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Culture - BAFF, an III

Humanité décapitée et culture assassinée : comment résister ?

Pour sa troisième édition, le Beirut Art Film Festival s'est fixé comme objectif d'informer, de partager et de secouer les consciences face à l'éradication massive du patrimoine mondial, archéologique et historique.

Le BAFF a présenté sa 3e édition sur le thème « Patrimoine et barbarie » à l’Institut du monde arabe. Ici, Alice Mogabgab et Jack Lang. Photo Tony el-Hage

L'initiatrice du Beirut Art Film Festival (BAFF), Alice Mogabgab, qui revient d'une tournée européenne, innove cette année en portant le message du festival par-delà les frontières libanaises. « D'abord, pour présenter ce festival qui est unique en son genre, un festival qui n'existe nulle part ailleurs, une création à but non lucratif.

Pas de compétition, pas de lauriers récoltés en fin de parcours, mais seulement un public qui répond parfaitement, par amour pour l'art comme message universel et non comme produit de luxe », dit-elle d'emblée. Ce festival fonctionne grâce à la détermination et au dévouement de bénévoles, de mécènes et d'amoureux du cinéma. Il offre une sélection de films souvent récents et inédits.
Et d'ajouter : « Le BAFF est une occasion de partager notre inquiétude, d'en parler et de débattre avec des scientifiques, des chercheurs, des archéologues et des historiens. Paris, Genève et Bruxelles ont affiché salle comble. » Au programme : la projection en première mondiale de Syrie, derniers remparts du patrimoine, de Jean-Luc Raynaud, ou comment des gens sans peur tentent à leur compte de défendre certaines œuvres et de les protéger. Projeté d'abord à Paris à l'Institut du monde arabe, devenu partenaire officiel cette année du festival, il a été ensuite présenté à Genève. Enfin, à Bruxelles, c'est le film Hergé à l'ombre de Tintin, un documentaire qui lève le voile sur la vie de Georges Remi, dessinateur surdoué, qui a fait l'affiche pour ensuite faire le tour des écoles libanaises en novembre.

 

Impuissance
De la vallée de Bamiyan en Afghanistan aux statues réduites en miettes au musée Ninevah de Mossoul, des sites historiques de Hatra et de Nimrud en Irak, classés patrimoine mondial de l'humanité, complètement dévastés, aux manuscrits orientaux de Mossoul sauvés in extremis par un père bénédictin, de la destruction massive des sites archéologiques et historiques en Syrie, des bibliothèques nationales mise à feu aux tombeaux des saints soufis représentant l'islam spirituel complètement saccagés, le XXIe siècle assiste, impuissant, à un assassinat culturel qui a pour but non seulement de choquer le monde occidental, mais aussi de lui montrer son impuissance face à l'horreur. Comment combattre cette stratégie de l'effroi, comment réagir face à cette entreprise de destruction du passé, et comment empêcher ces crimes de se perpétrer en fracassant notre mémoire culturelle ? Lorsque le totalitarisme s'emploie à empêcher le monde de se souvenir et le contraint à ignorer pour n'avoir comme choix que celui de se soumettre, le passé et les origines n'existent plus. Ne reste plus que la mémoire collective et le combat inexorable pour la liberté de pensée et de créer en toute dignité.

 

Patrimoine libanais
Du 14 au 19 novembre 2017, le BAFF Intramuros investit les deux salles de cinéma du Metropolis Empire Sofil, avec 50 documentaires en première nationale. Avec le BAFF at school (la nouveauté de ce festival), les organisateurs s'engagent, du 6 au 25 novembre 2017, à projeter plus de 150 films dans les établissements scolaires, les universités et les centres culturels du nord au sud afin d'éveiller et de mobiliser la jeunesse. Une jeunesse qui ignore qu'il fut un temps où croire différemment n'était pas synonyme de mort, où les artistes avaient une liberté de création sans commune mesure et où la pratique des arts était encouragée, voulue, désirée.

Aujourd'hui, en s'attaquant brutalement au patrimoine culturel, on décapite l'humanité avec une cruauté sans limites et un écrasement systématique. Combattre en préservant littéralement la mémoire se révèle être un défi d'ordre vital. Mais qu'en est-il alors de notre patrimoine à nous, Libanais ? De l'abandon des demeures à cachet traditionnel au profit de tours qui s'érigent en narguant les arcades et les pierres millénaires ? Du quartier de Sursock, dont le musée est flanqué d'un voisinage bétonné, arrogant et condescendant, au quartier de Sodeco, fier de ses 150 étages qui crèvent un ciel désespérément pollué, les architectes, peu nombreux, mais consciencieux et non corrompus, se mobilisent, les artistes défendent et le BAFF dénonce, éclaire et enchante les mordus de l'écran et de la liberté.

BAFF
Au Metropolis Empire Sofil, du 14 au 19 novembre.

 

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