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Liban - Entretien

Philippe Douste-Blazy à « L’OLJ » : L’histoire du monde est soit la solidarité mondiale, soit la guerre mondiale

En visite à Beyrouth, Philippe Douste-Blazy, ancien ministre français des Affaires étrangères et de la Santé, actuel secrétaire général adjoint des Nations unies, appelle les pays membres de l'ONU à davantage de soutien pour le Liban pour, notamment, faire face à la vague de réfugiés syriens.

Aux Nations unies vous luttez contre les inégalités mondiales au niveau médical, nutritionnel... Le Liban paye un lourd tribut du fait des conséquences de la guerre syrienne. Quel serait votre plan d'action ?
Un des grands drames du monde aujourd'hui est cette augmentation permanente du nombre de réfugiés qui posent un problème de dignité et de respect de l'être humain. En Méditerranée, des dizaines de milliers de personnes prennent le risque de se noyer pour atteindre les rives de pays riches. Ils fuient la guerre mais aussi l'extrême pauvreté.

La santé des migrants est probablement aujourd'hui une des plus grandes préoccupations de la communauté internationale. Dans les camps de réfugiés, nombreux sont les enfants qui sont traumatisés, qui vivent avec de véritables maladies mentales non soignées, qui ne sont pas vaccinés... Des malades souffrant d'hypertension artérielle, de diabète, de maladies cardio-vasculaires, de cancer... ne sont pas traités.

Il est vrai que la communauté internationale délaisse souvent les pays d'accueil et les abandonne à leur propre sort. Ils se retrouvent seuls face à une pénurie de fonds. C'est le cas actuellement au Liban, en Jordanie, en Italie avec « les migrants économiques ». Il est primordial que les pays membres des Nations unies apportent leur contribution, notamment financière, aux pays d'accueil qui portent ce lourd fardeau et offre plus de soutien pour le Liban.

Quelle est la cause qui vous tient le plus à cœur ?
Dans les pays extrêmement pauvres, tels que l'Afrique subsaharienne par exemple, les six biens publics mondiaux supposés être universels, à savoir l'eau potable, l'alimentation, la santé, l'éducation, l'assainissement et l'électricité font défaut. Comment développer un pays sans ces biens vitaux ? On a réussi la mondialisation de l'économie, de la communication, mais pas celle de la solidarité...

À l'heure où le capitalisme financier creuse un fossé de plus en plus béant entre les pays riches et pauvres, trois milliards de personnes n'ont pas d'accès aux vaccins ni aux consultations professionnelles... Il n'est plus permis aujourd'hui de mourir d'une maladie évitable ni de voir toutes les 55 secondes un enfant perdre la vie de paludisme...

D'où la nécessité, face à un mouvement de nationalisme et d'égoïsme mondial, d'une couverture sanitaire et médicale universelle, offrant à chacun le droit aux soins afin de diminuer le taux de mortalité, notamment infantile... De curative individuelle, la médecine doit se transformer en préventive, communautaire collective.
L'histoire du monde est soit la solidarité mondiale, soit la guerre mondiale.

La guerre syrienne se poursuit avec Bachar el-Assad, toujours maintenu sur la scène politique. Qu'en pensez-vous ?
Il est important que la paix soit rétablie. Plus encore, que les causes préoccupantes de cette guerre soient traitées. Un sujet d'ailleurs qui dépasse de loin la guerre syrienne.

La solution de toute évidence ne pourrait être que politique. D'où le rôle de la France de permettre aux protagonistes de se réunir autour de la table et de revenir sur les motifs de cette déstabilisation.

Le nouveau président de la République Emmanuel Macron a fracturé la droite française. Ancien leader de l'UDF, êtes-vous satisfait ou plutôt inquiet ?
La France a trop souvent été divisée entre les deux grands partis, la droite et la gauche. Un jeune président sans passé politique, qui désire s'affranchir des frontières partisanes classiques est une chance pour ce pays. Reléguant rapidement les anciens acteurs dans un passé lointain, on découvre à la fois sa nouveauté et son autorité.

Cela étant, Emmanuel Macron est peu expérimenté, mais ma confiance est grande en ce jeune président qui saura exercer son pouvoir afin d'apporter les réformes nécessaires à la France. Il ne va pas laisser les gens au bord du chemin, ni écœurer ceux qui croient en l'innovation, au travail, aux vertus de l'investissement.

Au moment où les britanniques sortent de l'Union européenne, il est important que la France, à l'instar de l'Allemagne, puisse attirer « les milieux économiques » de la City.

 

 

Pour mémoire

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Aux Nations unies vous luttez contre les inégalités mondiales au niveau médical, nutritionnel... Le Liban paye un lourd tribut du fait des conséquences de la guerre syrienne. Quel serait votre plan d'action ?Un des grands drames du monde aujourd'hui est cette augmentation permanente du nombre de réfugiés qui posent un problème de dignité et de respect de l'être humain. En Méditerranée,...

commentaires (3)

Je garde en souvenir de Philippe Douste-Blazy, ancien ministre des Affaires Etrangères de 2005 à 2007, trois erreurs géographiques. Il avait confondu Taïwan et la Thaïlande, Croatie et Kosovo comme il avait mélangé le Liban, la Libye et l'Albanie.

Un Libanais

11 h 24, le 23 juillet 2017

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Commentaires (3)

  • Je garde en souvenir de Philippe Douste-Blazy, ancien ministre des Affaires Etrangères de 2005 à 2007, trois erreurs géographiques. Il avait confondu Taïwan et la Thaïlande, Croatie et Kosovo comme il avait mélangé le Liban, la Libye et l'Albanie.

    Un Libanais

    11 h 24, le 23 juillet 2017

  • La guerre syrienne se poursuit avec Bachar el-Assad, toujours maintenu sur la scène politique. Qu'en pensez-vous ? Il est important que la paix soit rétablie. Plus encore, que les causes préoccupantes de cette guerre soient traitées. Un sujet d'ailleurs qui dépasse de loin la guerre syrienne. La solution de toute évidence ne pourrait être que politique. D'où le rôle de la France de permettre aux protagonistes de se réunir autour de la table et de revenir sur les motifs de cette déstabilisation. Aut Cæsar, aut nihil

    FRIK-A-FRAK

    14 h 56, le 22 juillet 2017

  • VRAIMENT TRES CLAIR mR. Douste-Blazy, S'AGISSANT DE LA SYRIE ET DE SON PRESIDENT. MR. MACRON LUI MEME N'A PAS FAIT MIEUX.

    Gaby SIOUFI

    09 h 06, le 22 juillet 2017

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