Les frappes de la coalition compromettent la libération du prisonnier du Hezbollah

Le flou le plus total entoure le sort de l'accord très contesté conclu entre le groupe État islamique, le Hezbollah et la Syrie, qui a permis aux combattants de l'EI d'entamer leur repli vers Deir ez-Zor en Syrie. En échange, l'EI devait, comme on le sait, donner des informations sur le sort des soldats libanais enlevés en 2014 dans le jurd de Ersal et libérer un prisonnier du Hezbollah, Ahmad Maatouk. Ce dernier était supposé être libéré dès que le convoi qui transporte près de 350 jihadistes et leurs familles respectives, soit au total près de 700 personnes, arriverait à Bou Kamal, à la frontière avec l'Irak. Or, les forces de la coalition internationale antiterroristes que dirige les États-Unis veulent à tout prix l'empêcher d'arriver à destination.
L'intervention des forces de la coalition internationale a ainsi changé la donne et compromis les plans concoctés avec le régime de Damas, à partir du moment où leurs avions ont repéré le convoi, l'empêchant d'avancer à coups de frappes aériennes répétées. « La coalition et nos partenaires irakiens n'étaient pas concernés par l'accord entre le Hezbollah libanais, le régime syrien et l'EI, pour permettre à des combattants expérimentés de transiter à travers les secteurs contrôlés par le régime syrien vers la frontière irakienne. La coalition a été claire sur la question : avec ses partenaires irakiens, elle ne permettra pas que les combattants de l'EI s'approchent de la frontière ou s'installent sur le sol souverain de l'Irak », a indiqué le Pentagone dans un communiqué publié hier.
Le texte explique que, sur les 17 bus qui transportent les combattants de l'EI, 11 sont toujours bloqués dans le désert, « à l'est d'al-Soukhna, pour la septième journée consécutive ». « Six des 17 bus se sont orientés récemment vers l'Ouest, en direction de Palmyre, dans le secteur contrôlé par le régime, sans que la coalition n'entrave leur chemin. Celle-ci continue cependant de surveiller les 11 bus restés sur place et communique avec les responsables russes qui conseillent à leur tour le régime syrien », selon le communiqué.
Celui-ci précise que la coalition « n'a jamais frappé le convoi et a permis que de la nourriture et de l'eau parviennent aux femmes et aux enfants », et qu'elle « continuera de mener une action contre l'EI à chaque fois qu'elle le pourra et là où elle le pourra, sans pour autant porter préjudice aux non-combattants ». Le ministère américain de la Défense répondait ainsi vraisemblablement au Hezbollah, qui, durant le week-end, avait dénoncé, « pour des raisons humanitaires », le siège imposé par la coalition au convoi, affirmant que des femmes et des enfants risquaient la mort.
Toujours selon le communiqué du Pentagone, « les dirigeants de la coalition avaient communiqué aux Russes un plan d'action qui donnait au régime syrien la possibilité d'évacuer les femmes et les enfants ». « Le régime syrien a cependant préféré laisser les femmes et les enfants souffrir dans le désert. Il assume entièrement la responsabilité de cette situation », a déclaré le lieutenant-général Stephen J. Townsend, commandant de la Joint Task Force combinée – Operation Inherent Resolve, cité dans le communiqué.