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Liban - Bac français

L’art, la conscience et le travail s’invitent à l’épreuve de philosophie

De nombreux élèves ont passé hier la première épreuve du baccalauréat. Un examen qui se tient jusqu'à lundi prochain.

Des lycéens devant le collège Melkart.

Il est 10h30. Les barrières s'ouvrent devant le Grand Lycée franco-libanais à Beyrouth pour laisser passer les terminales. Au collège Melkart, à Louaïzé, les lycéens sont déjà nombreux devant l'établissement, photocopies à la main. Ils viennent de passer l'épreuve, redoutée ou attendue, de philosophie, celle qui marque le début du baccalauréat français. « Peut-on justifier une injustice? » « Les connaissances nous aident-elles à vivre? » « Doit-on faire du travail une valeur? » « L'art est-il une forme de connaissance ? » « L'art peut-il nous éduquer ? » « Avons-nous réellement un inconscient ? »... Autant de sujets parmi lesquels ils ont dû choisir. Sur le trottoir, on surprend des rires synonymes de réussite ou de soulagement. Un peu plus à l'écart, certaines tensions se lisent sur les visages de ceux qui sont moins sûrs d'eux.

Si la majorité des lycéens sortent un par un, oscillant entre le stress et la bonne humeur, ils se réunissent vite en petits groupes de trois ou quatre, tout sourire. Devant l'établissement, le bourdonnement est caractéristique de la fin d'une épreuve : les coups de téléphone passés aux familles se mélangent aux débats entre amis ; les futurs bacheliers parlent des sujets sur lesquels ils viennent de plancher entre fierté, déception ou hésitation. Certains attendent que leurs parents viennent les chercher pour se remettre aux révisions, d'autres vont acheter un sandwich « entre potes » au coin de la rue, histoire de décompresser.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'après cette première matinée, la majorité des élèves est incertaine. « C'est la philo, on ne sait jamais si on a bien fait », avoue Jacques, précisant néanmoins qu'il pense avoir réussi son épreuve. Son ami Nady émet en revanche plus de doutes : « J'ai comparé mon plan avec mes camarades et je pense que je n'ai pas fait ce qu'il fallait. » C'est un mécanisme chez beaucoup de futurs bacheliers : en sortant de la salle, on compare les plans et les idées pour se rassurer. Mais certains préfèrent ne rien dire pour éviter l'anxiété. Cynthia, elle aussi en terminale scientifique, est de ceux qui pensent déjà à l'épreuve suivante. « Je m'en suis tenue à mon planning de révision, donc j'avais bien travaillé l'épreuve de philosophie », affirme-t-elle. Pour la jeune femme, la philosophie était davantage une « entrée en matière » puisque la journée d'aujourd'hui, mercredi, sera plus difficile. « Le matin, nous passerons l'épreuve d'histoire-géographie et nous enchaînerons avec la physique-chimie. Ce sera une longue journée », explique-t-elle.

Pour les littéraires, le challenge est plus corsé. C'est le cas de Léa, encore un peu stressée par sa première épreuve. La tête plongée dans ses papiers, elle avoue : « Je ne sais pas si j'ai fait un hors-sujet, je ne sais jamais quoi penser de mes copies de philosophie. Mais je dois absolument réussir car le coefficient est de 7. » Pour Léa, l'autre épreuve d'importance est la littérature, moment qu'elle redoute tout autant. À côté d'elle, Clara a choisi le sujet économique et social « Peut-on justifier une injustice ? ». « Les sujets étaient proches de ceux étudiés en cours cette année », lance-t-elle. C'est peut-être aussi pour cette raison que la future bachelière est sortie en avance, persuadée que « quatre heures, c'est trop long ».

 

Bac français et bac libanais
Au collège Melkart, c'est la première fois qu'un centre d'examen est installé. S'y sont retrouvés plusieurs lycéens des régions alentour, notamment issus du Collège de la Sagesse à Beyrouth. Deux autres centres ont aussi été ouverts cette année, au collège Louise Wegmann à Beyrouth et au lycée franco-libanais de Habbouche, à Nabatiyé. Cette ouverture fait suite à une forte participation au baccalauréat français. Au collège Melkart, ce sont trente-cinq salles qui ont été mobilisées, avec deux surveillants par salle, des surveillants de couloir et une dizaine d'employés au secrétariat.

Fawzi Makhoul, directeur, se dit confiant quant au déroulement des épreuves suivantes, qui se termineront le lundi 5 juin. Ce jeudi, les classes de première passeront les épreuves anticipées de français, un examen primordial pour M. Makhoul. « L'écrit de français est certainement l'épreuve la plus difficile », avance-t-il. Cette épreuve qui vient, selon ses mots, « clore tout un cycle de littérature » est non seulement la première épreuve du baccalauréat, mais demande surtout une très bonne qualité rédactionnelle.

Après le baccalauréat français, c'est au tour de l'examen libanais, qui se tiendra du 12 au 19 juin. Fawzi Makhoul regrette le faible pourcentage d'écoliers, parmi ses élèves, qui présentent le baccalauréat libanais, un taux qu'il estime entre 5 et 6 %. Amoureux du système scolaire français, il confesse : « Il est vraiment dommage que l'examen libanais demande un tel bourrage de crâne et qu'il soit aussi archaïque. Ceux qui passent le baccalauréat français apprennent à disserter alors que ceux qui passent l'examen libanais apprennent par cœur. » La première dissertation des littéraires « L'art peut-il nous éduquer ? » a particulièrement inspiré le chef d'établissement. « Je plancherais bien sur ce sujet moi aussi », lance-t-il.

 

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