Les tribulations du voyageur libanais en zone Schengen

C'en est vraiment trop ! Le pauvre voyageur libanais ne sait plus à quel saint se vouer, parce que les formalités qu'il doit accomplir auprès de certaines ambassades Schengen, et ce jusqu'à la dernière étape, c'est-à-dire celle de l'arrivée de son avion à destination, ressemblent souvent à un chemin de croix.
Commençons par le visa. Supposons qu'après avoir rempli la série interminable de formalités, il finisse par l'obtenir de l'ambassade du pays que nous allons appeler « X », membre de l'Union européenne et de la zone Schengen. Supposons aussi que, une dizaine de jours plus tard et juste avant de voyager, il reçoive une communication lui indiquant que sa présence est exigée d'urgence dans un autre pays Schengen, que nous appellerons « Y », soit pour affaires, soit pour un motif personnel (le décès d'un proche, par exemple). À ce moment-là, il se retrouvera devant la situation suivante :
1) Soit il essaie de voyager, muni du même visa qui lui a été octroyé par l'ambassade du pays « X » (car son visa est censé couvrir toute la zone Schengen, sinon on se demande pourquoi ce mot a été inventé ?), auquel cas il risque de se faire reprocher, à son arrivée au poste de contrôle des passeports, le fait de n'avoir pas obtenu son visa du pays « Y ». Alors, il devra se défendre, dans l'espoir qu'on le laissera passer, mais rien n'est sûr, parce qu'il y a des cas où l'entrée a été refusée et qu'il a fallu faire un détour, par le pays « X », rien que pour faire tamponner son visa et puis revenir là où son premier passage avait été refusé.
2) Soit il essaie d'obtenir un visa supplémentaire, cette fois-ci de l'ambassade du pays « Y », qui devrait toutefois le lui refuser car, logiquement, on ne devrait pas avoir le droit de détenir plus d'un visa Schengen simultanément, sauf si la validité de l'ancien est proche de la date d'expiration.
3) Si le solliciteur du visa décide d'appeler la/les ambassades Schengen concernée/s pour obtenir une explication claire et sans équivoque, il devra se contenter de la réponse de la standardiste, qui sera ni positive ni négative, le laissant sur sa soif.
Je doute qu'il puisse exister un pays qui se respecte, qui laisse ses ressortissants se faire tellement humilier par certaines ambassades présentes sur son sol, au détriment du principe du traitement réciproque, comme si tout ce que notre pays a déjà enduré de la politique hostile de certains des pays concernés (contrairement à leurs discours) ne suffisait pas, comme, par exemple, les tentatives d'implantation de 400 000 Palestiniens, et, plus tard, de quelque 1 300 000 Syriens. Jouer avec la démographie au Liban, avec des nombres aussi impressionnants, qui représentent à peu près 50 % de la population libanaise locale, est un crime impardonnable, et pourrait aboutir à une nouvelle et interminable guerre civile, qui saperait l'existence même de l'entité libanaise, poussant les Libanais les moins malchanceux à grossir les rangs de leurs concitoyens expatriés, répartis presque partout dans le monde, et les moins chanceux à gonfler le nombre des miséreux réfugiés syriens ayant fui la guerre pour vivre sous les tentes en Turquie et en Jordanie (évidemment en sus de ceux qui continueraient de se trouver chez nous).
Par conséquent, notre ministre des Affaires étangères devrait se pencher sur le cas des visas Schengen, en demandant des explications aux ambassades de ces pays, afin de mettre un terme aux humiliations que subissent nos concitoyens lors de leurs voyages en zone Schengen.