Le président libanais, Michel Aoun, a affirmé que le maintien des armes du Hezbollah reste justifié en raison de la menace israélienne qui pèse toujours sur le Liban, estimant qu'une solution régionale était nécessaire pour résoudre le problème du parti chiite. Le chef de l'Etat libanais a fait ces déclarations dans un entretien au site d'information en ligne Al-Monitor, basé à Washington, qui a été publié jeudi.
Al-Monitor a interrogé le président libanais sur le débat provoqué par les appels à coopérer entre l'armée libanaise et le Hezbollah, notamment lors des batailles que les deux parties ont menées séparément en juillet et août contre les jihadistes à la frontière syrienne.
"Vous savez, le Hezbollah est une organisation libanaise créée pour libérer le territoire libanais de l'occupation israélienne. Il a été fondé en 1985, et plus tard, en l'an 2000, Israël s'est retiré du Liban, et nous avons cru que l'action du Hezbollah était terminée", a rappelé le président Aoun.
"J'ai rencontré (le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah) en 2006 en tant que chef du Courant patriotique libre et j'ai signé une entente qui évoque les moyens de désarmer le Hezbollah tout en maintenant le dialogue, mais à l'été 2006, Israël a de nouveau attaqué. Cette situation est compliquée. Vous ne pouvez pas dire au Hezbollah +Nous devons démanteler votre organisation+, alors qu'Israël continue d'attaquer et de provoquer le Liban", a estimé le président Aoun.
Il a rappelé que "la semaine dernière, l'armée israélienne a attaqué à deux reprises. La première attaque n'a pas touché le Liban, mais elle a eu lieu contre la Syrie à partir de l'espace aérien libanais. L'Etat hébreu a par la suite simulé une attaque aérienne contre Saïda (Liban-Sud), faisant éclater les vitres des maisons, après avoir brisé le mur du son. Les avions israéliens volaient à basse altitude, au-dessus des bâtiments".
Et M. Aoun de conclure : "Actuellement, le Hezbollah est un acteur de la crise régionale. Si nous devons résoudre le problème du Hezbollah, cela doit se faire dans le cadre d'une solution générale au Proche-Orient, spécialement en Syrie".
Ce n'est pas la première fois que le président de la République libanaise prend une telle position vis-à-vis des armes du Hezbollah, depuis son élection à la magistrature suprême en octobre 2016. Vers midi, le bureau du président Aoun a toutefois publié un communiqué dans lequel il affirme que la retranscription de l'entretien sur le site contient "des affirmations imprécises, dont certaines ont été sorties de leur contexte". Le bureau de la présidence libanaise a rappelé que "les positions du chef de l'Etat ne diffèrent pas de celles exprimées dans son discours devant l'Assemblée générale de l'ONU, ainsi que durant ses rencontres avec les chefs d'États arabes et étrangers, de même que lors de son entretien avec le secrétaire général de l'ONU (...)".
Le Hezbollah se bat officiellement aux côtés des troupes du régime du président Bachar el-Assad depuis 2013. La guerre en Syrie et la question du désarmement du Hezbollah divisent profondément la classe politique libanaise.
Lire l'intégralité de l'entretien d'Al-Monitor avec le président Aoun ici
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commentaires (19)
Etant donné que le Hezbollah est plus fort que l'armée (qui est l'hypothèse et la plainte de ses critiques), pourquoi n'a-t-il pas pris le pouvoir au Liban et imposé une théocratie chiite comme vous semblez le craindre ? Ah, mais je sais pourquoi : vous êtes de mauvaise foi. Votre seule motivation secrète est la haine et le mépris du Liban.
Jean abou Fayez
13 h 12, le 23 septembre 2017