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Liban - Lebanese Diaspora Energy

Nationalité, opportunités d'investissement, attachement au pays : des Libanais de la diaspora témoignent

Poursuite du « Lebanese Diaspora Energy » hier au Biel. Photo H. Assal

Le mégacongrès de la diaspora libanaise (« Lebanese Diaspora Energy », LDE), organisé à Beyrouth à l'initiative du ministère des Affaires étrangères, a poursuivi hier ses travaux en présence de près de 2 000 émigrés venus pour l'occasion des quatre coins du monde. En marge de cette conférence, trois pôles de la diaspora libanaise ont partagé leur expérience, parlant du Liban qu'ils retrouvent à chaque voyage, du recouvrement de la nationalité ou encore des possibilités d'investissement.

Nohad Mahmoud, Mexique : La nationalité, il n'y a pas que cela qui compte

Nohad Mahmoud, ancien ambassadeur du Liban au Mexique durant de nombreuses années, a décidé de rester dans ce pays qu'il connaît bien désormais. « Je suis demeuré au Mexique parce que ce pays m'offre davantage d'occasions de travail après la retraite, dit-il. De plus, après douze ans au Mexique, je connais presque autant de gens là-bas qu'ici. »

La communauté libanaise au Mexique est plus organisée qu'ailleurs, selon l'ancien ambassadeur. « C'est une communauté solide économiquement, dit-il. Mais nous aurions préféré que les liens soient plus resserrés avec le Liban. Cette communauté paraît en effet plus éloignée de la mère patrie que celle d'autres pays. La raison est peut-être à rechercher dans le fait que cette émigration, dans sa majeure partie, est assez ancienne, datant des années 30 et 40 ou même avant. Or les autorités libanaises, sans doute en raison de la guerre, n'ont pas vraiment soigné les relations avec cette émigration ancienne. Un certain lien s'est rompu, et c'est dommage. »

Pense-t-il que les descendants de Libanais au Mexique seraient intéressés par le recouvrement de la nationalité dont on fait tant cas aujourd'hui ? « J'ai un point de vue un peu particulier sur ce point, dit-il. D'après mon expérience, je ne pense pas que la priorité des émigrés libanais soit de voter au Liban ou de retrouver leur nationalité. À mon avis, il faut que le pays garde le contact avec eux d'une autre façon, comme par l'octroi de bourses d'études au Liban par exemple. Qu'est-ce qui empêche le Liban d'inviter chaque année une centaine d'émigrés à faire le voyage ?

Peut-être que la moitié d'entre eux peuvent garder des liens actifs, que certains s'y marieront ou trouveront du travail... Et c'est cela qui renforce le lien avec les familles d'émigrés, non pas de leur donner un droit de vote qui, dans certains cas, entre en contradiction avec les lois du pays d'adoption, comme au Mexique. »
Comment retrouve-t-il le Liban à chaque fois qu'il y retourne ? « Malheureusement, le pays ne répond pas vraiment à nos ambitions, nous aurions aimé qu'il se développe autrement, répond-il. Notre pays est très beau, il a un potentiel énorme, mais je ne crois pas qu'on exploite réellement ce potentiel. À titre d'exemple, nous défigurons impunément notre nature, ce qui me chagrine. Et le gouvernement n'est pas le seul responsable, la société entière ne fait pas preuve d'énergie positive. Voilà pourquoi nous perdons beaucoup d'occasions. »

 

(Lire aussi : Signature du premier décret de recouvrement de la nationalité)

 

Albert Karam, Costa Rica : Les initiatives de rassemblement sont louables

Albert Karam, consul du Liban au Costa Rica, est l'un des membres éminents de la communauté libanaise dans ce pays où il a émigré il y a cinquante ans. Il s'y est retrouvé un peu par hasard, en accompagnant sa femme costaricaine enceinte, qui s'est retrouvée dans l'incapacité de revenir au Liban. « Je me suis lancé dans le commerce là-bas, avec succès, se souvient-il. Entre-temps, quand il s'est agi de rentrer chez moi, la guerre avait déjà éclaté. C'est ainsi que je suis resté sur place. »

« La communauté libanaise au Costa Rica est ancienne, dit-il. À la base, ce sont des émigrés arrivés au pays il y a 100 ou 150 ans. Ils y ont éduqué leurs enfants. Ce ne sont pas que des commerçants, on compte parmi eux aujourd'hui de nombreux spécialistes, des industriels. Peu d'entre eux parlent encore l'arabe. Ils parlent la langue natale du pays, l'espagnol, avec parfois l'anglais et/ou le français. Même mes propres enfants ne connaissent pas le libanais. »

Pense-t-il que des initiatives comme le LDE peuvent servir de plateforme efficace aux Libanais dans le monde ou leur impact restera-t-il limité ? « Je crois que c'est une excellente initiative qui rapproche beaucoup les gens, dit-il. C'est quelque-chose qui aurait dû être fait bien avant. Il faut en remercier le président de la République Michel Aoun et le ministre (des AE) Gebran Bassil. »

Pense-t-il que le recouvrement de la nationalité intéresse les descendants de Libanais au Costa Rica ? « Bien-sûr que ça les intéresse, affirme Albert Karam. Nous avons toujours eu des demandes en ce sens mais nous faisions face à de nombreuses difficultés. À titre d'exemple, la chargée d'affaires près l'ambassade du Liban au Mexique, il y a quelques années, avait gelé près de 300 dossiers que nous lui avions envoyés. Les lois ne nous encourageaient pas à suivre ces affaires. Nous avons espoir que la nouvelle loi nous facilitera les choses. »

Albert Karam souligne que les fils d'émigrés de très longue date n'ont parfois plus d'informations sur le nom de leurs ancêtres, le village d'où ils venaient, leur numéro d'état-civil... « Maintenant, nous essayons de les aider en nous référant au site internet » mis au point par le ministère des Affaires étrangères, dit-il. Rappelons qu'il s'agit du www.lebanity.gov.lb.

 

(Lire aussi : Bassil : La nouvelle loi électorale doit accorder des droits aux émigrés)

 

Bernard Dagher, Pays-Bas : Un réseau précieux pour le travail

Bernard Dagher fait partie de ce qu'on appelle l'émigration nouvelle, coïncidant avec les terribles années de la guerre civile. « Je suis arrivé aux Pays-Bas en 1990 pour poursuivre mes études là-bas, et j'ai eu mon diplôme en science informatique en 1995, raconte-t-il. Naturalisé en 1997, j'ai ouvert ma société l'année d'après, et je travaille toujours dans le même domaine. »

Cela fait 27 ans que Bernard Dagher est aux Pays-Bas, et pourtant, le jour où il a pris l'avion, il ne pensait pas émigrer pour de bon. « C'était très difficile au début, surtout que tout était en néerlandais, reconnaît-il. J'avais en fait l'intention de tenter ma chance pour un an. Mais ce qui m'a empêché de revenir au bercail, c'est ma peur de ressentir ce voyage comme un échec. Résultat : j'y suis toujours. »

Pour ne pas couper les ponts, Bernard, aujourd'hui marié à une Libanaise et père de trois enfants, a préféré les scolariser au Liban, revenir les voir très souvent tout en restant établi à l'étranger. Pour lui, un réseau entre Libanais est très utile, par le biais d'initiatives comme le LDE qui lui ouvrent les portes de relations personnelles avec des Libanais venant des quatre coins du monde. « On sent que si l'on veut se diriger vers n'importe quel pays, on a désormais des contacts là-bas », souligne-t-il.

Il a été question, au cours du LDE, des opportunités d'investissement qui doivent être créés pour les émigrés au Liban. Pense-t-il investir un jour dans son pays d'origine ? « J'ai déjà investi dans l'immobilier et j'ai notamment construit une maison dans mon village natal, dit-il. Mais pour ce qui est du travail, je constate qu'il reste quelques difficultés, je ne sais pas vraiment à quoi elles sont dues. Cependant, notre attachement au pays ne se traduit pas nécessairement par l'ouverture d'un business ici. »

 

 

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