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À La Une - Irak

Bagdad accuse les Kurdes de vouloir "déclarer la guerre"

Un nouveau délai a été accordé aux forces kurdes pour quitter les positions prises il y a trois ans.

Des combattants des peshmergas sur le toit d'un immeuble tenu par les forces kurdes près de Kirkouk. AFP / AHMAD AL-RUBAYE

Le gouvernement irakien a changé dimanche de ton en accusant les Kurdes de chercher à déclarer la guerre avec la présence dans la province disputée de Kirkouk de combattants du PKK, considéré comme "terroriste" par Ankara et Washington. 
Le Conseil de la sécurité nationale, la plus haute instance de la Défense en Irak présidée par le Premier ministre Haider al-Abadi, a dit dans un communiqué y voir "une déclaration de guerre". Face à cette "escalade dangereuse", il est "impossible de rester silencieux", et "le gouvernement central et les forces régulières vont accomplir leur devoir de défendre les citoyens (...) et la souveraineté de l'Irak", poursuit le texte.

Le Conseil pointe notamment la présence "de combattants n'appartenant pas aux forces de sécurité régulières à Kirkouk" et cite le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mouvement séparatiste kurde de Turquie. Une présence du PKK a toutefois été démentie par des responsables kurdes, mais l'un d'eux a reconnu qu'il y avait des "sympathisants" de cette formation à Kirkouk, évoquant des "volontaires" qui combattaient le groupe Etat islamique (EI, ou Daech en arabe).

La déclaration du conseil de sécurité irakien intervient juste après la fin de la réunion des dirigeants kurdes. Ceux-ci ont ignoré l'appel de Bagdad à retirer leurs peshmergas de Kirkouk avant la nuit et à annuler le référendum d'indépendance comme conditions à des négociations, alors que sur le terrain les troupes se font toujours face.
A l'issue de quatre heures de négociations, leur communiqué final ne fait aucune mention d'un retrait des milliers de peshmergas qu'Erbil dit avoir mis en état d'alerte depuis plusieurs jours.

Dans le même temps, des renforts des troupes irakiennes continuaient d'arriver dimanche dans le sud de la province de Kirkouk, où se trouvent les ressources pétrolières, désormais quadrillée par les chars, les blindés et l'artillerie, selon un photographe de l'AFP.

Dimanche, le président irakien, le Kurde Fouad Massoum avait fait le déplacement depuis Bagdad jusqu'au Kurdistan, tandis qu'un nouveau délai était accordé aux forces kurdes pour quitter les positions prises il y a trois ans et où Bagdad souhaite désormais réinstaller ses forces.
Le nouveau délai expire dans la nuit, a indiqué un responsable kurde, faisant de nouveau planer la menace de violences. Un possible affrontement entre deux acteurs de la lutte anti-jihadistes inquiète Washington qui a dit vouloir "calmer les choses".

(Lire aussi : Dans la ville disputée de Kirkouk, l'inquiétude des Arabes et Turkmènes)

'Pas de conditions préalables'

Dans leur communiqué en cinq points, le Parti démocratique kurde (PDK) du président de la région autonome Massoud Barzani et son rival l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), le parti de M. Massoum, mettent en garde contre "les interventions militaires ou les mouvements de troupes" qui "constituent une menace pour tout effort sérieux de règlement pacifique des problèmes". Ils se disent "entièrement prêts au dialogue". Mais, a prévenu sur Twitter Hemin Hawrami, conseiller de M. Barzani, ils "refusent des conditions préalables". 
Les peshmergas --les combattants kurdes présents dans la province de Kirkouk, que les forces irakiennes cherchent à déloger, dépendent de l'UPK. Face à eux, des milliers de policiers, soldats et membres des unités paramilitaires irakiennes se sont déployés dans cette région au nord de Bagdad, trois semaines après la tenue d'un référendum au Kurdistan qui a exacerbé les tensions.

L'Irak exige de reprendre le contrôle des positions tenues par les peshmergas depuis la débâcle de l'armée et de la police irakiennes face à la percée fulgurante des jihadistes de l'EI en juin 2014. Outre des bases militaires, les combattants du Kurdistan --région qui bénéficie depuis 1991 d'une autonomie étoffée au fil des ans-- se sont également emparés d'infrastructures et de champs pétroliers de la province disputée.
Jusqu'à présent, les forces irakiennes se sont contentées de reprendre certaines bases désertées peu avant par les peshmergas.

(Lire aussi : « Nous nous méfions plus des peshmergas que de l’État islamique »)

Champs pétroliers

Leur objectif n'est pas la ville de Kirkouk, indiquent même les autorités à Erbil. Elles veulent reprendre "les champs pétroliers, une base militaire et un aéroport" mitoyen.

En outre, Bagdad, dont le budget est grévé par la chute des cours du pétrole et trois années de mobilisation et de combats contre l'EI, entend reprendre la main sur les 250.000 b/j de pétrole des trois champs de la province de Kirkouk: Khormala, pris par les Kurdes en 2008, et Havana et Bay Hassan, pris en 2014.

Le Kurdistan, qui traverse la plus grave crise économique de son histoire, pourrait lourdement pâtir de la perte de ces champs qui assurent 40% de ses exportations pétrolières.
Bagdad, en crise ouverte avec Erbil depuis la tenue le 25 septembre du référendum d'indépendance y compris dans des zones disputées comme Kirkouk, a multiplié les mesures économiques et judiciaires pour faire plier le Kurdistan.

Selon Bagdad et Erbil, l'Iran a en outre fermé sa frontière avec le Kurdistan, ce que Téhéran a démenti.

 

 

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commentaires (2)

Peuple persécuté, qui attend son heure. Sa liberté est au bout des doigts. A-t-il encore l'envie de faire marche arrière ?

Sarkis Serge Tateossian

21 h 39, le 15 octobre 2017

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Commentaires (2)

  • Peuple persécuté, qui attend son heure. Sa liberté est au bout des doigts. A-t-il encore l'envie de faire marche arrière ?

    Sarkis Serge Tateossian

    21 h 39, le 15 octobre 2017

  • LE PEUPLE KURDE FIER ET BATAILLEUR NE SE LAISSERA PAS INTIMIDER !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 42, le 15 octobre 2017

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