Rechercher
Rechercher

Culture - Rencontre

Christophe Dabitch, traqueur de frontières invisibles...

L'écrivain et scénariste de bédés vient de passer six semaines en résidence d'écriture à Beyrouth.

« Je ne suis pas un auteur de fiction pure. J’ai besoin de nourrir mon texte de ce qui se passe autour de moi », confie Christophe Dabitch. Photo Z.Z.

Sur les moteurs de recherche, son nom apparaît, en haut de page, associé à... Mauvais Garçons, titre de la bande dessinée qu'il a cosignée avec le dessinateur Benjamin Flao. Ouvrage autobiographique, se demande-t-on, piqué par la curiosité, avant de rapidement découvrir qu'il s'agit d'un récit poétique, autour du flamenco, inspiré par des personnages réels. En l'occurrence des amis de l'auteur : deux jeunes musiciens qui vivent à fond leur passion pour cette musique et les femmes.

Qu'il utilise la forme poétique ou l'écriture documentaire, Christophe Dabitch, écrivain et scénariste de romans graphiques, puise invariablement dans le réel. Dans la réalité des gens qui l'entourent, comme aussi dans celle de personnes ou de groupes qui vivent plus loin, sous d'autres latitudes, d'autres cieux, parfois moins cléments, et vers lesquels ce Bordelais, baroudeur tranquille, aime aller. « Pour découvrir, échanger et partager », dit-il.

Il ne pouvait donc décliner l'invitation de Bab al-Koutab pour une résidence d'écriture de six semaines à Beyrouth. « J'étais déjà venu au Liban, il y a quelques années, pour la préparation d'un reportage graphique avec Zeina Abirached sur Antoinette Chahine qui a été publié dans Être là, un ouvrage autour de questions de droit dans plusieurs pays que j'ai réalisé en collaboration avec Amnesty International. J'y reviens aujourd'hui dans le cadre d'un échange de résidences d'auteurs entre la Maison internationale des écrivains à Beyrouth et la Marelle de Marseille – qui accueille, en contrepartie, Joseph Safieddine, un scénariste de BD libanais. Cette fois, j'ai le bonheur de me plonger plus amplement dans ce pays. En un mois, j'en ai visité pas mal de coins et de recoins, du nord au sud. J'ai rencontré toute sorte de personnes différentes, je me suis imbibé du dynamisme ambiant... L'ensemble des impressions que j'aurais recueillies à la fin de mon séjour nourrira mon projet d'écriture sur les frontières invisibles, mentales et imaginaires », promet l'auteur français, tranquillement installé, en cette fin d'après-midi ensoleillée, en bord de mer.

Christophe Dabitch s'est d'ailleurs tellement familiarisé avec le chaos de la capitale libanaise qu'il se comporte désormais en autochtone. Ainsi, dédaignant les trottoirs au profit de la chaussée, c'est avec une nonchalante assurance qu'il slalome entre les voitures lancées à vive allure pour rejoindre, à Aïn Mreissé, ce café pieds dans l'eau où se déroule la rencontre.

 

Rimbaud, Maaloula ou Jeronimus
Une faculté d'adaptation que cet écrivain quadragénaire bourlingueur a, sans doute, développée durant ses années de journalisme indépendant. Quinze ans au cours desquels ce diplômé en lettres modernes et en sciences politiques a alterné reportages télévisés et critiques littéraires dans la presse écrite. Une première carrière qui affûtera son sens de l'observation des gens, des lieux, des événements. Et marquera du sceau du réel, de l'esprit de reportage, l'écriture d'ouvrages historiques et de récits graphiques auxquels il se consacre à partir des années 2000. À son actif, aussi bien un roman graphique sur Rimbaud, réalisé avec son complice Benjamin Flao et intitulé La ligne de fuite, que des bédés d'aventures dont, entre autres, Jeronimus (l'histoire du naufrage d'un bateau hollandais, le Batavia, sur des îles australiennes, et de celui qui en deviendra le chef sanguinaire), ou Abdallahi (le journal intime de l'explorateur René Caillié, le découvreur au début du XIXe siècle de Tombouctou), avec Jean-Denis Pendanx. Et toujours dans « cette forme hybride d'écriture et d'image » qu'il affectionne particulièrement, il a signé, en 2009, en collaboration avec un ami photographe, Christophe Goussard, Les autres ; Balade araméenne (éditions Filigrane). Un documentaire illustré dans lequel Darbitch abordait « le vivre-ensemble des habitants, musulmans et chrétiens, du village de Maaloula », ainsi que de deux autres à proximité, unis par la langue araméenne qu'ils parlent toujours. « Pour ce livre, j'avais passé deux ans en Syrie avant la guerre... L'une des raisons de cet ouvrage était de combattre l'idée reçue que des gens de religions différentes se font forcément la guerre », souligne-t-il, un brin désenchanté.
Cela n'empêche pas pour autant Christophe Dabitch, aux lointaines origines yougoslaves, de continuer à explorer assidûment dans ses écrits, sous toutes leurs formes, « les thèmes de la marche, de la migration, de la mémoire, de l'utilisation de la mémoire et de celle de l'histoire... ».

De son séjour à Beyrouth, il compte donc tirer un récit documentaire graphique qu'il publiera en collaboration avec la dessinatrice libanaise Jana Traboulsi, dans La Revue dessinée en France. Le texte sera ensuite traduit et publié en arabe par les éditeurs Snoubar Beyrouth en collaboration avec le collectif de bédé Samandal. « Ensuite, j'espère pouvoir travailler, sur le même thème, sur un texte en prose », confie cet auteur à découvrir. Et à rencontrer ce jeudi 11 mai, à la Librairie Antoine des Souks, au centre-ville, où il dédicacera ses ouvrages à partir de 18h.

Sur les moteurs de recherche, son nom apparaît, en haut de page, associé à... Mauvais Garçons, titre de la bande dessinée qu'il a cosignée avec le dessinateur Benjamin Flao. Ouvrage autobiographique, se demande-t-on, piqué par la curiosité, avant de rapidement découvrir qu'il s'agit d'un récit poétique, autour du flamenco, inspiré par des personnages réels. En l'occurrence des amis...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut