Berlin "déplore" l'annulation d'une visite de députés en Turquie

Berlin a "déploré" mercredi l'annulation d'une visite de députés allemands en Turquie, que les "plus hautes autorités" d'Ankara n'ont pas jugée "opportune", une nouvelle illustration des tensions entre l'Allemagne et la Turquie.

Prévue depuis des semaines, la visite des quatre députés avait été annulée mardi, mais aucune raison n'avait alors été avancée.

Mercredi, Claudia Roth, vice-présidente écologiste du Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand qui devait faire partie de cette délégation, a expliqué que ce déplacement était considéré par "les plus hautes" autorités turques comme "pas opportun".
"Nous le regrettons et (...) le déplorons aussi, car une nouvelle fois, une chance d'entretenir le dialogue a été gâchée", a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Martin Schäfer, lors du point presse gouvernemental régulier.
La crise entre les deux pays atteint "un nouveau niveau", a estimé Mme Roth, parlant d'une "provocation politique adressée à l'ensemble du Bundestag".

Les quatre députés devaient se rendre de jeudi à dimanche à Ankara, Istanbul et Diyarbakir, "capitale" du sud-est à majorité kurde. Ils devaient rencontrer les dirigeants du Parlement turc et des députés ainsi que des représentants du ministère des Affaires étrangères pour évoquer la situation en Turquie après le référendum qui a accordé des pouvoirs accrus au président turc, Recep Tayyip Erdogan.

Aucune visite de la base militaire d'Incirlik, au coeur de la dernière passe d'armes entre les deux capitales, n'était à l'ordre du jour.

Ankara avait interdit la semaine dernière à des députés allemands de se rendre sur cette base où sont déployés des militaires allemands et qui sert aux opérations de la coalition internationale contre le groupe jihadiste Etat islamique.

La Turquie n'avait pas officiellement expliqué les raisons qui avaient motivé cette interdiction, mais l'Allemagne soupçonne la Turquie de la punir pour avoir accordé l'asile politique à des militaires turcs qui en avaient fait la demande après les purges déclenchées à la suite du coup d'Etat manqué de juillet 2016.
Berlin et Ankara, alliés au sein de l'Otan, multiplient depuis un an les passes d'armes et les crises diplomatiques, la Turquie accusant régulièrement l'Allemagne d'ingérence ou de soutien à des groupes "terroristes" comme le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).