L'homme n'a pas de doctrine. Ni même de convictions. Il ne brille pas par sa connaissance de la région, et ne s'en cache même pas. Il se vante de savoir conclure des deals mieux que quiconque, mais méprise tous les intermédiaires, surtout les diplomates, qui tentent en vain de le conseiller. Seuls les généraux et les membres les plus proches de son clan – en particulier sa fille – retiennent son attention. Ils sont les seuls à pouvoir le convaincre, les seuls dont les avis peuvent être, à ses yeux, dignes d'intérêts. Voilà le tableau général qui peut être dressé au centième jour : un homme aussi imprévisible qu'inexpérimenté, entouré de militaires et influencé par les émotions de ses proches, à la tête de la première puissance mondiale et donnant l'impression de vouloir éteindre les incendies à l'aide d'un lance-flamme.
Le président américain Donald Trump a célébré samedi son 100e jour au pouvoir. « Les 100 premiers jours de mon administration ont tout simplement été les plus couronnés de succès de toute l'histoire », des États-Unis, a-t-il déclaré, avec toute la modestie qui le caractérise, dans un message vidéo diffusé par la Maison-Blanche. En un peu plus de trois mois, le milliardaire américain a néanmoins déjà subi de nombreux échecs sur le plan intérieur et a dû retourner sa veste à de multiples reprises. Dans le même temps, il a donné un aperçu, parfois peu lisible, de la façon dont son mandat allait impacter le Proche et le Moyen-Orient. Il a dessiné les grandes lignes de sa politique dans la région, tout en laissant clairement comprendre que celles-ci pouvaient être mouvantes.
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Le « Donald », comme il est surnommé, n'a pas tenu sa promesse de campagne d'éradiquer l'État islamique (EI) en 30 jours. Il n'a pas non plus dévoilé son fameux « plan secret » pour venir à bout de l'organisation jihadiste. En la matière, il s'est surtout contenté de poursuivre les objectifs de reconquête des territoires en Irak et en Syrie définis par l'administration Obama. Un comble lorsque l'on se souvient que le 45e président des États-Unis a accusé son prédécesseur d'avoir fondé l'EI et de n'avoir rien fait pour le combattre. La stratégie est la même, à l'exception faite que la nouvelle administration apparaît moins réticente à l'idée de bombarder des zones civiles, quitte à provoquer de nombreux morts parmi les populations locales. En Syrie, la nouvelle administration a clairement décidé de passer la seconde : les troupes américaines sont plus nombreuses et mieux équipées, et les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde soutenue par Washington, ont reçu des véhicules blindés. Preuve, s'il en fallait encore, que les Américains comptent s'appuyer sur elles pour la reprise de Raqqa, capitale politique de l'EI.
Anti-Obama
D'ailleurs, les 100 premiers jours de Donald Trump seront, pour d'autres raisons, à jamais associés au dossier syrien. C'est en Syrie que le locataire de la Maison-Blanche a pris la décision la plus forte et la plus symbolique de son début de mandat, en décidant de bombarder la base aérienne d'al-Chaayrate en réponse à l'attaque chimique contre Khan Cheikhoun, imputée au régime syrien, qui a fait au moins 86 morts dont 30 enfants. Comme une première rencontre avec le réel et avec le reste du monde... Une semaine plus tôt, l'administration Trump avait pourtant dit ne plus faire du départ de Bachar el-Assad une priorité, confirmant les positions du candidat républicain durant la campagne et sa volonté de laisser les coudées franches à Moscou dans ce conflit. Mais « l'horrible attaque » aurait profondément touché le président, et plus particulièrement sa fille Ivanka, et l'aurait convaincu de changer son attitude vis-à-vis d'Assad.
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Avec cette décision, Donald Trump a voulu montrer qu'il était l'anti-Obama par excellence, en frappant sans même avoir défini au préalable une ligne rouge, alors que son prédécesseur s'était abstenu de le faire. Cela lui a permis de recevoir le soutien d'une partie des ténors républicains, qui étaient plutôt opposés à ses premières réformes, et d'envoyer un message aux Iraniens et aux Nord-Coréens. Davantage un one shot qu'un énième revirement stratégique, les bombardements ont toutefois compliqué les relations avec Moscou et mis entre parenthèses toute volonté commune de rapprochement.
Ligne rouge
L'administration Trump a en fait été rapidement confrontée au plus grand dilemme de sa politique régionale : comment se rapprocher de Moscou tout en endiguant la menace iranienne, alors que Moscou et Téhéran sont les deux parrains du régime syrien ? Washington a fait son choix et l'allié israélien n'y est certainement pas pour rien. Les armes chimiques sont en effet considérées comme une ligne rouge pour l'État hébreu, qui craint que celles-ci ne soient transférées au Hezbollah et utilisées contre lui. Or l'alliance américano-israélienne est clairement la pierre angulaire de la politique de l'administration Trump au Proche et au Moyen-Orient. En découle une remise en question de la solution à deux États et une vive hostilité face à l'Iran et ses milices obligées. S'il semble avoir renoncé à son projet de déplacer l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, le locataire du bureau Ovale a nommé David Friedman, inconditionnel soutien à la colonisation israélienne et pourfendeur de la solution à deux États, comme ambassadeur des États-Unis en Israël. C'est le gendre du président, Jared Kushner, fervent défenseur d'Israël et proche de Benjamin Netanyahu, qui le conseillerait à ce sujet.
L'administration Trump a, de ce fait, renoué durant ces premiers mois avec une vision plus traditionnelle de la politique américaine au Moyen-Orient. Elle a rassuré les alliés traditionnels des États-Unis dans la région, les pays sunnites du Golfe, l'Égypte et la Turquie, montrant ainsi sa volonté de rompre avec la politique d'éloignement souhaitée par Barack Obama. Mais elle s'est aussi caractérisée par son goût pour les hommes forts, les autocrates, notamment le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ou le leader turc Recep Tayyip Erdogan, au détriment de la défense des valeurs démocratiques.
En d'autres termes, un retour, dans une version plus indécente, au fameux « Moyen-Orient de papa »...
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20 h 19, le 01 mai 2017