Rechercher
Rechercher

À La Une - Islam

Les Libyens n'ont pas le coeur à la fête pour le ramadan

A la pénurie de liquidités et l'envolée des prix, s'ajoute la reprise des violences.

Des Libyens dans un marche de Benghazi, en Libye, le 26 mai 2017. REUTERS/Esam Omran Al-Fetori

Mois sacré et festif pour les musulmans, le ramadan commence cette année avec un goût amer à Tripoli où les habitants font face à la fois à une reprise des violences, une pénurie de liquidités et une envolée des prix.

La petite épicerie Tomzini, l'une des plus réputées de la capitale, est certes bondée pour le ramadan qui a débuté samedi. Mais les clients rechignent à ouvrir leur porte-monnaie. "Au lieu de prendre trois kilos d'amandes, j'en achète seulement pour trois dinars. Juste pour décorer", regrette Mariem, une jeune maman accompagnée de sa fillette qui regarde avec envie les bonbons multicolores.

Les prix ont été multipliés par trois, voire quatre, cette année en Libye, y compris chez Tomzini connue pour ses épices fraîches. Et certains s'empressent de faire leurs courses par crainte de voir les étiquettes encore augmenter avec la hausse de la demande durant le ramadan.

Le temps de l'abondance est révolu pour la plupart des Libyens, qui vivaient bien grâce notamment aux revenus pétroliers avant que leur pays ne sombre dans le chaos à la suite de la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011.

"Je dois faire très attention. Je ne suis pas sûr de pouvoir remplacer chaque dinar qui quitte ma poche", confie à l'AFP Moftah al-Barrani, un fonctionnaire de 59 ans. Car "nous n'avons pas reçu nos salaires depuis des mois et même si j'ai encore de l'argent à la banque, je n'y ai pas accès, il n'y a pas de cash".

 

(Lire aussi : Le ramadan a débuté pour un milliard et demi de musulmans)

 

Débrouille et entraide
Les Libyens ont en effet pris l'habitude de faire la queue devant les banques dès l'aube pour pouvoir retirer quelques dizaines de dinars.

"Je fais partie des citoyens ordinaires qui patientent devant la banque", se désole Sabri al-Bouechi, qui n'a pas pu retirer des espèces avant le ramadan. "Les responsables devraient avoir pitié des gens", ajoute ce fonctionnaire interrogé sur un marché à Tajoura, dans la banlieue est de Tripoli.

Face à cette pénurie de cash, les commerces les plus fréquentés sont ceux qui acceptent les cartes et les chèques, mais ils sont très rares. "Prenez-vous la carte de la Banque du Commerce et du Développement?", demande une cliente avant même d'entrer inspecter les rayons d'un supermarché.

A toutes ces difficultés quotidiennes, s'est ajouté la reprise des violences à la veille du début du mois sacré.
Après deux mois d'accalmie, des combats ont éclaté vendredi dans le sud de la capitale entre groupes rivaux, qui ont fait usage d'armes lourdes au milieu des quartiers résidentiels. "C'est leur cadeau aux citoyens pour le mois de ramadan", a dénoncé le gouvernement d'union nationale, qui n'arrive pas à affirmer son autorité sur la capitale comme dans le reste du pays malgré le soutien de l'ONU.

Dans un tel contexte, les Tripolitains se débrouillent et s'entraident. Dans la ville et sur les réseaux sociaux, des associations se mobilisent depuis deux mois pour collecter des produits alimentaires qu'elles distribuent aux familles en difficulté. "Cela ne sert à rien de prier et de jeûner lorsqu'un voisin a faim", explique Samer Fayyadh, le patron d'un fast-food.

Pour atténuer les effets de la crise, la Banque centrale a également décidé de consacrer plus de 550 millions de dollars (500 millions d'euros) pour faciliter l'importation de produits alimentaires durant le ramadan. Mais le risque est grand de voir ces produits subventionnés détournés par des commerçants peu scrupuleux.

Mois sacré et festif pour les musulmans, le ramadan commence cette année avec un goût amer à Tripoli où les habitants font face à la fois à une reprise des violences, une pénurie de liquidités et une envolée des prix.
La petite épicerie Tomzini, l'une des plus réputées de la capitale, est certes bondée pour le ramadan qui a débuté samedi. Mais les clients rechignent à ouvrir...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut