, l'aviation israélienne avait ainsi été la cible de tirs syriens, alors que les appareils se trouvaient dans l'espace aérien libanais.
Dans ce contexte, la réponse des Libanais aux "messages d'amour" israéliens est quelque peu grinçante.
#TelAvivLovesBeirut
— Céline (@LivingCliche) October 29, 2017
Imma just leave this here pic.twitter.com/K99V7BXpRi
#TelAvivLovesBeirut
— Jad Mansour (@jadmansour) October 29, 2017
But Tel Aviv doesn't love peace, humanity, and human rights.
Tel Aviv loves occupation, terrorism, massacres, child abuse, building settlements, and not abiding by internation law.
Therefore, fuck you Tel Aviv and I assure you the love will never be mutual!
"Mais Tel Aviv n'aime pas la paix, l'humanité, les droits de l'Homme. Tel Aviv aime l'occupation, le terrorisme, les massacre, les abus contre les enfants, la construction de colonies, et le non respect du droit international".
#TelAvivLovesBeirut
— Hassan Mhaidly (@HassanMhaidly) October 29, 2017
Beirut: pic.twitter.com/RJbPZ2rPIA
Tel Aviv loves Beirut. What's worse than a friendzone?
— Nadyne (@Nadyne_ND) October 29, 2017
The enemyzone!! pic.twitter.com/sTy1BLm5Ht
Une des journalistes du magazine Forbes, basée à Beyrouth, y est également allée de son message en forme d'explication de texte :
Saying that #TelAvivLovesBeirut bc Israelis don't mind being included in a @forbes travel list with Leb is a trite erasure of politics.
— Alexandra Talty (@taltywrites) October 28, 2017
Réalisant que son tweet avait provoqué tout ce déferlement, Beirut.com a posté ceci :
Since we unintentionally started this whole thing #TelAvivLovesBeirut
— Beirut.com (@BeirutCityGuide) October 29, 2017
Beirut: pic.twitter.com/kBh11w51SI
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L'article est celui publié par Forbes le 22 octobre dernier, listant les huit destinations qui séduisent les voyageurs américains. En tête de liste des destinations prisées des Américains, dont le pourcentage de croissance est le plus élevé, se trouve Beyrouth... talonnée par Tel Aviv.
"Appelée le +Paris du Moyen-Orient+,...
commentaires (4)
Je t'aime. Moi non plus. Il faudrait demander aux israéliens, spécialement les politiques leurs définition de l'amour. Le souci c'est qu'une proposition de paix juste émanant de la conférence de Beyrouth de la ligue arabe est toujours sur la table. La balle est dans le camp Israélien. Le souci c'est que depuis ce temps, Israël nous tire dessus sans épargner personne ni femme ni enfant ni vieillard. Demandez donc à ceux qui aiment Beyrouth s'ils sont près à se retirer des territoires libanais occupés et de Jérusalem Est et du Golan pour enfin vivre en paix durable dans cette région ?
Alexandre Hage
08 h 07, le 31 octobre 2017