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Moyen Orient et Monde - Allemagne

Vers une « coalition Jamaïque » pour Merkel ?

Martin Schulz, le leader du SPD, a exclu une coalition avec Angela Merkel. AFP/Michèle Tantussi

Alors que le social-démocrate Martin Schulz a catégoriquement refusé toute alliance avec la CDU-CSU d'Angela Merkel, cette dernière n'a qu'une option pour obtenir la majorité : une coalition « Jamaïque » avec les Verts et les libéraux. Or, cette alliance « Noir-Jaune-Vert » ne plaît à aucun de ces partis. « Nous ne serons pas des partenaires faciles », a ainsi prévenu Katrin Göring-Eckardt, candidate des Verts. « On ne peut pas nous forcer à entrer dans une coalition », a répondu Wolfgang Kubicki, vice-président du parti libéral FDP. Malgré ce manque d'enthousiasme, ces deux partis, ayant obtenu chacun 10 % lors des élections législatives fédérales de dimanche, devront probablement siéger ensemble au gouvernement que devrait former la chancelière sortante.

Torsten Oppelland, politologue à l'université de Iéna, explique : « Après le refus de Schulz, Merkel n'a que trois options : former un gouvernement minoritaire, ce qu'elle a déjà exclu, organiser de nouvelles élections qui risqueraient de faire encore augmenter le score de la AfD, ou former une coalition Noir-Jaune-Vert. » Aussi appelée « coalition Jamaïque », elle lui permettrait tout juste de dépasser le seuil des 50 % nécessaires à la formation d'un gouvernement. Mais, comme le titre le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine (FAZ) : « Keiner will nach Jamaika. » (« Personne ne veut aller en Jamaïque »).

 

(Lire aussi : L'Alternative pour l'Allemagne (AfD): anti-islam et anti-Merkel)

 

« Des différences, certes, mais pas insurmontables »
Car faire cohabiter la CSU (bavaroise, très conservatrice), la CDU (conservatrice, proeuropéenne), la FDP (libérale, eurosceptique, unioniste) et les Verts (progressistes, écologistes) ne sera pas mince affaire. Entre Verts et libéraux, l'amitié n'est pas de mise : les opinions des deux partis sont « fondamentalement différentes », selon le FAZ. Les différends se creusent surtout au sujet de la crise des réfugiés. « La politique migratoire est vraiment un point sensible, analyse M. Oppelland. Les Verts soutiennent inconditionnellement l'accueil de réfugiés, alors que la FDP et la CSU font concurrence à l'AfD (parti anti-immigration). Ça va être vraiment intéressant. » Et pour cause : la FDP pose une limitation de l'immigration comme condition à son entrée en gouvernement.

L'écologie porte également à débat. Alors que les Verts exigent une sortie du charbon et la fin des nouvelles voitures avec des moteurs à combustion en 2030, la FDP juge les énergies fossiles indispensables, du moins pour une durée « non négligeable ». Torsten Oppelland confirme : « Pour les Verts, la transition écologique doit être une initiative de l'État, alors que les libéraux comptent sur le jeu de l'offre et de la demande. » Mais l'entente n'est pas impossible, notamment au sujet de la pollution maritime, que les deux partis critiquent de concert.

« Même si personne n'aime l'idée d'une coalition Jamaïque, c'est la seule option mathématiquement probable », analyse M. Oppelland. Mais devant les positions intransigeantes des dirigeants Verts, libéraux et conservateurs, qui cherchent tous à imposer leur programme, il s'inquiète : « Le principal danger réside dans les querelles internes, dont l'AfD pourrait tirer profit. »
Cette crainte semble confirmée par l'existence tumultueuse d'une coalition « Jamaïque » dans l'État fédéral du Schleswig-Holstein depuis 2014. Le Handelsblatt de Hambourg écrit ainsi : « Les partis se sont déjà disputés à de nombreuses reprises et jugent une telle coalition instable et difficile. »

 

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