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Économie - Rapport

La Banque mondiale presse le Liban de se réformer

De l'électricité aux transports, en passant par la protection sociale, l'institution appelle le gouvernement à saisir l'opportunité « unique » de tout revoir en profondeur.

À moyen terme, la Banque mondiale propose notamment une foule de réformes qui ont notamment pour but d’améliorer la croissance du pays de manière inclusive.Archives AFP

« Le retour des institutions gouvernementales après une longue impasse politique » constitue une opportunité « unique » pour mener « des réformes décisives (et) nécessaires pour remettre le pays sur le droit chemin ». Tel est le message adressé au Liban par la Banque mondiale (BM), qui a consacré un dossier spécial aux réformes jugées prioritaires pour l'amélioration des services publics et de la transparence de l'action publique dans son dernier rapport sur l'économie libanaise.

À court terme, les auteurs du rapport mettent d'abord en avant la nécessité pour le Parlement d'adopter le projet de loi de budget 2017 qui lui a été transmis le 12 avril. Ce serait une première depuis 2005. La BM dénonce un manque « saisissant » de mécanismes de surveillance et de transparence budgétaire, en particulier en ce qui concerne des entreprises ou des autorités publiques telles qu'Électricité du Liban (EDL) et le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR). Une autre manière de restaurer la confiance dans les institutions publiques, « corrompues et inefficaces », serait la ratification par le Parlement de la loi de passation des marchés publics de 2013, souligne la BM. Le cadre légal organisant la gestion des commandes publiques, qui date de 1963, est « centralisé de manière excessive ».

 

(Pour mémoire : La Banque mondiale accorde un financement de 150 millions de dollars au Liban et à la Jordanie)

 

Réformes d'EDL
Pointant également du doigt un déficit budgétaire qui s'est creusé de 1,8 point de pourcentage pour atteindre 10 % du PIB en 2016, la BM insiste sur la réforme des dépenses de l'État, minées par les transferts à EDL. D'après les calculs des auteurs du rapport, le ratio de la dette au PIB aurait été de 87,8 % au lieu de 143,1 % en 2013, si EDL n'avait pas été déficitaire. Tout d'abord, le Conseil des ministres devrait voter un décret qui imposerait une augmentation des tarifs en parallèle à l'accélération de la production d'électricité afin de pallier la hausse des transferts à EDL qui en découlerait. « Ce décret serait mis en œuvre sur 3 ans. Au final, les citoyens dépenseraient moins qu'aujourd'hui pour l'électricité, car ils ne paieraient plus pour des générateurs privés », explique à L'Orient-Le Jour Wissam Haraké, économiste à la BM et principal auteur du rapport. Pour « augmenter l'efficacité des opérations sectorielles et réduire ses coûts de fonctionnement », la BM souligne l'importance de la privatisation d'EDL.

Un programme déjà en partie adopté par le gouvernement. Le ministre de l'Énergie et de l'Eau, César Abi Khalil, a présenté le 31 mars un « plan de sauvetage » du secteur de l'électricité, dont les grandes lignes avaient été adoptées quelques jours auparavant par le Conseil des ministres. Le plan, qui revendique une continuité avec celui de Gebran Bassil, propose la location de navires-centrales supplémentaires, la construction de centrales totalisant 1 000 MW confiée à des opérateurs privés, qui revendront leur électricité à EDL, et la construction de trois unités flottantes de stockage et de transformation de gaz liquéfié importé. Le plan prévoit également d'augmenter les tarifs pratiqués par EDL de « 42,5 % à partir du 1er juillet prochain ».

 

(Pour mémoire : La Banque mondiale « ne peut aider le Liban que s’il veut s’aider lui-même »)

 

Transports publics
Afin de permettre au pays de fournir d'autres services publics essentiels, tels que l'eau et les transports, et d'attirer les investisseurs, la BM soutient le vote d'une version révisée du projet de loi existant sur les partenariats public-privé (PPP). Le rapport propose de commencer le développement des transports publics par la mise en place d'un réseau de transit rapide de bus – c'est-à-dire l'attribution d'une voie spécifique sur les routes pour les bus – dans la ville de Beyrouth ainsi qu'entre la capitale et Tabarja (Kesrouan). Ce projet serait exécuté par le CDR.

Autre axe de réformes important la lutte contre la pauvreté et l'amélioration de la santé, de l'éducation et du système des retraites privées et publiques. Ces dernières ont atteint 8 % des dépenses gouvernementales en 2013 alors qu'elles ne concernaient que 9 % de la masse salariale libanaise (militaires et fonctionnaires). Enfin, la BM n'oublie pas la protection de l'environnement et appelle le Parlement à approuver le décret n° 8003 concernant la gestion des déchets solides. Le climat des affaires doit également être amélioré par une série de réformes telles que celle du registre du commerce et des procédures d'octroi de licences, en particulier dans le secteur touristique.

À moyen terme, les auteurs du rapport proposent également plusieurs réformes qui ont notamment pour but d'améliorer le fonctionnement du gouvernement, de rendre l'accès à l'information plus transparent et d'améliorer la croissance du pays de manière inclusive. Pour améliorer la création d'emplois pour les jeunes, la BM propose enfin de développer le secteur de l'industrie et des technologies de l'information et de la communication (TIC), source d'emplois pour la main-d'œuvre qualifiée et « moins sensibles aux chocs que les moteurs traditionnels de l'économie : le tourisme et l'immobilier », indique l'institution en soulignant la nécessité de réviser la loi organisant le secteur des télécoms.

La page économie du lundi est réalisée en partenariat avec

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