Des Iraniennes attendant leur tour pour voter, hier, dans la ville sainte de Qom. Ali Shaigan/AFP
Les Iraniens ont voté massivement et avec enthousiasme hier pour élire leur président. Les bureaux devaient rester ouverts tard dans la soirée pour permettre aux derniers électeurs d'accomplir leur devoir. Les réformateurs, alliés du président Rohani, ont exhorté leurs partisans à rester dans les files d'attente jusqu'à ce qu'ils puissent voter. Après douze heures de vote, à 20h00, heure locale (15h30 GMT), trente millions d'électeurs sur les 56,4 millions inscrits avaient voté, selon plusieurs médias.Ce scrutin était déterminant pour l'avenir du président sortant Hassan Rohani et de sa politique d'ouverture au monde entamée par l'accord nucléaire avec les grandes puissances. M. Rohani, religieux modéré de 68 ans, brigue un dernier mandat de quatre ans et affrontait Ebrahim Raissi, religieux conservateur de 56 ans proche du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. Avant même la fin du vote, le camp Raissi a dénoncé des « infractions » et demandé une intervention immédiate contre « des actions de propagande de certains responsables et partisans du gouvernement » en faveur du président sortant. Il a également dénoncé une mauvaise présentation du nom d'Ebrahim Raissi sur les listes des bureaux de vote et l'absence de suffisamment de bulletins dans les « zones déshéritées » plus favorables au candidat conservateur. M. Raissi se veut l'avocat des pauvres et entend donner la priorité à « l'économie de résistance », axée sur la production et les investissements nationaux. Deux petits candidats peu connus – un réformateur ayant appelé à voter Rohani et un conservateur – étaient aussi en lice. Sauf surprise, le vainqueur devrait être élu dès le premier tour, dont les résultats définitifs sont attendus aujourd'hui au plus tard.
Vote en famille
En famille ou entre amis, les électeurs ont attendu patiemment, parfois pendant des heures, leur tour de voter en prenant des selfies et en discutant politique dans la courtoisie. « J'ai toujours voté », annonçait fièrement Mahnaz Rafii, une professeure de théologie de cinquante ans, qui a choisi Raissi. « La participation enthousiaste des Iraniens à l'élection renforce la puissance et la sécurité nationales », s'est félicité le président Rohani après avoir voté à Téhéran, baignée de soleil. Lui et son adversaire ont appelé au « respect » du choix des Iraniens, quel que soit le résultat. L'un des premiers à avoir voté a été Ali Khamenei, qui a appelé ses compatriotes à aller aux urnes « massivement, le plus tôt possible ».
Parmi les nombreux électeurs, Amir Fathollahzadeh, 51 ans, a voté pour la première fois. « J'ai perdu presque tout mon "business" ces dernières années, mais je vote Rohani pour ne pas perdre aussi ma dignité et ma fierté », dit-il. En revanche, Moshen, 32 ans, qui travaille dans le secteur culturel, a choisi M. Raissi car l'Iran « est entouré d'ennemis ». Le scrutin s'est tenu deux jours après la décision américaine de renouveler l'allègement des sanctions contre l'Iran, conformément à l'accord nucléaire de 2015 entre Téhéran et six grandes puissances, dont les États-Unis. Le président Rohani, élu en 2013, a consacré la majeure partie de son premier mandat à la négociation de cet accord ayant permis d'entamer l'ouverture économique et politique de son pays. Mais la méfiance demeure entre Téhéran et Washington, qui ont rompu leurs relations diplomatiques peu après la révolution islamique en 1979. Le président américain Donald Trump, hostile à l'Iran, a réservé son premier déplacement à l'étranger à un sommet avec des dirigeants musulmans dimanche en Arabie saoudite, grand rival régional de Téhéran.
Enfin, la présidentielle était couplée à des municipales : l'enjeu dans les grandes villes de Téhéran, Machhad (Nord-Est) et Ispahan (centre) est un changement de la majorité conservatrice qui les dirige.
Source : AFP