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Liban - Terrorisme

Sept militaires blessés dans des attentats-suicides dans le jurd de Ersal

Des soldats libanais déployés à l’entrée de Ersal hier. Hassan Abdallah/Reuters

Cinq kamikazes se sont fait exploser hier lors de descentes militaires dans les camps de réfugiés syriens al-Nour et al-Qariya, à l'est de Ersal, région frontalière de la Syrie, blessant sept militaires et tuant une fillette syrienne.

« Lors du raid mené à l'aube par une unité de l'armée dans le camp al-Nour pour les réfugiés syriens, un kamikaze a actionné sa ceinture devant une patrouille militaire, blessant légèrement trois soldats », a indiqué hier l'armée dans un communiqué, soulignant qu'« un peu plus tard, trois kamikazes se sont fait exploser sans faire de victime parmi les militaires, tandis que d'autres jihadistes ont actionné un engin explosif sans faire de dégâts non plus ».
« Lors d'un autre raid dans le camp d'al-Qariya, un terroriste s'est fait exploser sans faire de victimes parmi les soldats, poursuit le texte, alors qu'un autre terroriste a lancé une grenade en direction d'une patrouille, blessant légèrement quatre militaires. »
L'armée devait ensuite publier un second communiqué annonçant que « l'un des kamikazes s'est fait exploser au milieu d'une famille de réfugiés, tuant une fillette ».

 

(Lire aussi : L’opération de l’armée, un prélude à la fin de la « poche ersaloise », le décryptage de Scarlett Haddad) 

 

Selon des sources informées, l'objectif de l'opération militaire dans ces camps était d'arrêter un homme recherché, lequel s'est avéré être le premier à se faire exploser. Dans les mêmes milieux, on rapporte que les kamikazes prévoyaient des opérations-suicides allant de Zahlé (Békaa) jusqu'à Beyrouth. On apprend en outre que des dizaines d'arrestations de ressortissants syriens ont eu lieu dans ce cadre, notamment celle d'Ahmad Khaled Diab, meurtrier du lieutenant-colonel Noureddine Jamal, tué lors des combats qui se sont produits à Ersal en 2014.

Suite aux événements, le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, s'est rendu à Ersal où il a passé en revue les unités militaires, rendant hommage au courage des soldats qui ont procédé à cette opération préventive destinée à rechercher des terroristes et saisir des armes.
« L'armée est totalement apte à affronter tout ce qui menace la sécurité », a déclaré M. Aoun, affirmant
qu' « elle est dans une position offensive et non défensive ». « Nous n'attendrons pas les terroristes », a-t-il martelé.

Dans l'après-midi, le commandant en chef a été joint au téléphone par le président du Parlement, Nabih Berry, qui l'a félicité de la réussite de l'opération militaire, souhaitant aux soldats blessés un prompt rétablissement et rendant hommage à leurs sacrifices consentis.

 

(Pour mémoire : La bataille du jurd de Ersal aura-t-elle lieu ? Deux ex-militaires répondent à « L'OLJ »)

 

 

Les réactions
Le raid réussi de l'armée a par ailleurs suscité des réactions de responsables de tous bords, qui, tout en saluant son action, ont tous mis l'accent sur la nécessité de resserrer les rangs autour de la troupe.

Depuis l'aéroport de Beyrouth, retour de Fatima, le patriarche maronite Béchara Raï a ainsi rendu hommage à « l'armée et à toutes les forces de sécurité pour l'opération menée à l'aube (d'hier) », jugeant qu'« à chaque fois, une main providentielle protège notre patrie ».

De son côté, le président du Conseil supérieur chiite, le cheikh Abdel Amir Kabalan, a exhorté l'État à « procurer un soutien financier à l'armée et à l'équiper du matériel le plus moderne », affirmant dans une déclaration que celle-ci « s'est montrée capable de repousser l'ennemi takfiriste, et d'épargner au pays des meurtres et des massacres qui, s'ils s'étaient produits, auraient eu des conséquences désastreuses ».

Dans les milieux ministériels, Yaacoub Sarraf, ministre de la Défense, a affirmé que « l'institution militaire a montré une fois de plus qu'elle constitue une soupape de sécurité », soulignant dans une déclaration, qu'« il n'y aura pas de vivier du terrorisme au Liban ».

Le ministre d'État Nicolas Tuéni a, de son côté, estimé que l'armée « a évité au pays un acte destructeur et criminel qui allait toucher des innocents », tandis que Ali Hassan Khalil, ministre des Finances, a qualifié d'« exploit » l'opération de la troupe, souhaitant que celle-ci « bénéficie d'un appui politique et moral pour qu'elle continue à tenir le défi face au terrorisme et à faire échec à ses plans funestes ».

Quant au Hezbollah, il a estimé dans un communiqué que « la nouvelle opération vient compléter les efforts des services de sécurité pour éradiquer les groupes terroristes disséminés, et complète également les opérations de la résistance sur les frontières orientales destinées à empêcher les terroristes armés de s'introduire en territoire libanais ». « Il est demandé aujourd'hui de réunir et coordonner les efforts pour combler les failles d'où peuvent surgir les terroristes, et de protéger le Liban et les Libanais des grands dangers qui les visent. »

Commentant à son tour les événements de Ersal, la présidente du Bloc populaire, Myriam Skaff, a estimé, dans une déclaration, que « grâce à l'acte héroïque de l'armée, nos frontières ont désormais une nouvelle vie », affirmant que « les plans terroristes visaient le pays, de Zahlé à Beyrouth ».

Le coordinateur des forces du 14 Mars, l'ancien député Farès Souhaid, a pour sa part réagi en ces termes sur son compte Twitter : « À chaque fois que l'armée réussit une opération, notre confiance grandit, parce que la protection du Liban relève de la responsabilité exclusive de l'État. »

Les attaques-suicides ont en outre suscité de vives condamnations à l'étranger. En France, le Quai d'Orsay a fustigé avec « la plus grande fermeté » l'attaque « qui a visé le 30 juin les forces armées libanaises présentes dans les camps de réfugiés à l'est du pays et qui a coûté la vie à une petite fille et fait plusieurs blessés ».

Dans une déclaration, le ministère français des Affaires étrangères a présenté les condoléances de la France à la famille de la victime, assurant les blessés de la « solidarité » de son pays. « La France réitère son soutien à la stabilité du Liban, à sa sécurité et aux institutions qui en ont la charge. Elle restera pleinement engagée aux côtés des autorités libanaises dans la lutte contre le terrorisme », conclut le message du Quai d'Orsay.

 

 

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