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Culture - Rencontre

Tout ce qui brille est Diaman(t)d

Prix de la meilleure actrice ex aequo avec Hyam Abbas pour Une Famille syrienne au Festival du film francophone d'Angoulême, Diamand Abou Abboud est aussi à l'affiche du film-événement de Ziad Doueiri, L'Insulte, en salle le 14 septembre. Entretien avec une actrice qui prend le cinéma très au sérieux.

Diamand Abou Abboud croit en un monde meilleur grâce à l’art et au cinéma. Photo Charles Cremona

Elle porte un nom qui annonce la couleur. Une peau diaphane et une longue chevelure blonde lui donnent cet air évanescent, peut-être l'apanage des êtres immatériels. D'une voix douce, Diamand Abou Abboud égrène les dates et les noms des personnes qui l'ont propulsée dans la cour des grands. Le 7e art qu'elle porte dans son cœur depuis l'enfance, mais aussi le théâtre, le lui rendent bien à présent. Son parcours, étincelant, mais de ces brillances qui durent, s'accompagne d'une réflexion sérieuse sur le cinéma et le rôle de l'humain à travers l'art. « Exister à travers l'autre et pour l'autre », c'est ce que cette enfant timide, à l'imagination qui galope, passionnée de cinéma et désireuse d'être une et multiple à la fois, va comprendre à l'âge adulte en cours de philosophie de l'art. « J'ai choisi cette discipline pour pouvoir communiquer avec l'autre et me connaître moi-même au moyen de toutes les vies et les personnages que j'interprète. »

Beckett et mentors
Ce n'est donc pas étonnant que sa thèse de maîtrise à l'Université libanaise s'intitulait De la notion du vide à travers le personnage beckettien et le moi acteur. Diamand Abou Abboud a besoin de s'intérioriser et d'explorer toutes les facettes de sa vie afin de parfaire son parcours. Elle avoue d'ailleurs que tous les enseignants et professeurs ont été en quelque sorte ses mentors. Elle a appris à prendre de chacun d'eux la pièce de puzzle qui manquait au tableau final.

Après des pièces de théâtre, des courts métrages et certaines séries télé, la comédienne interprète en 2008 son premier rôle dans le long métrage de Samir Habchi, Doukhan bila nar. Le cinéma l'ensorcelle, la séduit, « c'est de la magie que de faire du cinéma », dit-elle. Suivront le film de Bahig Hojeij Chatti Ya dinyié et Waynon, où elle participe également à l'écriture avec Georges Khabbaz. Récemment, le film de Mahmoud Hojeij, Tale3 Nazel, apporte une saveur nouvelle et particulière au talent de Diamand Abou Abboud qui ne dort pas sur ses lauriers, reçus pour le film Waynon, mais qui continue à se renouveler à chaque fois. « Je suis une actrice, dit-elle, en soulignant ses mots de sa voix douce. J'aime prendre des risques et entreprendre toujours une nouvelle aventure. C'est ce qui me permet d'avancer au niveau artistique... et surtout humain. »

« Toujours travailler »
Même si la chance lui a souri dans la vie, l'actrice ne compte pas seulement sur cela. « Bien sûr, il y a des occasions qui se présentent à nous et il faut savoir les saisir, mais si nous ne sommes pas à la mesure de cette chance, tout peut être éphémère. Il faut travailler, toujours travailler, et jamais se perdre ou dévier des objectifs premiers qui sont les piliers de tout parcours. »

Idéaliste, voire rêveuse ? Elle l'est. Mais certainement pas naïve, car elle sait quelle direction prendre dans la vie. Dans un milieu artistique parfois cruel qui ne connaît pas de pitié, Diamand Abou Abboud a ses propres armes, une botte secrète. Elle porte une boussole dans son cœur et dans son esprit qui lui indique les chemins à prendre.

Cette année a été marquée par plusieurs dates heureuses. D'abord, le film du Belge Philippe Van Leeuw, Une Famille syrienne, avec Hiam Abbass, qui lui permettra de recevoir le prix de la meilleure actrice au Festival du film francophone d'Angoulême et qu'elle partage avec sa partenaire du film, Hiam Abbas. Le long métrage est vite suivi par la pièce de théâtre de Julien Bouffier, Le Quatrième Mur, une adaptation du roman éponyme de Sorj Chalandon – une pièce actuellement en tournée en France. Et enfin L'Insulte de Ziad Doueiri présenté au cours de la Mostra et qui sort dans les salles libanaise le 14 septembre. « C'était un honneur pour moi de travailler avec ce cinéaste et de faire partie de la famille du film, notamment avec mon maître Camille Salamé. » Portée par une ovation debout lors de la projection au Festival de Venise, Diamand Abou Abboud dit avoir été émue par la réaction d'un public étranger et par le message que transmet le Liban à travers cette histoire. « Pour moi, le 7e art est un engagement continu et je suis convaincue que le cinéma peut mener vers un monde meilleur. »

 

 

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