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Moyen Orient et Monde - Cisjordanie occupée

Colonisation : sans vergogne, Israël enfonce le clou

L'annonce par Benjamin Netanyahu de la création d'Amichaï, première unité nouvelle en 25 ans, survient à l'heure où les États-Unis tentent de relancer le processus de paix.

Une tractopelle prépare le terrain pour la nouvelle colonie en Cisjordanie occupée. Ronen Zvulun/Reuters

Un véritable pied de nez à la communauté internationale, mais avant tout aux Palestiniens. Quelques jours à peine après le cinquantenaire de la guerre des Six-Jours, Israël a entamé hier la construction d'une nouvelle colonie en Cisjordanie, une première en 25 ans dans ce territoire palestinien occupé, et il y a peu de chances que Washington puisse s'y opposer de manière efficace.

« Après des décennies, j'ai le privilège d'être le Premier ministre qui construit une nouvelle colonie en Judée-Samarie », a annoncé Benjamin Netanyahu sur Twitter, en utilisant le nom biblique utilisé par certains dirigeants israéliens pour désigner la Cisjordanie, petit territoire palestinien occupé depuis 50 ans par l'armée israélienne et où vivent plus de 400 000 colons, de façon illégale selon le droit international. « Aujourd'hui, les travaux ont débuté sur le terrain ; comme je l'avais promis, pour créer une nouvelle colonie pour les colons d'Amona », a ajouté M. Netanyahu au-dessus d'une photo d'une pelleteuse et d'une foreuse s'activant sur une colline rocailleuse.

Depuis 25 ans, Israël se contentait d'agrandir des colonies déjà existantes en Cisjordanie. La nouvelle colonie d'Amichaï, annoncée officiellement en mars, doit accueillir une quarantaine de familles évacuées en février d'Amona, une colonie dite « sauvage », c'est-à-dire illégale même aux yeux de la loi israélienne. Les travaux consistent pour le moment à aplanir le terrain afin d'accueillir une dizaine de « mobile homes », a indiqué un porte-parole de la principale organisation des colons à l'AFP.

L'émissaire de l'ONU chargé du Proche-Orient a, de son côté, déploré hier la hausse importante des constructions de logements dans les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens ces trois derniers mois, en dépit d'une résolution de l'ONU qui en réclame l'arrêt. « Aucune mesure n'a été prise » pour se conformer à la résolution adoptée en décembre, qui demande de mettre fin aux colonies, a déploré hier Nikolaï Mladenov devant le Conseil de sécurité, auquel il présentait un rapport sur la région. Ces déclarations surviennent au lendemain de la publication de données du bureau central des statistiques en Israël, selon lequel la construction dans les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée a bondi de 70 % en un an.

L'ONG israélienne anticolonisation La Paix maintenant a indiqué que le boom de construction dans les colonies en territoire occupé avait coïncidé avec une baisse de 2,5 % dans le secteur de la construction à l'intérieur d'Israël. « Au lieu d'œuvrer à régler la crise du logement en Israël, le gouvernement privilégie une minorité vivant au-delà des frontières de l'État », a déploré cette ONG.

Le porte-parole de la présidence palestinienne Nabil Abou Roudeina a dénoncé une « tentative de faire échouer les efforts américains », y voyant la preuve qu'« Israël ne croit pas aux efforts américains ».

 

(Lire aussi : Israël : avancée record des projets de colonisation depuis 1992)

 

 

Impuissance américaine
Le timing est tout sauf anodin. L'annonce du début des constructions à la colonie d'Amichaï intervient en effet au lendemain de l'arrivée de Jason Greenblatt, l'envoyé du président américain Donald Trump, qui doit rencontrer des responsables israéliens et palestiniens pour tenter de relancer des négociations suspendues depuis 2014. Il sera rejoint aujourd'hui par le gendre et conseiller de M. Trump, Jared Kushner.

L'annonce d'hier devrait toutefois avoir peu d'impact sur la mission que se sont fixée les émissaires américains. L'administration américaine est parfaitement consciente des velléités expansionnistes israéliennes qui, en se poursuivant, empêchent la création d'un État palestinien. « Cela contribue à faire perdre l'espoir encore plus à un peuple déjà au bord du gouffre. On ne peut ignorer que sans le soutien américain, cette politique d'occupation aurait cessé depuis longtemps », dénonce Sam Bahour, activiste, conseiller en management et auteur palestinien.

Ce n'est probablement pas un hasard que dans la foulée de l'investiture de M. Trump, considéré comme plus favorable aux positions israéliennes que son prédécesseur Barack Obama, Israël a procédé à cinq annonces d'extension de colonies portant sur plus de 6 000 logements. La Maison-Blanche a fini par appeler Israël à la retenue, mais sans convaincre grand monde.

Le gouvernement israélien, le plus à droite de l'histoire de l'État hébreu et faisant la part belle aux défenseurs de la colonisation, cherche à créer les conditions pour continuer à construire dans les territoires palestiniens sans braquer l'administration américaine. Cette dernière n'avait pas réagi, déjà en mars, lors de l'annonce de la création de la colonie d'Amichaï. Il y a donc peu de risques qu'elle prenne des mesures véritablement fermes pour raviver des négociations israélo-palestiniennes moribondes. Donald Trump lui-même appelle, non pas à une solution politique, mais à un « deal », dans le sens commercial du terme, rappelle Sam Bahour, qui estime qu'une explosion de violence peut survenir à n'importe quel instant. « Les États-Unis pourraient agir, mais ils ne le feront pas, à moins que le coût de l'inaction ne s'avère plus élevé que celui de l'action », déplore l'activiste.

En attendant, la construction de colonies, qui s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967, rogne chaque jour un peu plus les territoires sur lesquels les Palestiniens souhaitent créer leur État ou compromet la continuité territoriale, donc la viabilité d'un tel État.

 

 

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Un véritable pied de nez à la communauté internationale, mais avant tout aux Palestiniens. Quelques jours à peine après le cinquantenaire de la guerre des Six-Jours, Israël a entamé hier la construction d'une nouvelle colonie en Cisjordanie, une première en 25 ans dans ce territoire palestinien occupé, et il y a peu de chances que Washington puisse s'y opposer de manière...

commentaires (2)

DE LA PROVOCATION PURE ET SIMPLE CONTRE NON SEULEMENT LES PALESTINIENS ET LES ARABES ET MUSULMANS, MAIS CONTRE LE MONDE EN ENTIER ! OU EST L,ONU QUI LES A CREES... OU EST LE MONDE ?

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 58, le 21 juin 2017

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Commentaires (2)

  • DE LA PROVOCATION PURE ET SIMPLE CONTRE NON SEULEMENT LES PALESTINIENS ET LES ARABES ET MUSULMANS, MAIS CONTRE LE MONDE EN ENTIER ! OU EST L,ONU QUI LES A CREES... OU EST LE MONDE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 58, le 21 juin 2017

  • C'est un scandale que les "démocraties", championnes auto-proclamées de La Défense des droits de l'Homme, laissent faire, en toute impunité, au risque de désespérer un peu plus les Palestiniens et de les radicaliser. Et ce n'est hélas ni en Israël ni en Palestine qu'on trouve aujourd'hui le Mandela qui sauvera l'honneur du monde.

    Marionet

    08 h 22, le 21 juin 2017

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