Le Premier ministre Saad Hariri a bénéficié à la Maison-Blanche d'un accueil digne d'un chef d'État et non d'un chef de gouvernement, qui n'avait jusque-là été réservé qu'à deux Premiers ministres : le Britannique et l'Israélien. Ces signes d'hommage étaient visibles dès son accueil à la porte du siège de la présidence américaine et se sont poursuivis avec le tête-à-tête que lui a consacré le président américain Donald Trump et la conférence de presse conjointe tenue à l'issue de l'entretien. Ces marques de respect envers Saad Hariri à Washington ne lui auront pas fait que des amis au Liban, puisque tout un camp politique antiaméricain le prend à partie sur le plan interne.
Ces signes de distinction ne signifient toutefois pas que les discussions n'ont abouti qu'à des consensus, selon une source ayant pris part aux débats : ainsi, le Premier ministre n'a pas réussi à convaincre le maître de la Maison-Blanche que les armes du Hezbollah nécessitent une solution régionale, non nationale. Il n'a pas obtenu, dans le dossier des réfugiés syriens, un appui pour entamer leur retour dans des zones sûres en Syrie, la collaboration américaine s'étant limitée à des aides humanitaires supplémentaires.
De plus, au cours de la conférence de presse, M. Trump ne s'est pas privé d'attaquer de front le Hezbollah, sans considération pour le fait que le gouvernement de M. Hariri compte deux ministres de ce parti, estimant qu'il « représente une menace pour l'État et pour la région tout entière » et que « son armement constitue un risque de conflit avec Israël ». « Le Hezbollah ne protège pas les intérêts des Libanais, mais les siens propres et ceux de l'Iran », a-t-il insisté.
Notons que, 24 heures après la fin des discussions, M. Hariri a réitéré son opposition à la bataille du jurd de Ersal menée par le Hezb contre les groupes reliés au Front al-Nosra, expliquant toutefois que les formations politiques « ont décidé de garder les sujets conflictuels hors des discussions ».
Un sujet consensuel, cependant, a été celui des succès de l'armée dans la lutte contre le terrorisme. Selon la source susmentionnée, « le président américain a rendu hommage à l'action de l'armée et assuré qu'il allait la pourvoir en armes, la plupart de celles dont elle a besoin et pas toutes, de peur qu'elles ne soient utilisées contre Israël ». Cette source poursuit que « la question des sanctions contre le Hezbollah a été abordée à la Maison-Blanche et que M. Hariri a essayé d'en atténuer les effets ».
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LA LIBRE EXPRESSION
18 h 32, le 27 juillet 2017