Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Analyse

Le maintien d’Assad : un provisoire qui pourrait durer

Le président syrien profite d'une configuration doublement favorable : les rebelles ne sont plus en mesure de mettre en péril la survie du régime, et les chancelleries ennemies ont accepté son maintien, de facto, au pouvoir. Au moins pour l'instant.

Le président syrien, Bachar el-Assad, se retrouve aujourd’hui dans une position nettement plus confortable, du moins en apparence, que par le passé. Archives SANA/Handout via Reuters 

Le conflit syrien est entré depuis quelques mois dans une phase plutôt paradoxale : les combats se poursuivent sur plusieurs fronts, les puissances extérieures ajustent leur positionnement diplomatique par rapport aux nouvelles données, mais les grandes problématiques sont volontairement mises entre parenthèses, en attendant de pouvoir y apporter une réponse durable. Le cas le plus topique de cette nouvelle donne : la question du maintien au pouvoir de Bachar el-Assad.

Le président syrien se retrouve aujourd'hui dans une position nettement plus confortable, du moins en apparence, que par le passé. L'évolution de la situation, tant sur la scène nationale que régionale, joue clairement en sa faveur. Le régime et ses alliés russes et iraniens contrôlent la majeure partie de l'ouest syrien, ne laissant que quelques enclaves aux rebelles, et poursuivent leur avancée vers l'est, notamment dans la province de Homs, à mesure que l'État islamique perd du terrain. Sur le plan diplomatique, plus aucune puissance, ni régionale ni internationale, ne réclame haut et fort son départ immédiat. Dans les chancelleries des « Amis de la Syrie », il s'agit plutôt de faire le bilan des différentes stratégies passées et de revoir ses priorités. Combattre l'EI, pour les Occidentaux, États-Unis en tête. Empêcher la formation d'un Kurdistan syrien autonome, pour la Turquie. Et contenir l'influence iranienne dans la région, pour l'Arabie saoudite, là où elle considère qu'il est encore possible de le faire.

Mais la Syrie semble déjà perdue aux yeux de Riyad. Même s'il n'a pas fait pour l'instant de déclaration officielle en ce sens, Riyad aurait fait comprendre, sans le mentionner explicitement, aux représentants de l'opposition syrienne qu'ils doivent désormais s'accommoder de la présence de Bachar el-Assad au pouvoir. Alors qu'elle a toujours refusé que le président syrien participe à la phase de transition, l'opposition se voit désormais esseulée, et dans le même temps acculée par ses parrains régionaux dont les objectifs ont été revus à la baisse.

 

(Lire aussi : Comment Assad est devenu « le blanc » de l’extrême-droite occidentale)

 

Des questions sans réponses
Bachar el-Assad profite donc d'une configuration doublement favorable : les rebelles ne sont plus en mesure de mettre en péril la survie du régime, et les chancelleries ennemies ont accepté son maintien, de facto, au pouvoir, au moins temporairement.

Mais le provisoire pourrait durer. Car régler la question de l'avenir de Bachar el-Assad est un véritable casse-tête : s'il n'est plus question pour les parrains de l'opposition de réclamer son départ à court terme, il n'est pas non plus question de lui redonner une légitimité. Pas question donc, a priori, de renouer les liens diplomatiques avec Damas, de le réintégrer dans le jeu régional ou de financer la reconstruction syrienne dans ces circonstances.

Pour les parrains du régime, la problématique est tout aussi complexe, bien que différente. S'ils ont garanti la survie militaire du régime, ils n'ont pas encore réussi à convertir leurs gains militaires en gains politiques, toutes les tentatives de négociations ayant pour l'instant échoué.

Sur le court terme, ils ont clairement gagné la partie. Mais, à l'instar de leurs adversaires, ils n'ont pas de stratégies viables sur le long terme. Ils ne peuvent pas gagner la paix avec Bachar el-Assad. Mais ils ne peuvent pas non plus le remplacer facilement : le raïs syrien est tellement dépendant de ses parrains qu'ils ont tout intérêt à le laisser au pouvoir dans cette situation. Le président syrien est dans le même temps capable de jouer sur les divergences entre ses deux parrains, dont les intérêts diffèrent, et de compliquer leur plan.

Toutes les puissances extérieures du conflit s'accommodent désormais de ce statu quo. Mais tant que le règlement politique du conflit syrien sera gelé, de nombreuses questions resteront sans réponse, parmi lesquelles : comment assurer le retour et garantir la sécurité des réfugiés ? Comment prendre en compte, sur le plan institutionnel, les nouvelles données, notamment la volonté d'autonomie des Kurdes ? Comment financer la reconstruction syrienne sans accorder un blanc-seing à Bachar el-Assad? Ou comment, plus généralement, permettre à la justice internationale de faire son travail après plus de six ans de guerre, condition indispensable pour un retour de la paix ?

 

 

Lire aussi

Juger Bachar

Assad : Soit la victoire, soit la Syrie sera rayée de la carte

Assez de preuves pour condamner Assad pour crimes de guerre, selon Carla Del Ponte

 

Le conflit syrien est entré depuis quelques mois dans une phase plutôt paradoxale : les combats se poursuivent sur plusieurs fronts, les puissances extérieures ajustent leur positionnement diplomatique par rapport aux nouvelles données, mais les grandes problématiques sont volontairement mises entre parenthèses, en attendant de pouvoir y apporter une réponse durable. Le cas le plus...

commentaires (5)

Quel que soit l'issue les grandes puissances ont gagné en gardant le moyen orient dans le "turmoil" un champ de bataille permanent de guerre froide comme le secrétaire D’État John Foster Dulles et son frère Allen Dulles l'ont prédit à partir de 1951. La guerre froide n'est pas terminée, elle refait surface avec des logiques différentes, mais son effet fait toujours le malheur du moyen orient.

DAMMOUS Hanna

16 h 17, le 26 août 2017

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Quel que soit l'issue les grandes puissances ont gagné en gardant le moyen orient dans le "turmoil" un champ de bataille permanent de guerre froide comme le secrétaire D’État John Foster Dulles et son frère Allen Dulles l'ont prédit à partir de 1951. La guerre froide n'est pas terminée, elle refait surface avec des logiques différentes, mais son effet fait toujours le malheur du moyen orient.

    DAMMOUS Hanna

    16 h 17, le 26 août 2017

  • C'est ce qu'on avait dit si Assad reste alors il ne régnera pas sur toute la syrie d'avant et le complot aura réussis !! C'était soit il quitte et la syrie redeviendrai la syrie soit il reste et la syrie sera diviser et c'est ce qui vas se passer !!! Mais je persiste à dire encore qu'assad ne vas pas rester longtemps et n'aura jamais plus l'influence qu'il avait avant la guerre

    Bery tus

    16 h 12, le 26 août 2017

  • SI seulement on avait écouté l'axe de la résistance en 2011 , ca nous aurait fait l'economie d'un desastre previsible , surtout que mr samrani vous reprenez les conclusions de ce qui avait ete predit il y a 6 ans . Pauvres de nous ! Même et surtout si vous y ajoutez des ' provisoires" ridicules . Au fait PARLEZ nous de l'échec de nathanyahou face à ses demandes devant Poutine.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 30, le 26 août 2017

  • PRODUIT DE L,HEBETUDE INTERNATIONALE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 06, le 26 août 2017

  • Il faudra quand même , un jour, qu'il rende des comptes. Il est sous le parasol de ses protecteurs, ça ne peut durer éternellement, cette guerre civile est loin de se terminer.

    FAKHOURI

    03 h 29, le 26 août 2017

Retour en haut