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Idées - Tribune

Réflexions sur la tentative de coup de force du 15 juillet 2016 en Turquie

Binali YILDIRIM , Premier ministre turc. Photo AFP

Un an s'est écoulé depuis que nous avons déjoué la plus sanglante attaque terroriste de l'histoire de la République de Turquie. La Turquie a prouvé, au cours de cette année, sa résistance, sa capacité de récupération et sa puissance. Il est important d'évaluer l'année écoulée et de regarder vers l'avenir.

Il est nécessaire avant tout de rappeler ce à quoi nous avons fait face. Ce que nous avons vécu cette nuit-là (le 15 juillet 2016) était une attaque contre l'État turc par des traîtres infiltrés dans l'armée turque et affiliés à un déséquilibré qui se considère comme « l'imam de l'univers ». Nous avons fait face à des meurtriers qui ont bombardé leur propre Parlement national, ravagé le siège des forces spéciales de la police qui luttent en première ligne contre les organisations terroristes, conduit des chars sur des civils sans armes et tiré à partir d'avions de chasse et d'hélicoptères de combat. Nous n'avons jamais vécu une telle atrocité dans notre histoire. Ce réseau terroriste a tué 250 de nos citoyens et en a blessé plus de 2 000.

Lorsque nous regardons en arrière, deux raisons de fierté émergent de cette très douloureuse expérience. La première est le courage et la détermination du peuple turc. Nos citoyens de chaque composante de la société et de chaque courant politique sont descendus dans la rue contre les putschistes. Nos chaînes de télévision ont poursuivi leurs émissions malgré les menaces et les raids des putschistes. La nation turque s'est unifiée.

La seconde est que la nation turque a montré au monde entier qu'elle a protégé et qu'elle continuera de protéger la démocratie. Mon peuple a montré que seuls les gouvernements qui parviennent au pouvoir par la voie démocratique et par la volonté nationale peuvent prédominer et non les groupes armés. La légitimité la plus puissante est la légitimité démocratique. En tant que nation, nous avons fièrement réussi cette épreuve de démocratie.

Cependant, la question que ma petite fille m'a posée cette nuit en toute innocence ne sera pas effacée de ma mémoire ni de notre mémoire : « Grand-père, est-ce qu'ils ne sont pas nos soldats? » En effet, quel état d'esprit pourrait permettre à une personne d'attaquer avec tant de barbarie son propre peuple, ses institutions, ses symboles et ses leaders ?

La réponse se trouve dans la nature du réseau traître auquel nous faisons face. Nous étions face à un réseau criminel qui exécutait aveuglément les ordres de son chef Fethullah Gülen transmis par un professeur en théologie. Nous parlons d'un réseau de traîtres qui salue militairement le dirigeant d'une société appartenant à FETÖ ainsi que le propriétaire présumé d'une école dirigée par cette organisation, et ce à partir d'une caserne qu'il utilisait comme siège et qui n'a rien compris de l'histoire glorieuse et millénaire du soldat turc.

Notre gouvernement avait effectivement découvert avant le 15 juillet le vrai visage de Fethullah Gülen et était passé à l'action. Nous nous efforcions de dévoiler les intrusions de cette structure dans l'État. Nous avions atteint une étape importante. Cependant, la tentative de coup d'État du 15 juillet a déplorablement démontré que la menace à laquelle nous étions confrontés était beaucoup plus profonde et mortelle et au-delà de nos estimations. La gravité du complot mené par Fethullah Gülen pendant 40 ans afin de s'approprier l'État turc a été démasquée. Conformément aux directives de Fethullah Gülen, les membres de FETÖ « ont agi dans les vaisseaux capillaires du système sans se faire remarquer » et ont accédé à presque « tous les centres de pouvoir », tout comme une infection provoquée par un virus s'accapare progressivement des organes vitaux d'un corps. Des enquêtes administratives, pénales et juridiques exhaustives ont été menées au cours de l'année suivant le 15 juillet. De très nombreuses preuves ont été trouvées concernant cette organisation qui a organisé et mené la tentative de coup d'État.

Les preuves ont démontré que nous sommes face à une structure qui a créé un système de croyances perverti et ésotérique dirigé par Fethullah Gülen. Les écoles et les foyers de l'organisation ont servi de centres de lavage de cerveau et de recrutement de militants. Les membres de l'organisation formés dans ces écoles et fidèles à leur leader, qu'ils considèrent comme un « Messie », ont été infiltrés dans les institutions de l'État. Ainsi, les personnes qui étaient en mesure d'effectuer tout acte illégal et immoral conformément aux objectifs de l'organisation avaient été placées aux positions stratégiques. Ces individus ont organisé des complots tels que des infractions aux examens de fonctionnaire, des écoutes illégales, du chantage et des faux procès. Des sources financières ont été fournies à l'organisation par le biais d'organismes créés sous le titre d'institutions et d'associations caritatives. Des transactions monétaires de milliards de dollars ont été blanchies à travers de grands holdings et des banques. La section média de l'organisation a entrepris la tâche d'outil de propagande. Est-ce qu'il peut y avoir « un mouvement éducatif » qui fonctionne comme une cellule, qui reconnaît ses membres avec des noms de code, qui invente des applications cryptées pour faciliter la communication entre ses membres, qui leur apprend des techniques pour échapper au service de renseignements et des tactiques pour dissimuler leur appartenance? Cette nouvelle génération d'organisation terroriste a utilisé toutes les méthodes sans aucune exception pour éliminer ceux qui n'en font pas partie et a ainsi tenté de prendre non seulement le pouvoir mais aussi l'État de la République de Turquie en ligne avec ses objectifs pervers. Ce que la nation turque a pulvérisé le 15 juillet est cet objectif dangereux et pervers.

Je peux dire que nous avons brisé en Turquie la colonne vertébrale de cette organisation grâce aux mesures que nous avons prises. Cependant, la menace n'est pas limitée à la Turquie. L'organisation a dans plusieurs autres pays des structures similaires à celles de la Turquie. Elles continuent actuellement de semer les graines de la trahison au sein d'autres États. Elles sont activement à la recherche d'influence économique et politique à l'échelle globale afin de survivre. À cette occasion, je tiens à prévenir de nouveau tous nos amis.

La nation turque a prouvé au monde entier que la démocratie, qui n'est pas acquise facilement, est un bien précieux qui mérite même le sacrifice. Notre tâche principale est de prendre les mesures nécessaires de sorte que nous n'ayons plus jamais à faire face à une telle menace. Nous faisons un grand effort afin de remettre les choses dans l'ordre constitutionnel. Finalement, la démocratie turque a été visée et notre démocratie a triomphé. Par conséquent, notre objectif est de prendre, avec le temps, les mesures nécessaires afin de préserver notre démocratie.


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La Turquie depuis la tentative de coup d'Etat

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