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Culture - Hommage

Alain Berbérian : l’humour en berne

Disparu le 22 août, le cinéaste français d'origine libanaise laisse derrière lui l'image d'un artiste discret qui a cependant réussi à remodeler le rire français.

Alain Berbérian en 2005. Photo Jean-Pierre Muller/AFP

« C'est avec une profonde émotion et une grande tristesse que nous avons appris le décès de notre ami Alain Berbérian, le réalisateur de notre film La cité de la peur, mais aussi d'un grand nombre de nos sketches et de notre série Histoires de la télévision », ont réagi Les Nuls, Alain Chabat, Chantal Lauby et Dominique Farrugia, dans un communiqué commun envoyé à l'AFP. « L'élégance de ses images, son travail de montage vif et efficace, son sens de la parodie, sa patience nous ont permis de réaliser nos rêves », ont-ils ajouté. « Merci Alain, tu vas nous manquer. Passe le bonjour au président (André) Rousselet, à Bruno (Carette, 4e Nul), à Alain (De Greef ancien directeur des programmes de Canal+), à Alexis Bourriquet (ancien assistant des Nuls) et à tous les amis Canal qui sont partis trop tôt », ont-ils conclu en adressant leurs « pensées à sa famille et à ses proches ».
Ce message exprime toute la profonde gratitude du milieu cinématographique envers cet homme qui travaillait dans l'ombre pour la bonne marche du cinéma français. Car réaliser les rêves des autres, leur donner forme, les traduire avec une exceptionnelle technicité, tels étaient les objectifs (atteints) d'Alain Berbérian, ce cinéaste si modeste.
Né à Beyrouth en 1953, d'un père arménien et d'une mère grecque – son frère Charles, de six ans son cadet, est devenu, lui, auteur de bandes dessinées – Alain Berbérian vient en France pour ses études et entre à Canal+ comme monteur à la fin des années 1980, où il fait la connaissance d'Alain Chabat, Bruno Carette, Chantal Lauby et Dominique Farrugia. Devenu le réalisateur attitré des Nuls pour trois séries d'émissions (ABCD Nuls, Histoire(s) de la télévision, Les Nuls, l'émission), il se voit confier la réalisation de leur long-métrage, La cité de la peur, en 1994, et se trouve propulsé dans le milieu du cinéma. Le film, devenu très rapidement culte auprès d'une génération qui se nourrit de l'humour des Nuls, mettra en avant ce réalisateur discret qui a œuvré toute sa vie à accompagner les projets d'acteurs, de scénaristes ou de producteurs.
À travers tous ses films (pas nombreux, mais marquants), les professionnels et le public auront décelé chez le réalisateur un désir de renouvellement de la comédie française. Sans prétention et en toute discrétion, Alain Berbérian n'a eu de cesse de tisser l'humour comme une nouvelle trame de la société. Sur Twitter, Pierre Lescure, président du Festival de Cannes et ancien président de Canal+, a salué en Alain Berbérian « le meilleur "directed by français", une culture de cinéma dingue, un mec bien ». En peu de mots il brosse le portrait d'une belle personne.

C. K.

Le top 3 d'Alain Berbérian

« La cité de la peur » (1994)
« Youpi, dansons la carioca ! C'est bien, faites tous comme moi », chantent Alain Chabat et Gérard Darmon devant un ballet de palmiers factices et sous des lumières tamisées. Ce n'est pas un fox-trot ni une polka. Ce n'est pas un tango ou un cha-cha, encore moins une bossa nova. « La carioca est cette scène parodique où on voit le commissaire Bialès (Darmon) et Serge Karamazov (Chabat) se lancer dans un numéro de danse de salon, devant le public du Palais des congrès de Cannes. Cet extrait de La cité de la peur, qui évoque une des danses de Fred Astaire, a fait du long-métrage d'Alain Berbérian un film culte. https://www.dailymotion.com/video/x8qaoh

 

« Paparazzi » (1998)
Avec Paparazzi, son deuxième opus, le réalisateur collabore avec Danièle Thompson pour le scénario et en tire un film à deux volets : on est, d'une part, dans la satire d'une certaine presse à scandale et de ses combines sordides, mordante et qui fait mouche, et, de l'autre, dans une histoire de tandem improbable, où la victime (Patrick Timsit) s'attache à son bourreau (Vincent Lindon). Comédie d'observation finement documentée, le film réunit un paparazzi de haut vol et un supporteur du PSG, propulsé malgré lui dans le monde du showbiz. De plus, beaucoup d'acteurs traversent ce film sous leur vrai nom. https://www.youtube.com/watch?v=pchRQ7UGkZk

 

« Le boulet » (2002)
Réunir Gérard Lanvin et Benoît Poelvoorde sur le plateau d'un même film – et où exactement : dans le désert de Tunisie – est une gageure. Un défi que Berbérian a relevé dans cette comédie hilarante où il dirige un tandem d'un abord quelque peu atypique, mais explosif. Poelvoorde est ce boulet qui suit Lanvin dans sa recherche frénétique d'un bandit surnommé le Turc et interprété par un hystérique José Garcia. Un film désopilant qui rappelle le tandem Gérard Depardieu et Pierre Richard, et où l'on retient cette scène culte qui se situe « entre Bakel et Touba ». https://www.youtube.com/watch?v=sZ0Lh01YOBY

 

« C'est avec une profonde émotion et une grande tristesse que nous avons appris le décès de notre ami Alain Berbérian, le réalisateur de notre film La cité de la peur, mais aussi d'un grand nombre de nos sketches et de notre série Histoires de la télévision », ont réagi Les Nuls, Alain Chabat, Chantal Lauby et Dominique Farrugia, dans un communiqué commun envoyé à l'AFP....

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