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Moyen Orient et Monde - Droits de l’homme

Erdogan pousse le bouchon encore plus loin dans la répression

Rien ne saurait arrêter Recep Tayyip Erdogan. Les purges, d'une ampleur sans précédent dans l'histoire moderne de la Turquie, lancées par les autorités turques après le putsch avorté du 15 juillet, se poursuivent, et c'est cette fois Amnesty International qui en fait les frais. Un tribunal d'Istanbul a ordonné hier le placement en détention de la directrice de l'ONG en Turquie, Idil Eser, ainsi que six autres militants des droits de l'homme qui ont été incarcérés dans l'attente de leur procès à une date non déterminée. Quatre autres militants des droits de l'homme, interpellés en même temps, ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire.

« Idil Eser et les autres activistes emprisonnés sont accusés à tort d'avoir commis un crime au nom d'une organisation terroriste », déplore Fotis Filippou, directeur adjoint du programme Europe à Amnesty, contacté par L'Orient-Le Jour. L'expression « organisation terroriste » désigne le plus souvent pour les autorités turques les partisans du prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir fomenté le putsch manqué, il y a un an, ou les séparatistes kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). Au-delà des putschistes présumés, les purges menées depuis le coup d'État manqué ont touché des opposants politiques prokurdes, des médias critiques et plusieurs ONG, et les détracteurs du président Recep Tayyip Erdogan l'accusent de profiter de l'état d'urgence en vigueur pour étouffer toute voix discordante. « Nous observons une répression importante suite au coup d'État manqué de l'été dernier et une violence exacerbée, que nous n'avions pas connue depuis un long moment. La Turquie est en train de devenir la plus grande prison pour les journalistes, avec plus de 130 d'entre eux emprisonnés à l'heure actuelle », rappelle M. Filippou.

 

(Lire aussi : Un an après le putsch raté, Erdogan promet d'"arracher la tête des traîtres")

 

Au matin du mercredi 5 juillet, la police a arrêté huit défenseurs des droits humains et deux formateurs lors d'un atelier de formation à la sécurité informatique et à la gestion des données sur l'île de Büyükada, près d'Istanbul. Durant plus de 24 heures, ils ont été privés de contact avec leur famille ou avec un avocat, et personne ne savait où ils se trouvaient. Parmi les six personnes toujours détenues figurent un Suédois et un Allemand, tous deux formateurs lors de cet atelier. Figurent également Ilknur Ustün, de l'ONG Coalition des femmes, et Veli Acu, de la Fondation des droits de l'homme. La semaine dernière, M. Erdogan avait publiquement accusé les militants arrêtés de mener des activités s'inscrivant « dans la continuité du (putsch du) 15 juillet », sans autre précision. Selon Amnesty, il s'agissait d'un atelier de routine sur les droits de l'homme comme l'ONG en organise régulièrement partout dans le monde.

« Nous sommes extrêmement inquiets suite à ces incarcérations, et cette situation ne laisse espérer rien de bon à l'avenir quant aux droits de l'homme dans ce pays », poursuit M. Filippou. Depuis le putsch avorté, plus de 50 000 personnes, dont des opposants du président Erdogan, des membres d'ONG et des journalistes, ont été arrêtées. Le mois dernier, le président d'Amnesty en Turquie, Taner Kiliç, avait également été arrêté, accusé d'être un partisan du prédicateur Gülen. « Les militants qui ont été injustement arrêtés sont ceux qui défendent la liberté en Turquie, et les voilà visés à leur tour », s'insurge M. Filippou.

 

(Lire aussi : Rojda Oğuz, journaliste en Turquie : « C’est en résistant que nous vaincrons »)

 

Espoir de réactions fermes
À Paris, le ministère français des Affaires étrangères a affirmé que la France « reste préoccupée par les arrestations qui ont visé récemment des responsables turcs d'Amnesty International ainsi que d'autres défenseurs des droits de l'homme et des journalistes » et appelé à leur libération rapide.

Le gouvernement turc est en train de « dissoudre la démocratie et l'État de droit », a pour sa part déclaré le chef des sociaux-démocrates allemands, Martin Schulz, à l'hebdomadaire Der Spiegel, tout en reprochant à la chancelière Angela Merkel de « rester silencieuse » face aux agissements de la Turquie. « C'est le moment de vérité pour la Turquie, d'une part, mais aussi pour la communauté internationale, d'autre part », interpelle M. Filippou. « Nous appelons à une réaction ferme de la part des gouvernements étrangers qui clament vouloir défendre les droits de l'homme dans le monde entier, nous voulons qu'ils agissent et nous demandons la remise en liberté des militants des droits de l'homme », poursuit le directeur adjoint, espérant notamment que « défendre les droits de l'homme ne deviendra pas un crime passible de prison en Turquie ». En 1998, Amnesty International avait appelé à la libération d'un certain Recep Tayyip Erdogan, alors maire d'Istanbul, emprisonné après avoir lu un poème lors d'une manifestation. Près de vingt ans plus tard, c'est désormais en tant que président que le même homme fait, à son tour, actionner la machine répressive dans son pays.

 

 

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Rien ne saurait arrêter Recep Tayyip Erdogan. Les purges, d'une ampleur sans précédent dans l'histoire moderne de la Turquie, lancées par les autorités turques après le putsch avorté du 15 juillet, se poursuivent, et c'est cette fois Amnesty International qui en fait les frais. Un tribunal d'Istanbul a ordonné hier le placement en détention de la directrice de l'ONG en Turquie, Idil...

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L,APPRENTI MINI SULTAN PARLE DE DEMOCRATIE ET APPLIQUE LA TYRANNIE LA PLUS ARBITRAIRE...

LA LIBRE EXPRESSION

07 h 50, le 19 juillet 2017

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Commentaires (1)

  • L,APPRENTI MINI SULTAN PARLE DE DEMOCRATIE ET APPLIQUE LA TYRANNIE LA PLUS ARBITRAIRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 50, le 19 juillet 2017

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