Le ton monte entre les États-Unis et l'Arabie saoudite d'une part, et l'Iran, d'autre part. Cela signifie-t-il qu'un conflit est inéluctable dans la région? Selon un observateur, l'escalade n'est pas à écarter et elle pourrait être l'œuvre de n'importe quelle partie.
De récentes informations font état d'une nouvelle tendance à isoler l'Iran de la part des États-Unis et de l'Arabie saoudite, par le biais d'attaques contre la garde révolutionnaire et le Hezbollah. Ainsi, des observateurs pensent qu'après la campagne réussie contre le groupe État islamique (EI), la priorité est désormais de viser le Hezbollah et, à travers lui, l'influence iranienne. Il est possible d'affirmer que la région entre désormais dans une nouvelle ère et que le Liban en fait partie puisque le Hezbollah est une composante essentielle de son paysage politique, tout en étant visé parce que considéré comme fer de lance de la politique iranienne. Dans ce cadre, les sanctions américaines contre le Hezbollah sont la traduction pratique de cette politique.
À la lumière de ces développements, des hommes politiques se posent des questions sur l'attitude que prendra le Hezb et s'il a intérêt à provoquer lui-même un conflit avec Israël, qui est le véritable instigateur de la campagne occidentale contre l'Iran et contre lui. Le récent sommet russo-saoudien aurait discuté de cette question et il semble que l'Arabie saoudite ait réussi à obtenir une neutralité de la Russie, jusque-là alliée du régime syrien et de l'Iran dans la guerre syrienne, dans le cadre d'un éventuel futur conflit.
La région serait donc dans un état d'effervescence qui ressemble à celui qui régnait au lendemain des attaques du 11 septembre 2001 sur New York et Washington. Contrairement à l'administration de Barack Obama, celle de Donald Trump se dirige sans ambiguïté vers un affrontement avec l'Iran : elle chercherait ainsi à réaliser des objectifs ambitieux au Moyen-Orient, en trouvant un compromis dans la crise syrienne, en limitant l'influence iranienne par le biais de l'élimination de ses bras armés et en mettant un terme au conflit israélo-palestinien. C'est dans ce cadre que cette administration a chargé l'Égypte de contenir le mouvement palestinien Hamas et de retirer cette carte des mains de l'Iran.
Le Hezbollah, pour sa part, ne peut pas se retirer des scènes régionales où il participe activement à des guerres, étant donné qu'il exécute un agenda iranien. Voilà pourquoi il aspire surtout à calmer le jeu sur la scène interne et à préserver la stabilité du pays en tendant la main à ses adversaires politiques, notamment le Premier ministre Saad Hariri. Le parti défend régulièrement le gouvernement face à ceux qui réclament son départ, tout en appelant inlassablement au dialogue. Le Hezb voudrait, à travers les positions affichées par son secrétaire général Hassan Nasrallah, préserver le compromis politique ayant conduit à l'élection présidentielle et prévenir autant que possible une implication des hommes politiques du 14 Mars dans le retour en force de l'Arabie saoudite sur la scène libanaise, dirigé principalement contre lui. C'est ce qui explique que les rencontres politiques récentes aient porté sur le renforcement de l'unité interne et de l'attitude de distanciation par rapport aux conflits régionaux, surtout que le Hezb s'attend à être visé dans la période à venir.
Toutefois, le ton des déclarations hostiles de la part de responsables israéliens, iraniens et du Hezbollah poussent les politiciens locaux à se poser des questions : quelle peut être l'attitude du Hezbollah face aux sanctions qui le viseront, ainsi que la garde révolutionnaire iranienne ? Un diplomate souligne que la région entre dans une nouvelle ère où les règles ont changé, se demandant quel serait le sort du Liban si l'Iran décidait de l'utiliser comme carte d'échange en y provoquant une guerre, à moins que les menaces de guerre ne suffisent comme carte de pression.
Un homme politique du 14 Mars pense que l'Iran n'a pas intérêt à provoquer un nouveau conflit, surtout qu'Israël s'est montré prêt à la guerre en organisant, notamment, des manœuvres militaires aux frontières, et qu'il a d'ores et déjà fait assumer au gouvernement libanais toute provocation au Sud. Pour lui, l'axe de la Résistance a tout intérêt à refuser de se laisser entraîner dans un nouveau conflit au Sud, probablement voulu par Israël pour détourner l'attention des pressions américaines en faveur d'une solution des deux États avec les Palestiniens. Il y aurait aussi des pressions américaines et européennes en vue d'éviter un nouveau front au Liban.
Enfin, selon un expert militaire, l'ouverture d'un nouveau front serait synonyme de suicide pour le Hezb : celui-ci préfère garder son escalade purement verbale, notamment en raison de la situation de crise en Syrie.
Lire aussi
Pyongyang accuse Trump d'avoir "allumé la mèche de la guerre"
Avec Trump, les États-Unis risquent « la 3e guerre mondiale »
Le ton monte entre Riyad et le Hezbollah : la guerre par procuration reprend de plus belle
De récentes informations font état d'une nouvelle tendance à isoler l'Iran de la part des États-Unis et de l'Arabie...
commentaires (4)
" Je ne me soucie pas du futur si je suis maître du présent. " Cicéron
FAKHOURI
17 h 50, le 12 octobre 2017