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À La Une - Crise

Maroc : grève générale à Al-Hoceïma, toujours mobilisé

La classe politique reste muette et les médias publics font pour le moment une couverture minimale des évènements.

Des milliers de manifestants se sont réunies dans la nuit du 30 mai au 1er juin 2017 à Al-Hoceïma, dans le Rif marocain, pour réclamer la libération du leader de la contestation locale, Nasser Zefzafi. AFP / FADEL SENNA

Un mot d'ordre de grève générale était largement suivi jeudi à Al-Hoceïma, dans le nord du Maroc, où les manifestations pour réclamer la libération du leader de la contestation locale se poursuivent à un rythme quotidien.

En milieu d'après-midi, la quasi-totalité des magasins du centre-ville était fermée, a-t-on constaté. De nombreux policiers étaient déployés sur la place centrale de la ville, avec des estafettes dispersées dans les ruelles quasi-désertes du centre, où circulaient essentiellement quelques petits groupes de jeunes. "Quiconque menace les propriétaires des commerces pour fermer sera immédiatement arrêté", ont mis en garde les autorités locales.

Depuis la diffusion vendredi d'un mandat d'arrêt visant Nasser Zefzafi, le leader de la contestation qui secoue la région du Rif ces derniers mois, la ville côtière d'Al-Hoceïma est en effervescence. Pour la sixième nuit consécutive mercredi soir, des protestataires, aux cris de "Nous sommes tous Nasser Zefzafi!", avaient investi les rues de la ville après le repas de rupture du jeûne du ramadan. Le rassemblement s'est achevé peu avant minuit sans incident.

Après avoir interrompu vendredi le prêche d'un imam dans une mosquée, Nasser Zefzafi, qui dénonçait depuis des mois la "dictature" et "la corruption" du "makhzen" (pouvoir), a été interpellé lundi par la police pour "atteinte à la sécurité intérieure".

Selon un décompte officiel, la police a procédé depuis vendredi à une quarantaine d'arrestations, visant essentiellement le noyau dur du "hirak" (la "mouvance), nom donné à ce mouvement qui lutte pour le "développement" du Rif, région qu'il estime marginalisée. Vingt-cinq des personnes arrêtées ont été déférées devant le parquet. Leur procès s'est ouvert mardi mais a été reporté au 6 juin.  Selon la presse marocaine, certains des suspects, qui avait été transférés à Casablanca, ont pu recevoir jeudi la visite de leurs avocats, à l'exception de Zefzafi.

 

(Lire aussi : La contestation populaire se poursuit dans le Rif)

 

"Tentatives de médiation"
La manifestation de mercredi soir, quoique moins nombreuse que la veille, a montré que la contestation perdure malgré les arrestations, et même se réorganise.

Collecte de fonds, volontaires en gilet fluo, carré pour la presse, et femmes mises en avant au micro pour exiger la "libération des prisonniers"... Le discours a évolué aussi, avec une mise en sourdine des références islamiques souvent citées par Zefzafi ces dernières semaines. "Privé de ses leaders, le hirak s'organise", selon l'hebdomadaire TelQuel.

De nouveaux visages du mouvement sont apparus sur le devant de la scène, comme Nawal Benaissa, 36 ans et mère de quatre enfants, qui a harangué la foule mercredi soir cheveux au vent. Disant être convoquée par la police, celle-ci s'est rendue jeudi matin au commissariat d'Al-Hoceïma, d'où elle est ressortie libre peu après et a affirmé avoir été interrogée notamment à propos du mot d'ordre de grève générale qu'elle avait lancé la veille, a-t-on constaté.

Après des heurts nocturnes avec les policiers pendant le weekend, les manifestations se déroulent depuis lors sans violences. Des rassemblements ont été signalés ailleurs dans la province ces derniers jours, mais il est difficile d'en cerner l'importance. Des sit-in et rassemblements de "solidarité" ont été organisés dans d'autres villes de la région nord et ailleurs dans le royaume, dont plusieurs ont été dispersés violemment par la police, à Rabat, Casablanca et Meknès.

Selon le site d'info en ligne Le Desk, "faux leaks et images tendancieuses" -dont des photos personnelles de Zefzafi- abondent désormais sur le net. Le ministère de l'Intérieur a démenti mercredi soir être à l'origine de toute fuite ou annonce via les réseaux sociaux, appelant à la "vigilance" face aux informations "erronées" qui lui sont attribuées.

Après un long mutisme, la classe politique est sortie de son silence mercredi soir. Les chefs des partis de la majorité se sont réunis sous la houlette du Premier ministre islamiste Saad-Eddine Al-Othmani pour examiner la situation dans la région.

Ils ont "réaffirmé le droit à protester pour exprimer des revendications sociales légitimes" tout en appelant "le gouvernement à davantage d'interaction positive avec les revendications des habitants" d'Al-Hoceïma, selon l'agence de presse MAP (officielle). La presse marocaine s'est fait l'écho de plusieurs tentatives de médiation lancées par des associations de la société civile, sans concrétisation visible à ce jour.

 

 

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