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À La Une - crise

La Turquie remplace des chefs militaires un an après le coup d'Etat avorté

Il s'agit des plus profonds changements au sommet des forces armées depuis le putsch manqué.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan signe les décisions du Conseil militaire suprême (YAS), le 2 août 2017. Kayhan Ozer/Presidential Palace/Handout via REUTERS

La Turquie a remplacé mercredi les chefs des armées de terre, de l'air et de la marine, procédant ainsi aux plus profonds changements au sommet des forces armées depuis le putsch manqué mené par des militaires factieux l'an dernier.

Ces mesures, effectives à compter du 30 août, ont été prises lors d'une réunion du Conseil militaire suprême (YAS) présidée par le premier ministre Binali Yildirim, en présence des dirigeants de l'armée, dont le chef d'état-major Hulusi Akar, et de plusieurs ministres.

Le président Recep Tayyip Erdogan, qui dînera mercredi soir avec les membres du YAS, a formellement approuvé ces décisions à l'issue de la réunion qui s'est tenue à Ankara et a duré quatre heures, a indiqué son porte-parole Ibrahim Kalin.
Les chefs des armées de terre, de l'air et de mer "ont terminé leur mission. Je leur souhaite du succès dans la nouvelle période de leur vie qui commence maintenant", a déclaré M. Kalin.

Le chef de l'armée de terre Salih Zeki Colak, celui de l'armée de l'air Abidin Unal et le chef de la marine Bülent Bostanoglu sont remplacés respectivement par Yasar Güler, Hasan Küçükakyüz et Adnan Ozbal, selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Le général Güler est l'actuel chef des forces de la gendarmerie. Sa promotion en fait, selon la presse, le principal candidat pour succéder au général Akar lorsque le mandat de celui-ci arrivera à terme en 2019.
Quant au général Küçükakyüz, il est actuellement à la tête de l'unité de défense balistique à la base aérienne d'Eskisehir.

La presse a par ailleurs présenté comme une surprise la nomination d'Adnan Ozbal, un vice-amiral, à la tête de la marine. Il a été préféré au commandant d'une flotte au rang d'amiral qui était considéré, selon les médias, comme favori pour diriger les forces navales.

Les nouvelles nominations marquent en tout cas les changements les plus significatifs à des postes-clefs au sein des forces armées depuis le coup d'Etat manqué du 15 juillet 2016 contre le président Erdogan.

 

(Lire aussi : Turquie : sept journalistes de Cumhuriyet sortent de prison)

 

Reprise en main
Ce coup de force a été suivi de vastes purges, dans l'armée : 149 généraux et amiraux, soit près de la moitié des effectifs des officiers de ce rang, ont été écartés.

Pour combler les besoins au sommet de la chaîne hiérarchique, 61 colonels ont été promus au rang de général ou d'amiral au cours de la réunion mercredi, a indiqué M. Kalin.
Les nouvelles nominations surviennent en effet alors que l'armée turque est très sollicitée par les combats qu'elle mène contre les séparatistes kurdes du PKK dans le sud-est de la Turquie, et par une opération militaire dans le nord de la Syrie.

Les bouleversements qui ont suivi le putsch avorté ont accéléré la reprise en main par les autorités civiles de l'armée, autrefois toute-puissante.
Ainsi, le YAS se réunit désormais au palais de Cankaya, le lieu de résidence du Premier ministre à Ankara, et non plus au quartier général de l'armée. La réunion de mercredi est la troisième depuis le putsch avorté, attribué par Ankara au prédicateur auto-exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen.

Une réforme a de plus augmenté le nombre de responsables civils au sein du YAS. Outre le Premier ministre, les cinq vice-Premiers ministres et les ministres de la Défense, des Affaires étrangères, de l'Intérieur et de la Justice y siègent.

Si l'armée a été particulièrement touchée, les purges lancées après le putsch ont largement dépassé le cadre militaire, suscitant des vives inquiétudes de l'Occident et des organisations de défense des droits de l'homme.

Au nom d'une traque inlassable des partisans présumés de M. Gülen, plus de 50.000 personnes ont en effet été arrêtées et plus de 100.000 limogées par vagues successives depuis plus d'un an.
Outre les milieux gulénistes cette traque a aussi touché les milieux prokurdes, dont les principaux dirigeants politiques ont été écroués, des journalistes critiques ou encore des ONG.

 

 

 

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