Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, en visite depuis jeudi dernier à Rome, est revenu sur ses relations avec le Hezbollah et la situation en Syrie dans un entretien publié lundi par le quotidien italien La Repubblica. Il souligne avoir décidé "de mettre de côté" ses différends avec le Hezbollah, mais estime qu'il n'est "pas possible" que le président syrien Bachar el-Assad reste au pouvoir. Il déclare en outre que l'ingérence dans les affaires intérieures arabes est "inacceptable" et que l'Iran devrait jouer "un rôle positif" et ne pas contribuer à la "déstabilisation" de la région.
Lorsque le journaliste demande à M. Hariri comment fait-il pour "gouverner avec le Hezbollah, qui est aussi considéré comme l'un des responsables de l'assassinat" de son père, l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, il répond : "Cela peut être possible d'une seule manière : le Premier ministre pense à l'intérêt du Liban et œuvre à trouver la formule appropriée pour une entente qui permet de gérer les problèmes du pays". Quant à "Saad Hariri, fils de Rafic Hariri, (il) fait confiance au Tribunal spécial pour le Liban" chargé d'enquêter sur cet assassinat, ajoute-t-il.
Au journaliste qui souligne que la façon de voir les choses du Hezbollah est très différente de la sienne, M. Hariri répond : "Nous avons décidé de mettre de côté nos différends et de travailler ensemble sur les grandes ou les petites choses qui peuvent servir le Liban".
C'est la Russie qui a sauvé Assad
Interrogé sur la guerre en Syrie et sur le sort du président syrien Bachar el-Assad, M. Hariri estime qu'"à la fin de la crise syrienne, le problème Assad demeurera". "Il ne pourra pas rester président du peuple qu'il a ordonné de tuer, ajoute le Premier ministre libanais. La plus grande erreur serait de laisser Assad au pouvoir, ce n'est pas possible, nous pouvons penser à une période de transition ou à d'autres solutions, mais il doit partir".
Selon M. Hariri, "c'est la Russie qui a sauvé (Assad)". "L'Iran a mobilisé ses forces pour lui et combat avec ses soldats, mais le succès est celui de la Russie, une superpuissance mondiale", ajoute-t-il. Et de poursuivre : "La Russie cherche maintenant une solution politique (...). Les intérêts de la Russie en Syrie seront ceux de Moscou et non de Téhéran".
"J'ai rencontré le président (russe Vladimir) Poutine et il est personnellement attaché à la stabilité dans notre région, ajoute M. Hariri. Les mots de Poutine ont tout leur poids en ce qui a trait à la Syrie, l'Iran et la région, et à mon avis, en ce moment, une position arabe unifiée peut jouer un rôle décisif".
Interrogé enfin sur les répercussions qu'aura la décision du président américain, Donald Trump, de décertifier l'accord nucléaire avec l'Iran sur le Liban et le reste de la région. M. Hariri répond : "Nous voulons de bonnes relations avec tous les pays de la région. Nous espérons que ce conflit n'aura pas de répercussions négatives sur notre pays. Mais je peux aussi dire que l'ingérence dans les affaires intérieures des pays arabes est absolument inacceptable. L'Iran devrait jouer un rôle positif et contribuer au développement de l'économie, à la sécurité, et non à la déstabilisation. "
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commentaires (5)
Il n'a pas le choix, sinon il ne restera pas à son poste, belles paroles dans un intérêt individuel. Il est coincé entre M.Aoun et le Hezbollah
FAKHOURI
08 h 25, le 17 octobre 2017