L’enseignement du français au service des forces régulières

C'est lors d'un dîner à l'hôtel Hilton Habtoor Grand que les militaires libanais lauréats du « Jeu de la langue et de la culture française » ont été récompensés, jeudi dernier. Des militaires qui se sont distingués par leur maîtrise du français, lors du « jeu du français » organisé par la coopération militaire française au Liban, dans le prolongement du programme d'enseignement du français mis sur pied au sein de l'armée libanaise. Le programme devrait s'étendre sur l'ensemble du territoire libanais.
En charge de ce programme linguistique, le lieutenant-colonel Fabien, coopérant militaire placé sous le commandement de la mission de défense auprès de l'ambassade de France, a remis les prix aux plus méritants, le premier prix étant un aller-retour Beyrouth-Paris. La soirée était présidée par le chargé d'affaires Arnaud Pescheux, en l'absence de l'ambassadeur Emmanuel Bonne.
Ce programme d'enseignement du français a débuté il y a une dizaine d'années dans la région de Beyrouth. Première langue étrangère au pays du Cèdre, le français est confronté à l'anglicisation de la société, un état de fait auquel les forces armées françaises et libanaises ont voulu remédier.
Avec une quinzaine de centres militaires d'enseignement du français au Liban, le dispositif est opérationnel. Les militaires suivent une formation continue en français, composée d'un programme précis et d'examens militaires en langue française. À l'aube du projet, les premiers enseignants avaient été formés par la coopération militaire française. Les forces armées libanaises se chargeaient de sélectionner les candidats militaires avec un bon niveau en langue française pour suivre ces formations pédagogiques, en étroite collaboration avec l'Institut français de Beyrouth. À présent, le nombre d'enseignants ayant atteint un chiffre suffisant, le programme tend à devenir de plus en plus indépendant.

Un dispositif qui grandit...
L'augmentation des effectifs s'accompagne d'un développement géographique. Si le programme a commencé avec les quatre écoles de formation initiale (l'école navale, l'école de l'air, l'école des sous-officiers et l'école de formation des officiers), il a été étendu à l'ensemble des forces armées libanaises, à la demande de leur commandement. « L'armée libanaise est très occupée, elle travaille par régions et par zones, donc il lui est difficile d'accéder facilement à des structures d'enseignement », explique le lieutenant-colonel Fabien. Une difficulté qui devrait à terme être surmontée en développant, un peu partout au Liban, des centres de formation.
Depuis deux ans, la coopération militaire française s'est donné pour mission de moderniser les équipements pédagogiques avec des laboratoires informatisés et des logiciels adaptés. Le premier laboratoire de ce type a été créé à l'Académie militaire de Hazmieh. Depuis, deux autres ont vu le jour. Ils devraient être suivis en 2018 par deux nouveaux laboratoires : l'un à l'école de formation des sous-officiers, et l'autre au camp d'entraînement de Aramane. L'objectif est de garantir de meilleures conditions de travail aux enseignants et aux apprenants. Une base de données pédagogiques est accessible à tous les enseignants de français à l'étranger qui s'inscrivent dans la coopération militaire française. « Par exemple, mon homologue en Jordanie peut déposer des données pédagogiques et en retirer, tout comme moi », précise le lieutenant-colonel.
Mentionnant des liens « fraternels » entre la France et le Liban, le lieutenant-colonel Fabien affirme la nécessité de faire vivre la langue française dans le milieu militaire libanais. Un apprentissage, qui si l'on en croit les chiffres en constante progression, devrait continuer à prospérer, puisque cette année, environ 3 000 militaires ont participé à ces formations.