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Chelsea Manning, la taupe de WikiLeaks, est sortie de prison

"Quoi que me réserve l'avenir, c'est bien plus important que le passé. Je cherche dès maintenant des choses qui soient passionnantes, étranges, amusantes et toutes nouvelles pour moi", affirme la soldate.

 

Ancienne photo de Bradley Manning, maquillé et vêtu d'une perruque, avant sa transformation en femme. AFP / US ARMY / HO

Chelsea Manning, entrée en prison en tant qu'homme, alors prénommée Bradley, est ressortie libre mercredi en tant que femme, sept ans après avoir révélé, via WikiLeaks, les bavures militaires américaines. La soldate entame désormais un parcours judiciaire et identitaire, tournée vers l'avenir.

L'ancienne taupe de WikiLeaks "a été libérée du pénitencier de Fort Leavenworth", aux confins du Kansas et du Missouri, a affirmé mercredi à l'AFP une porte-parole de l'armée américaine.

Traîtresse qui a pactisé avec l'ennemi pour les uns, héroïne des libertés pour les autres, Chelsea Manning avait fait fuiter en 2010 plus de 700.000 documents confidentiels ayant trait aux guerres d'Irak et d'Afghanistan, dont plus de 250.000 câbles diplomatiques qui avaient plongé les Etats-Unis dans l'embarras.

La jeune transsexuelle, condamnée en cour martiale à 35 ans de réclusion pour cette gigantesque fuite de données classées secret défense, est sortie après sept années derrières les barreaux à la faveur d'une peine commuée par l'ancien président Barack Obama, juste avant qu'il ne quitte la Maison Blanche.

"Le jour est enfin venu", s'est réjouie Chelsea Manning dans un communiqué après sa libération. "Quoi que me réserve l'avenir, c'est bien plus important que le passé. Je cherche dès maintenant des choses qui soient passionnantes, étranges, amusantes et toutes nouvelles pour moi".
Sur Twitter, plateforme qu'elle utilisait même depuis sa cellule, elle a publié une photo de ses pieds chaussés de baskets, avec le commentaire "Premiers pas de liberté".

 

 

Période d'adaptation
Sa sortie de prison, toutefois, ne rompt pas ses liens avec l'armée et la remise de peine, elle, n'est pas synonyme de dénouement judiciaire, puisque sa condamnation est toujours valable. Son appel en justice pourrait s'éterniser et, en attendant, l'ancienne analyste du renseignement aujourd'hui âgée de 29 ans reste légalement une soldate de l'U.S. Army.

Elle est techniquement en congé sans solde pendant l'examen de l'appel et il reste hautement improbable que Chelsea Manning, qui a revendiqué son identité de femme au lendemain de sa condamnation, soit appelée à servir.
Mais un de ses avocats assure que cette situation la maintient sous le joug de l'armée et l'expose à d'éventuelles sanctions au moindre faux pas, comme la révélation de nouveaux documents ou d'écrits qui dérangeraient le Pentagone.

Reste que la libération de celle qui est considérée par ses soutiens comme une lanceuse d'alerte est vécue comme un soulagement pour ses proches, à l'aune de ses deux tentatives de suicide l'an dernier.

Les avocats de Chelsea Manning, qui devrait rejoindre une tante vivant dans la région de Washington, ont demandé dans le même communiqué que sa vie privée soit respectée, "au moment où elle commence à s'adapter à la vie en dehors de la prison". "Chelsea a exprimé sa profonde gratitude envers ses soutiens", précisent Nancy Hollander et Vincent Ward.
"Pour la première fois, je me vois un avenir en tant que Chelsea", avait-elle écrit quelques jours avant sa libération. "J'arrive à m'imaginer survivre et vivre dans la peau de la personne que je suis".

Signe de l'attente autour de sa libération, un groupe de musiciens a mis en ligne un album peu avant la sortie de prison, "Hugs for Chelsea", dont les recettes reviendront à Chelsea Manning.

 

(Lire aussi : WikiLeaks offre une récompense contre des fuites de documents de l'administration Obama)

 

Figure transgenre
A quoi, d'ailleurs, va ressembler cette nouvelle vie ?
"De manière assez compréhensible, elle a de nombreux points d'interrogations sur ce à quoi sa vie va ressembler, mais c'est aussi la première fois de sa vie adulte qu'elle va pouvoir en décider par elle-même", confie à l'AFP Evan Greer, une amie de Manning et directrice de campagne du groupe pour la liberté d'expression "Fight for the Future".
Pour elle, il ne fait aucun doute que la soldate continuera d'incarner le combat pour les personnes transgenres.

Chelsea Manning, selon ses soutiens, devrait par ailleurs afficher sa féminité en laissant pousser ses cheveux, après des années passées à se conformer à la coupe courte réglementaire en prison.
Elle poursuivra sans doute son traitement hormonal, entamé en prison à l'issue d'un long combat légal, pour permettre sa transition vers le sexe auquel elle s'identifie.

La libération, toutefois, est fraîchement accueillie par une partie des Américains. A commencer par le président Donald Trump, qui l'a qualifiée de "traîtresse qui n'aurait jamais dû être libérée de prison".

 

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