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À La Une - violences

Rohingyas de Birmanie : déjà 87.000 réfugiés au Bangladesh en 10 jours

Plusieurs pays, dont l'Indonésie, la Malaisie, le Pakistan ou l'Iran, ont plaidé pour la minorité musulmane, les talibans afghans dénonçant un "génocide".

 

Des réfugiés rohingyas dans la ville de Cox's Bazar, à la frontière entre la Birmanie et le Bangladesh, le 3 septembre 2017. AFP / Jasmin RUMI

Les Rohingyas de Birmanie sont chaque jour plus nombreux à fuir au Bangladesh: ils sont près de 87.000 à avoir pris la route de l'exode après dix jours de violences qui ont isolé la Birmane Aung San Suu Kyi sur la scène internationale.

En tout, "87.000 sont arrivés depuis le 25 août", a annoncé lundi le bureau de coordination de l'ONU au Bangladesh. Les violences ont commencé avec l'attaque ce jour-là d'une trentaine de postes de police par les rebelles de l'Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), qui dit vouloir défendre les droits bafoués de la minorité musulmane rohingya.

Depuis, l'armée birmane a lancé une vaste opération dans cette région pauvre et reculée, l'Etat Rakhine, poussant des dizaines de milliers de personnes sur les routes, au risque d'une crise humanitaire et faisant, selon elle, 400 morts, dont 370 "terroristes" rohingyas.

Depuis le début des violences, 90 affrontements ont eu lieu entre l'armée et les rebelles, plus de 2.600 maisons ont été détruites dans des villages non musulmans ainsi que 138 dans des villages musulmans, a affirmé lundi le bureau de la chef du gouvernement Aung San Suu Kyi dans un communiqué.

 

 

Selon l'ONU, quelque 20.000 personnes restent coincées à la frontière entre la Birmanie et le Bangladesh, dans l'attente d'être autorisées à la franchir. Plus de 2.000 d'entre elles, dont de nombreux enfants, qui se cachaient sur une île du Bangladesh ont été renvoyés en Birmanie.  "Ils nous disaient +où devrions-nous aller? Ils nous tuent là-bas, nos maisons sont incendiées+", a témoigné un responsable bangladais, Farid Ahmed, interrogé par l'AFP. "Si ça continue, nous allons avoir de gros problèmes. Mais c'est impossible d'arrêter ce flux, ces gens sont partout", s'inquiétait lundi un garde-frontière bangladais, interrogé par l'AFP dans la ville frontalière de Cox's Bazar.

 

(Pour mémoire : Rohingyas: un "génocide" se déroule en Birmanie, selon Erdogan)

 

Violences interethniques
Les violences interethniques sont fréquentes en Birmanie depuis des années, entre la majorité bouddhiste et la minorité musulmane, concentrée dans cette région de l'ouest du pays. La minorité rohingya, entassée dans des camps de fortune côté birman aussi, est sans accès aux écoles, aux hôpitaux, au marché du travail. La Birmanie est sous l'emprise d'un nationalisme bouddhiste considérant les musulmans comme une menace.

Et les autorités birmanes, au premier rang desquelles Aung San Suu Kyi, considèrent le million de Rohingyas comme des immigrés illégaux du Bangladesh voisin, même s'ils vivent en Birmanie depuis des générations.
Le mot même de "Rohingya" est tabou en Birmanie, où on parle de "Bangladais".

Victime collatérale de la crise: le service birman de la BBC ne sera plus diffusé à la télévision en Birmanie pour avoir employé le mot "rohingya" dans es programmes. La BBC a dénoncé lundi "une censure". Depuis le début de la crise, les réseaux sociaux se sont enflammés, notamment contre les médias internationaux mais aussi les ONG étrangères, accusés d'être pro-Rohingyas.

 

(Lire aussi : Des dizaines de milliers de Rohingyas fuient les combats, aide alimentaire suspendue)



Malala en tête des protestations
Lundi, c'est la jeune prix Nobel de la paix pakistanaise Malala Yousafzai qui a critiqué son homologue Aung San Suu Kyi pour sa gestion du drame des Rohingyas.

Aung San Suu Kyi, qui limite ses apparitions publiques au minimum depuis son arrivée à la tête du gouvernement début 2016 et ne parle quasiment jamais à la presse, a reçu lundi la chef de la diplomatie indonésienne, Retno Marsudi, dépêchée en Birmanie pour tenter de mettre fin aux violences. Ce dernier a également rencontré le tout puissant chef de l'armée, le général Min Aung Hlaing.

Le ministre malaisien des Affaires étrangères Anifah Aman s'est lui dit "mécontent" du silence d'Aung San Shu Kyi. "Elle prenait position pour les droits de l'Homme. Maintenant, il semble qu'elle ne fasse rien", a-t-il dit à l'AFP.

Les dirigeants des pays musulmans de la région s'inquiètent de la colère croissante de leur population. Plusieurs pays, dont l'Indonésie, la Malaisie, le Pakistan ou l'Iran, ont plaidé pour les Rohingyas, les talibans afghans dénonçant un "génocide".

Des manifestations pro-Rohingyas se sont déroulées lundi notamment en Indonésie et en Tchétchénie. Les Maldives ont annoncé rompre toute relation commerciale avec la Birmanie jusqu'à ce qu'elle prenne des mesures pour "prévenir les atrocités envers les Rohingyas".

 

 

 

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