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Campus - RÉSEAU INTERUNIVERSITAIRE

Avec Mada, la génération de l’après-guerre s’apprête à tenir les rênes

Fondé par le club laïc de l'USJ et le club laïc de l'AUB, Mada se veut avant tout une plateforme politique qui dépasse les frontières des universités.

Dernières élections à l’AUB. Remporter des sièges, lors des élections dans les universités, constitue la première étape dans la stratégie de Mada.

Depuis sa création récente, un réseau interuniversitaire commence à s'affirmer aujourd'hui. Fondé par le club laïc de l'USJ et le club laïc de l'AUB, Mada se veut avant tout une plateforme politique qui dépasse les frontières des universités. Son objectif : revendiquer les droits fondamentaux de toute personne vivant au Liban, en général, et ceux des jeunes, en particulier. Alors que son lancement officiel est prévu pour début novembre, le réseau Mada, fort de ses deux cents membres, accumule déjà neuf ans d'expérience. En effet, les deux clubs, opérant sur leurs campus respectifs depuis des années, ont uni leurs efforts et leurs expertises en vue de fonder Mada. « On s'est rendu compte que nos opinions politiques se précisaient un peu plus et qu'on pouvait constituer un courant valide d'idées qui peut rivaliser avec les idées des autres », affirme Rim Zargouni, présidente du club laïc de l'USJ. « Nous avons fondé Mada afin d'avoir un espace où nous canaliserons nos forces, nos énergies et nos ressources, à partir de nos campus, et afin de nous faire entendre en dehors ! » souligne, avec enthousiasme, Nadine Barakat, présidente du club laïc de l'AUB.

Portant l'étendard de la démocratie, de la laïcité et de la justice sociale, ces jeunes de l'après-guerre se sont fixé comme buts de sensibiliser les jeunes, de les politiser et de s'élargir aux autres universités, à Beyrouth, mais aussi dans toutes les régions libanaises. Il s'agit alors, pour chaque groupe universitaire, de fonder un club et de se joindre au réseau Mada. Celui-ci accueille aussi, dans les groupes de travail, les jeunes qui ne sont pas dans des universités. « Le but ultime est de leur offrir une plateforme pour que leurs voix soient entendues au niveau du gouvernement », souligne Nadine. Mais également, pour « qu'ils réclament leurs droits et fassent de la politique, sans nécessairement passer par les canaux traditionnels des partis », ajoute Rim.

 

Feuille de route politique
Déterminés, les membres de Mada revendiquent, farouchement, leur droit d'exister sur la scène politique. « On n'arrive pas à sentir que la politique nous concerne en tant que génération. Car on ne se sent pas représenté. Toute personne élue a plus de 40 ans et ne prend pas des décisions qui nous concernent », explique Rim Zargouni, qui entame sa 3e année en droit et sciences politiques à l'USJ. « On essaie de s'opposer à l'hégémonie des leaders qui existent déjà », enchaîne Nadine Barakat.

Ces bénévoles engagés refusent, désormais, qu'on les prenne pour des rêveurs, qu'on les réduise au silence ou que leurs revendications ne soient pas entendues par cette génération au pouvoir. « Nous sommes des jeunes qui comprennent la politique, et nous possédons le droit d'avoir une voix et notre mot à dire ! » explique Nadine Barakat. Non seulement passionnés, ils savent aussi exactement ce qu'ils veulent, et comment atteindre leurs objectifs. « Nous pouvons distinguer entre un rêve, un espoir, une passion, d'un côté, et, de l'autre, ce que nous pouvons réellement achever maintenant », ajoute cette étudiante de 3e année en littérature anglaise à l'AUB. Tout en gardant les pieds sur terre, réalistes, bien organisés et méthodiques, ils ont élaboré une stratégie constructive et positive, ainsi qu'une feuille de route politique qui exprime leurs revendications.

Celles-ci sont, par ailleurs, assez pragmatiques, et relèvent de plusieurs domaines : les libertés publiques, le logement des étudiants, les scolarités dans les universités privées, le travail syndical dans les universités, les élections estudiantines, les droits des femmes, la protection de l'environnement, la réforme du code pénal, les services publics en général dont l'hôpital et l'éducation publics, le transport en commun, les espaces publics, la bibliothèque nationale et l'Office national de l'emploi, entre autres.

 

« Le devoir de penser sur le long terme »
Afin d'atteindre ces revendications, la stratégie de Mada consiste à effectuer un lobbying législatif, des campagnes de sensibilisation et des mouvements de rue. Les élections estudiantines sont aussi un moyen indirect à travers lesquelles « nous pouvons montrer au pays que nous avons une voix. Ainsi, nos représentants gagneront en légitimité », estime Rim Zargouni, qui assure que Mada peut constituer une sorte de groupe de pression. D'ailleurs, les clubs laïcs de ces universités bénéficient d'un succès grandissant auprès des étudiants, remarqué notamment lors des élections estudiantines universitaires.

Ces élections, par ailleurs, constituent la première phase de travail du réseau. Procédant par étapes, ces jeunes envisagent, avec assurance, leurs futures actions. « Mada signifie vision. En d'autres termes, c'est le champ maximal que l'œil arrive à couvrir. Et nous, c'est pareil, nous voulons regarder plus loin, prendre notre temps et aller le plus loin possible », note Patrick Azrak, 3e année en sciences politiques et vice-président du club laïc de l'USJ. Et Rim Zargouni de confirmer : « Nous avons le devoir de penser sur le long terme en tant que génération. Les personnes au pouvoir prennent des mesures à très court terme, alors que nous, on est la génération qui va rester là pour 40 ans de plus ! Donc on doit penser à beaucoup plus loin que les petits gains à court terme. » Le changement, ces jeunes y croient dur comme fer. Leur volonté inébranlable, leur confiance en leurs capacités semblent leur préparer la voie qu'eux seuls dessineront.

 

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