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Économie - Focus

Les producteurs libanais d’huile d’olive toujours en quête de standards

Malgré les différents programmes de soutien dont ils bénéficient, les oléiculteurs peinent encore à se distinguer sur le marché international.

La filière oléicole libanaise bénéficie depuis plusieurs années du soutien d’organisations et d’agences internationales. Photo D. R.

La filière agricole libanaise vient de recevoir un coup de pouce du ministère italien des Affaires étrangères et de l'Agence italienne pour la coopération au développement (AICS) avec un don d'un million d'euros (1,2 million de dollars) destiné à soutenir la production locale d'huile d'olive, un produit-phare mais peu compétitif. « L'huile d'olive est une nécessité nationale, non seulement pour l'économie libanaise, mais aussi pour un nombre importants d'agriculteurs et de leurs familles », avait déclaré le ministre de l'Agriculture, Ghazi Zeaïter, à l'occasion de la signature de l'accord le 4 août.

S'inscrivant dans le prolongement des initiatives italiennes déjà lancées pour soutenir la filière locale, ce nouveau programme, intitulé L'Olio del Libano 3, vise à perfectionner les techniques de production des oléiculteurs, pour leur permettre de s'exporter davantage. L'ambassadeur d'Italie, Massimo Marotti, a rappelé à L'Orient-Le Jour que son pays collabore avec le Liban depuis 2009 pour améliorer la qualité de l'huile d'olive locale, avec, entre autres, la création d'un laboratoire d'analyses répondant aux « standards européens, qui a été offert au ministère de l'Agriculture ».

Le Liban exporte déjà son huile d'olive vers des pays qui abritent une communauté libanaise conséquente, notamment vers les États-Unis (18 % du total). Le Golfe, destination traditionnelle des fruits et légumes libanais, est aussi un important client de l'huile d'olive locale. Au total, les exportations ont atteint 10 000 tonnes en 2016, pour un peu plus de 30 millions de dollars. Un chiffre bien supérieur aux importations, à 98 % syriennes, de près de 3 000 tonnes l'année dernière (6,2 millions de dollars). Mais, en dehors des créneaux offerts par la diaspora, l'huile d'olive du pays du Cèdre ne fait toujours pas le poids face à la concurrence féroce des producteurs européens, qui dominent le marché mondial.

(Pour mémoire : Inauguration d'un centre de collecte d'huile d'olive à Tayrfelsay)

 

Des millions de dollars depuis 2013

Ce n'est pourtant pas la première fois que le Liban bénéficie d'un programme d'aide à la qualité de son huile d'olive, pour lui permettre de se distinguer à l'étranger. Le programme Lebanon Industry Value Chain Development (LIVCD), lancé par l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAid), a par exemple déboursé 2 millions de dollars pour assister les oléiculteurs locaux depuis 2013.

Le LIVCD a notamment travaillé sur le développement de pressoirs automatiques, afin d'éviter les dépôts qui se forment dans l'huile d'olive avec l'extraction manuelle traditionnelle. « Les consommateurs lambda ne remarquent pas ces dépôts, mais ils sont considérés comme des défauts dans les compétitions internationales d'huile d'olive », souligne Roland Andary, responsable de la section huile d'olive au LIVCD. Selon lui, 4 lignes de production automatisées, coûtant 300 000 dollars chacune, ont été distribuées dans le pays, tandis que le LIVCD a initié quelques producteurs à l'utilisation de pressoirs qu'ils avaient achetés eux-mêmes.
Les coûts de production ont également baissé grâce à la distribution gratuite de « 500 machines pour récolter les olives dans 55 coopératives, qui les louent aux producteurs à 20 dollars la journée », ajoute Roland Andary. Le nombre d'ouvriers nécessaire, payés aussi environ 20 dollars la journée, passe ainsi de 8 à 3.

(Pour mémoire : Le groupe Freiha se lance dans la production d'huile alimentaire)

 

Impact limité

Environ 3 000 producteurs ont bénéficié de ces aides jusqu'à aujourd'hui, un chiffre dérisoire par rapport au nombre d'oléiculteurs au Liban, soit 100 000 personnes. Mais il a tout de même contribué à les sensibiliser à ces nouvelles techniques. « Sur ces deux dernières années, plus de 150 producteurs libanais ont acheté leurs propres machines pour la récolte d'olive après avoir essayé celles que nous avons distribuées », se félicite encore Roland Andary. Pour l'instant, ce sont surtout de gros producteurs qui ont pu investir dans ces machines, dont le prix commence à 500 dollars pièce.

Conscient de son impact limité, le LIVCD espère que le ministère de l'Agriculture prendra la relève pour continuer à soutenir les producteurs d'huile d'olive lorsque le programme prendra fin début 2019. En attendant, le secteur continue de compter sur l'aide internationale. « Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a distribué 150 machines à récolte l'année dernière, et l'ONG américaine Mercy Corps prépare un programme d'aide à l'oléiculture », poursuit Roland Andary. L'Agence d'aide à la coopération technique et au développement (Acted) a également lancé un projet en 2016 qui vise à améliorer le fonctionnement des coopératives d'huile d'olive et de miel. Financé par l'Union européenne à hauteur de 600 000 euros (700 000 dollars), il prendra fin en 2020. D'autres programmes, enfin, sont déjà arrivés à leur terme, comme le projet Daman Olive 2. Financé par l'Agence française de développement (AFD), ce dernier a notamment permis de déployer de nouveaux pressoirs à olive dans le Liban-Sud entre 2008 et 2016.

 

Pour mémoire

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commentaires (1)

Beaucoup de soutien des pays amis mais aucun contrôle et surveillance des autorités locales contre les fraudes, l'huile d'olive trafiquée et mélangée, trompe et nuit à la santé des consommateurs et rapporte beaucoup d'argent sale aux fraudeurs. Si les politiciens ne s'emparent pas de ce dossier c'est comme un couteau planté dans le dos de la majorité des honnêtes oléiculteurs qui ne souhaitent qu'une chose partager leur bonne huile avec leurs concitoyens. Il fut un temps où offrir son huile d'olive à un ami était Le meilleur et le plus noble des cadeaux.

CBG

13 h 11, le 21 août 2017

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Commentaires (1)

  • Beaucoup de soutien des pays amis mais aucun contrôle et surveillance des autorités locales contre les fraudes, l'huile d'olive trafiquée et mélangée, trompe et nuit à la santé des consommateurs et rapporte beaucoup d'argent sale aux fraudeurs. Si les politiciens ne s'emparent pas de ce dossier c'est comme un couteau planté dans le dos de la majorité des honnêtes oléiculteurs qui ne souhaitent qu'une chose partager leur bonne huile avec leurs concitoyens. Il fut un temps où offrir son huile d'olive à un ami était Le meilleur et le plus noble des cadeaux.

    CBG

    13 h 11, le 21 août 2017

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