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À La Une - Allemagne

Berlin ordonne le retrait de ses troupes de la base turque d'Incirlik

Les militaires redéployés sur la base d'Azraq, en Jordanie.

Un avion de la force aérienne allemande atterrit sur la base aérienne d'Incirlik, à Adana, en Turquie, le 10 décembre 2015. REUTERS / Umit Bektas / File Photo

Le gouvernement allemand a décidé mercredi de retirer ses troupes déployées sur la base turque d'Incirlik et de les transférer en Jordanie, dernier épisode de la profonde crise dans les relations germano-turques.

"Nous allons déplacer les avions en Jordanie", a annoncé à la presse la ministre de la Défense Ursula Von der Leyen à la sortie du conseil des ministres, deux jours après les dernières discussions infructueuses entre Berlin et Ankara sur ce sujet.

La chancelière Angela Merkel a tenu néanmoins à minimiser la portée de cette décision pour les relations avec la Turquie, jugeant que l'Allemagne tournait ainsi la page sur cette dispute. "Nous allons nous concentrer sur d'autres sujets", a-t-elle dit lors d'une conférence de presse à Berlin au côté de son homologue bulgare Boyko Borissov, "nous devons maintenir le dialogue avec la Turquie".

Berlin a décidé de ce retrait en réponse au maintien de l'interdiction faite aux parlementaires allemands de se rendre sur cette base de l'Otan où quelque 260 soldats de la Bundeswehr participent aux opérations de la coalition internationale contre le groupe État islamique en Syrie et en Irak.

Berlin va donc redéployer ses militaires sur la base d'Azraq, en Jordanie, ainsi que 10.000 tonnes de matériel réparties dans environ 200 conteneurs, un défi logistique dont le calendrier et les modalités ne sont pas encore précisément fixées.

Ce transfert impliquera une interruption des interventions allemandes, d'au moins "deux ou trois semaines" pour l'avion ravitailleur de la Bundesrat et de "deux à trois mois" pour les missions de reconnaissance des avions Tornado au-dessus des territoires contrôlés par les jihadistes, a averti Mme Von der Leyen.

 

 

 

Azraq moins sûre ?
La ministre conservatrice, proche d'Angela Merkel, doit encore s'accorder avec ses partenaires de l'Otan pour savoir à quel moment lancer l'opération, et décider qui prendra le relais des Allemands "pour éviter tout préjudice" durant l'intervalle.

Sur le plan interne, le gouvernement allemand n'est légalement pas tenu de saisir le Bundestag, mais la plupart des médias s'attendent à un débat au Bundestag pour des raisons politiques, la Bundeswehr étant considérée comme "une armée parlementaire".

Tous les groupes parlementaires sont favorables au retrait d'Incirlik et les premiers commentaires de députés portent sur des points secondaires : le parti social-démocrate a relevé la situation moins sûre et pratique d'Azraq, qui implique le survol de pays non membres de l'Otan, tandis que la gauche radicale réclame un retrait allemand pur et simple des opérations anti-EI.

L'affaire d'Incirlik a provoqué un regain de tension entre Ankara et Berlin, deux partenaires au sein de l'Alliance atlantique dont les relations se sont considérablement dégradées au cours des derniers mois, notamment depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016.

 

(Lire aussi : Base d’Incirlik : Ankara et Berlin n’ont pas surmonté leur différend)

 

 

Turbulences
A la mi-mai, la Turquie avait justifié l'interdiction faite aux députés allemands de visiter Incirlik en reprochant à Berlin d'avoir accordé l'asile politique à des ressortissants turcs, dont des militaires, accusés par le président Recep Tayyip Erdogan d'être liés à la tentative de coup d’État. Les relations entre les deux partenaires historiques traversent régulièrement des zones de turbulences.

Les rapports s'étaient fortement tendus au début du printemps, lorsque des villes allemandes avaient interdit la tenue de rassemblements de campagne pour le renforcement des pouvoirs de M. Erdogan lors d'un référendum en avril. Autre sujet de tension, le cas de Deniz Yücel, un journaliste binational incarcéré depuis février en Turquie? où il est accusé d'"espionnage" et d'activités "terroristes".

Au grand dam du gouvernement turc, les dirigeants allemands font épisodiquement part de leur préoccupation sur la situation des droits de l'homme en Turquie, en particulier depuis le putsch manqué de juillet dernier.

Après le coup de force, Ankara a lancé des purges d'une ampleur inédite : quelque 50.000 personnes ont été arrêtées et plus de 100.000 limogées ou suspendues. Des centaines d'autres ont fui à l'étranger, notamment en Allemagne, et le gouvernement turc demande avec insistance leur extradition.

 

 

 

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Le gouvernement allemand a décidé mercredi de retirer ses troupes déployées sur la base turque d'Incirlik et de les transférer en Jordanie, dernier épisode de la profonde crise dans les relations germano-turques.
"Nous allons déplacer les avions en Jordanie", a annoncé à la presse la ministre de la Défense Ursula Von der Leyen à la sortie du conseil des ministres, deux jours après...

commentaires (1)

y aurait 'il dans la brise Erdoganesque ...un petit parfum anxiogène pour l'Oncle Sam ... " d'Otan emporte levant " ....?

M.V.

15 h 01, le 07 juin 2017

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Commentaires (1)

  • y aurait 'il dans la brise Erdoganesque ...un petit parfum anxiogène pour l'Oncle Sam ... " d'Otan emporte levant " ....?

    M.V.

    15 h 01, le 07 juin 2017

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