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À La Une - Allemagne

Scrutin test pour Merkel avant sa quête d'une majorité

Dans les derniers sondages, la CDU est légèrement distancée par le SPD. L'AfD devrait entrer dans un 14e parlement régional, moins d'un mois après son entrée historique à la chambre des députés allemands.

Une électrice votant à Hanovre, en Allemagne, le 15 octobre 2017. REUTERS/Fabian Bimmer

Sortie victorieuse mais affaiblie des législatives allemandes de septembre, Angela Merkel affronte de nouveau la loi des urnes dimanche lors d'une élection régionale dans le nord du pays en forme de test avant de délicates négociations pour former un gouvernement.

Quelque 6,1 million d'électeurs sont appelés à élire leur nouveau parlement régional en Basse-Saxe depuis 08H00 (06H00 GMT) lors d'un scrutin anticipé. Dès la fermeture des bureaux de vote à 18H00 (16H00 GMT), de premières estimations seront publiées par les télévisions publiques ZDF et ARD. A la mi-journée, la participation était de 26,9%, soit près de quatre point de plus qu'en 2013.

"La course sera serrée", a admis la chancelière de 63 ans lors d'un dernier meeting vendredi soir en Basse-Saxe. Dans les derniers sondages, son Union chrétienne-démocrate (CDU) est légèrement distancée par le grand rival social-démocrate (SPD). L'extrême droite (AfD) devrait, elle, entrer dimanche dans un 14e parlement régional, moins d'un mois après son entrée historique à la chambre des députés allemands.

Avant les législatives du 24 septembre, la CDU était confiante de pouvoir ravir aux sociaux-démocrates et aux Verts cette région qui abrite aussi le siège de Volkswagen, géant mondial de l'automobile discrédité par un scandale de moteurs diesel truqués.

Car le gouvernement de centre-gauche avait été contraint au scrutin de ce dimanche après qu'une élue écologiste eut trahi les siens pour rejoindre les chrétiens-démocrates. Et longtemps, ces derniers ont largement mené dans les intentions de vote.

Le dirigeant du SPD Martin Schulz se prend donc à espérer, lui qui a cruellement besoin d'un succès après trois défaites lors de régionales cette année et une débâcle aux législatives. "Une cinquième défaite électorale sous la direction de Schulz et ça devrait se compliquer pour lui", résume le Spiegel.

 

(Pour mémoire : "Dégage!" : Angela Merkel, cible de "citoyens en colère")

 

Mauvais signal
Pour Mme Merkel, une victoire en Basse-Saxe permettrait d'aborder avec plus d'assurance les discussions qui s'annoncent longues et compliquées pour former sa nouvelle majorité gouvernementale, avec les libéraux du FDP et les écologistes. A l'inverse, une défaite "serait un mauvais signal pour les négociations qui commencent au milieu de la semaine prochaine. La CDU n'arriverait pas renforcée pour son poker avec le FDP et les Verts", relève le quotidien populaire Bild.

Celle qui dirige la première économie européenne depuis douze ans va devoir trouver un terrain d'entente entre des partenaires aux opinions parfois diamétralement opposées, faute de quoi de nouvelles élections devront être organisées. En cas de réussite, l'Allemagne sera gouvernée pour la première fois par une coalition composée de la CDU avec son allié bavarois CSU, le FDP et les Verts. Une constellation dite "Jamaïque" en raison des couleurs symbolisant ces partis (noir, jaune, vert), qui sont les mêmes que celles du drapeau jamaïcain.

Les points d'achoppement sont nombreux, à commencer par la politique migratoire, sujet brûlant dans le pays qui a accueilli plus d'un million de réfugiés depuis 2015. La CSU veut nettement durcir la politique d'accueil dans l'espoir de regagner ses électeurs qui ont voté pour l'AfD. Elle pourrait trouver sur ce point un allié en Christian Lindner, le jeune leader des Libéraux.

 

(Lire aussi : Vers une « coalition Jamaïque » pour Merkel ?) 

 

Sceptique
Les écologistes se montrent, eux, nettement plus ouverts en termes d'immigration, et ont rejeté l'objectif fixé des conservateurs de ne pas faire entrer plus de 200.000 demandeurs d'asile par an. Les Verts sont aussi partisans d'une "solidarité" européenne, tandis que le FDP refuse toute réforme de l'UE qui coûterait aux contribuables allemands.

"Je suis très sceptique" sur les chances d'une telle coalition, estime dès lors Oskar Niedermayer, politologue à l'Université libre de Berlin. Le chef du FDP aussi : "Arrivera-t-on à former une plateforme commune pour quatre ans ? Je ne donne aucune garantie qu'on y arrive", a-t-il assuré à un journal régional cette semaine.

Et tous les acteurs rechignent à faire des concessions, relève M. Niedermayer : les Verts pour ménager leur base, le FDP car il a été laminé après avoir gouverné avec Merkel (2009-2013), et la CSU parce que la Bavière élit son parlement l'an prochain.

 

 

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