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Liban

Lois régissant les contacts entre Libanais et Israéliens : un « manque total de cohérence » au niveau étatique

L'affaire Ziad Doueiri relance le débat sur les interactions entre Libanais et Israéliens, qui suscitent régulièrement des polémiques.
Pour Nadim Houry, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch, « les lois qui régissent les contacts entre Libanais et Israéliens sont problématiques à plusieurs niveaux et il faut certainement qu'un débat s'ouvre ». « La loi criminalise tout contact entre individus alors qu'on ne devrait pas rendre l'individu responsable des actes de son État, estime-t-il. Ce sont aussi des lois impossibles à appliquer aujourd'hui, alors que des contacts entre Libanais et Israéliens se font régulièrement à l'étranger, que ce soit dans les files d'attente à l'aéroport de Larnaca ou sur les plages de Mykonos, pour ne donner que ces deux exemples. » L'on pourrait également citer sur ce plan les conférences internationales.
M. Houry insiste néanmoins sur le fait que « ne pas criminaliser tout rapport entre individus ne veut pas dire que l'État libanais doive normaliser ses relations avec l'État d'Israël. Il faut pouvoir distinguer les deux niveaux ».
Ayman Mhanna, directeur de l'association SKeyes, soulève le même problème. « Qu'on les soutienne ou pas, les cas de visites de Libanais binationaux en Israël et dans les territoires occupés deviennent fréquents, et l'État libanais le sait, surtout avec cette formidable vitrine sur les vies privées que représentent les réseaux sociaux », affirme-t-il. Et de poursuivre : « Il faut développer une politique plus cohérente à cet égard. L'État n'applique pas, très souvent, cette loi, puis décide de l'appliquer contre une figure symbolique. Le fait que Ziad Doueiri lance son nouveau film, L'Insulte, l'a remis sur le devant de la scène et cela a ravivé la polémique. »
Autre signe des incohérences de situation autour de cette loi : quelques heures avant l'interpellation de M. Doueiri à l'aéroport de Beyrouth, le Liban officiel, à travers son ministère de la Culture, avait sélectionné L'Insulte pour représenter le pays dans la course à l'Oscar 2018 du meilleur film étranger.
« Il y a certainement un véritable problème au Liban par rapport à l'application et l'interprétation des lois qui relèvent souvent d'un arbitraire total », souligne Nadim Houry, estimant que les textes de lois devraient changer.
Ayman Mhanna partage cet avis, dénonçant « ce manque de cohérence de la part des autorités libanaises qui, d'une part, accompagnent Ziad Doueiri à Venise à travers le ministre de la Culture, et, d'autre part, déclenchent une procédure judiciaire à son encontre ». Et d'insister : « Il n'y a aucune cohérence dans la gouvernance au Liban. Chaque instance – les appareils sécuritaires, les tribunaux, les ministères... – est autonome et forte de la couverture politique dont elle jouit alors qu'il faudrait que toutes ces instances se fondent au sein d'un même État ».

J.A.R. et R.S.

L'affaire Ziad Doueiri relance le débat sur les interactions entre Libanais et Israéliens, qui suscitent régulièrement des polémiques.Pour Nadim Houry, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch, « les lois qui régissent les contacts entre Libanais et Israéliens sont problématiques à plusieurs niveaux et il faut certainement qu'un débat...

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