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Où sommes-nous ?

Cet été on ne nage pas dans la mer. La mer est repoussante. On ne s'attarde pas à l'aéroport. L'aéroport est un cloaque plongé dans les miasmes de la décharge Costa Brava. D'ici à ce que les alchimistes de cet État vautour transforment ce fumier en or, mieux vaut faire quelques tours en voiture, ils finiront bien par sortir, ceux que depuis tant de temps l'on attend. On ne circule pas après 10h. Après 10h on n'arrive nulle part. On se marie. À grands frais parce que c'est la coutume et qu'on ne veut oublier personne. Parce qu'on ne le fait qu'une fois et qu'on voudrait croire que c'est pour toujours. On va au festival. Il y en a partout, des festivals, pour tous les publics. On s'y retrouve entre gens de mêmes goûts, en quête d'un même oubli, de soi, de la date, de l'heure, du contexte et surtout du lieu. « On ne se croirait pas au Liban », phrase anodine et assassine qui vient couronner les meilleurs moments.

C'est fou comme le bonheur est devenu étranger à ce pays. Il suffit d'un instant de bien-être pour se croire en voyage. Pour en jouir, il faut nécessairement s'éloigner de la ville et refuser de s'informer. Que se passe-t-il à Ersal ? Qui fait quoi, qui combat qui, d'où vient l'ennemi dans cette Alsace de chez nous, livrée à tous les vents mauvais ? À Ersal, des gens vivent dans les abris depuis des mois. Les femmes subviennent aux besoins de leurs familles en tissant des tapis sur de vieux métiers. C'est à peine si elles peuvent sortir du village pour les vendre. Le village est cerné de barrages. Mais le reste du Liban ne veut plus entendre parler de guerre, et encore moins de cet abcès, partie fulminante et pourtant à peine visible du corps malade qui nous sert de pays. Après ? Qu'importe. Après n'a jamais compté. Vivant sur des sables mouvants, nous préférons y enfouir nos têtes plutôt que réfléchir à la manière de nous en sortir. Anticiper n'est pas libanais. Planifier encore moins. Réformes et changement sont les deux grosses blagues du moment, on a si peu l'occasion de rire.

En cet été poisseux où la mer – ce reposoir du soleil, cette consolation du pauvre, ce grand ventre bleu que nous avons rendu stérile, ce geste gracieux au flanc d'une terre qui n'a pas su compter ses grâces, ce miroir du ciel que nous n'osons plus regarder en face – nous est interdite, il nous reste pour respirer un reliquat de montagne. Les fortunes de nos villages d'altitude sont inégales. Les uns sont abandonnés, souillés par d'anciens massacres et de mauvais souvenirs. D'autres sont surpeuplés, contraints à une cohabitation difficile avec des flots de réfugiés qu'ils n'ont pas été préparés à accueillir. D'autres encore, créés de toutes pièces pour des privilégiés qui ne supportent pas la vue de la misère, ressemblent à des tours d'ivoire où l'ennui distille un poison raffiné. D'autres enfin, victimes de leurs ambitions touristiques, sont dénaturés par leurs propres natifs pour quelques deniers. Mais tout n'est pas sombre. Au milieu de ce gâchis, il y a encore quelques pépites, de vieilles pierres taillées de main d'homme, de grands arbres tranquilles à l'ombre généreuse, des êtres bienveillants, des sages, des purs, des attachants, ferments d'un pays que l'on peut encore créer. Cette copie-là est décidément à revoir.

Cet été on ne nage pas dans la mer. La mer est repoussante. On ne s'attarde pas à l'aéroport. L'aéroport est un cloaque plongé dans les miasmes de la décharge Costa Brava. D'ici à ce que les alchimistes de cet État vautour transforment ce fumier en or, mieux vaut faire quelques tours en voiture, ils finiront bien par sortir, ceux que depuis tant de temps l'on attend. On ne circule pas...

commentaires (5)

RECREER LE LIBAN EST LA TACHE SACREE DU PEUPLE LIBANAIS ! ASSEZ DE SUIVRE LES PANURGES... ASSEZ DE BELER... ASSEZ DE TRAINER AUX PIEDS DES ZAIMS... PEUPLE LIBANAIS DEBOUT ET RECREE TON LIBAN DE JADIS MAIS SANS LES PANURGES ET LEURS HERITIERS... ALLEZ ! NETTOYEZ LES ECURIES D,AUGIAS... BONNE CHANCE !

LA LIBRE EXPRESSION

22 h 16, le 27 juillet 2017

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Commentaires (5)

  • RECREER LE LIBAN EST LA TACHE SACREE DU PEUPLE LIBANAIS ! ASSEZ DE SUIVRE LES PANURGES... ASSEZ DE BELER... ASSEZ DE TRAINER AUX PIEDS DES ZAIMS... PEUPLE LIBANAIS DEBOUT ET RECREE TON LIBAN DE JADIS MAIS SANS LES PANURGES ET LEURS HERITIERS... ALLEZ ! NETTOYEZ LES ECURIES D,AUGIAS... BONNE CHANCE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 16, le 27 juillet 2017

  • "La bave du crapaud n'atteint point la blanche colombe" Continuez Madame, avec votre verve poétique de dénoncer la manière avec laquelle on a détruit notre pays, sa nature, ses côtes, ses villages de montagne, son charme de vivre, ses traditions, sans perdre l'espoir d'un sursaut collectif d'une majorité silencieuse pour préserver ou reconstruire ce qui peut l'être encore. Il n y a que la vérité qui blesse et dérange!

    Saliba Nouhad

    20 h 19, le 27 juillet 2017

  • Nous sommes en pleine cassandrie naphtalinienne .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 33, le 27 juillet 2017

  • Bravo.... un article pour nous faire réfléchir si nous voulons laisser un pays vivable aux générations futures.

    Nadine Naccache

    12 h 25, le 27 juillet 2017

  • Sublime!

    Michele Aoun

    11 h 00, le 27 juillet 2017

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