Rechercher
Rechercher

Économie - Nigeria

Quand Abuja repart en quête d’or noir sur les terres de Boko Haram

Les installations pétrolières de Port Harcourt, au Nigeria. Archives AFP

Encouragé par ses victoires militaires contre Boko Haram, le Nigeria repart en quête d'or noir dans le nord-est du pays, éveillant les appétits de groupes chinois et anglo-saxons malgré une situation sécuritaire encore volatile.
L'administration du président Muhammadu Buhari explore les bassins intérieurs allant de l'État central de Benue au cœur des bastions de Boko Haram, dans le nord-est du Borno.
L'an dernier, la production nationale de pétrole s'était effondrée sous le choc des attaques répétées de groupes rebelles sur les infrastructures pétrolières et gazières du delta du Niger (Sud-Est).
Une nouvelle découverte dans le Nord-Est permettrait de diversifier l'approvisionnement du pays et de métamorphoser cette région pauvre, qui vit essentiellement de l'agriculture et de l'élevage. « C'est une priorité pour la NNPC et c'est une priorité pour le pays », a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), Ndu Ughamadu.
Mais pour les spécialistes du secteur, pomper du pétrole dans le Nord-Est, où les jihadistes continuent de mener une féroce guérilla, pourrait engendrer les mêmes travers que dans le Sud. « Cela motivera (...) Boko Haram à attaquer », estime Dolapo Oni, analyste des questions énergétiques chez Ecobank.
Il y a déjà des conflits. En mars, des propriétaires fonciers à Alkaleri (État de Bauchi) ont réclamé des compensations financières pour les dommages causés par les travaux d'exploration sur les terres agricoles.
Abuja, toutefois, reste optimiste et maintient que le pétrole du Nord-Est pourrait amortir les chocs liés aux troubles dans le delta.

Feu vert des autorités
Le Nigeria, premier producteur de pétrole d'Afrique, a été l'un des pays les plus touchés par la chute des cours mondiaux du brut depuis 2014. L'an dernier, le pays est entré en récession pour la première fois depuis 25 ans, avec une inflation à deux chiffres et un naira en chute libre face au dollar. Les attaques de groupes armés, qui exigent une meilleure redistribution des revenus pétroliers, n'ont fait qu'aggraver la situation.
Les travaux d'exploration dans le Borno, qui ont débuté avant la crise économique, se concentrent sur un triangle s'étendant de Gubio à l'ouest à Marte à l'est, jusqu'à Kukawa, dans l'extrême nord-est, près du lac Tchad. « Nous avons dû suspendre les opérations le 24 novembre 2014 », date à laquelle Boko Haram, à l'apogée de sa puissance, contrôlait de vastes territoires dans le Borno, explique Mazadu Bako, directeur général des Services d'exploration frontalière à la NNPC. Il affirme que la NNPC a reçu le feu vert des autorités pour revenir.
Pour mener les recherches, le NNPC travaille avec le Bureau for Geophysical Corporation, une filiale du géant pétrolier China National Petroleum Corporation (CNPC) spécialisée dans l'exploration de données sismiques. Le Nigeria mise sur son expérience au Tchad et au Niger voisins pour faire des découvertes significatives. Dans le bassin de Doba au Tchad, CNPC, Exxon et Glencore produisent environ 110 000 barils/jour, selon le cabinet de conseil Wood Mackenzie.
D'autres investisseurs étrangers ont manifesté leur intérêt. En novembre dernier, la NNPC a signé un protocole d'accord avec le britannique Savannah Petroleum, afin d'évaluer le potentiel commercial de la région.
En janvier, la NNPC a déclaré avoir « intensifié sa collaboration » avec le groupe franco-américain de services pétroliers Schlumberger pour explorer la zone du lac Tchad. « Il y a un potentiel certain (...). Mais encore une fois, si Boko Haram est présent, vous n'avez peut-être pas envie d'aller forer dans le Nord-Est », affirme Gail Anderson, analyste au Nigeria chez Wood Mackenzie.
Le gouvernement a jusque-là concentré ses efforts d'exploration à Bauchi et à Gombe, à distance des points chauds où Boko Haram opère.

Stéphanie FINDLAY/AFP

Encouragé par ses victoires militaires contre Boko Haram, le Nigeria repart en quête d'or noir dans le nord-est du pays, éveillant les appétits de groupes chinois et anglo-saxons malgré une situation sécuritaire encore volatile.L'administration du président Muhammadu Buhari explore les bassins intérieurs allant de l'État central de Benue au cœur des bastions de Boko Haram, dans le...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut