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Moyen Orient et Monde - Société

Quand le hijab devient un symbole féministe sous la présidence Trump

Des jeunes musulmanes se mobilisent pour lutter contre le sexisme et contre l'islamophobie.

L’investiture de Donald Trump réveille dès le 21 janvier les passions féministes. Photo AFP

Faire du voile un symbole contre l'islamophobie, mais également contre le sexisme, c'est le pari que s'est lancé un mouvement féministe d'un genre nouveau, soulevé par le discours du président Donald Trump.

La date de l'entrée en fonctions du chef de la Maison-Blanche, le 20 janvier dernier, constitue une gifle pour nombre d'Américaines, qui se prenaient à rêver d'une femme à la Maison-Blanche, Hillary Clinton, pour laquelle elles ont opté dans une proportion de 54 %. Les propos misogynes de Donald Trump, martelés tout au long de sa campagne et poursuivis par la suite, ont réveillé le mouvement féministe sur le sol américain. En réponse au sexisme du président nouvellement élu, les femmes ont lancé une première manifestation anti-Trump au lendemain de sa prise de fonctions. Lors de cette Women's March, le combat féministe rencontre celui en faveur du port du hijab.

Ce jour-là, Munira Ahmed voit son visage devenir le symbole de la résistance féminine anti-Trump. Shepard Fairey, street artist mondialement reconnue, s'empare d'une photo réalisée 11 ans plus tôt par Ridwan Adhami, photographe américain, né de parents syriens, et l'inclut dans son projet artistique « We The People ». L'œuvre met le doigt sur un tabou alimenté par le discours de Donald Trump durant sa campagne, stigmatisant à la fois la communauté musulmane sur le sol américain et les femmes. Hijab aux couleurs du drapeau américain sur le crâne, la jeune femme pose initialement près de Ground Zero à l'occasion du cinquième anniversaire de la commémoration des attentats du 11 septembre 2001. À l'origine lancée comme un questionnement sur ce qu'implique le fait d'être à la fois musulman et américain, l'œuvre de Shepard Fairey pousse aujourd'hui de nombreuses femmes musulmanes sur le sol américain à faire entendre leurs voix à travers un discours féministe qui se pose en lutte à la fois contre le sexisme et l'islamophobie.

 

(Pour mémoire : La victoire de Trump a-t-elle libéré les démons en Amérique?)

 

Rébellion
« Choisir de porter le hijab est, à mon sens, un acte féministe très fort », explique Hiba, étudiante en sociologie à l'Université d'État de Caroline du Nord, à L'OLJ. « À partir du moment où il y a un jugement moraliste sur ce que je porte, ou ce que je devrais porter, le fait de contrer les diktats fait de mon choix un acte féministe », ajoute-t-elle.

Pour l'étudiante, le féminisme sous Donald Trump doit passer par le refus tant d'un code vestimentaire que de la stigmatisation d'une religion. Porter le hijab, teinté de religion, répond à cette double volonté de rébellion selon Hiba, contrant à la fois sexisme et islamophobie. Un discours qui réveille les passions sur les réseaux sociaux, où des féministes crient au génie et leurs détracteurs hurlent au scandale.

Face aux critiques, la jeune fille n'en démord pas, et est soutenue par de nombreuses jeunes femmes ainsi que par quelques hommes sur les réseaux sociaux. Pour se défendre, Hiba use de deux arguments. « Choisir » de porter le hijab, et par là même contrer les pressions sociales, renverserait la symbolique populaire de ce voile pour en faire un emblème féministe aux États-Unis. Qui plus est, choisir de ne pas porter le hijab n'apporterait pas plus de liberté aux femmes musulmanes, selon la jeune fille. « Quoi que l'on porte, on nous juge en tant que femme. Si je porte une jupe courte, on me traite de prostituée ou je me fais siffler, et si je porte le hijab, on me traite de terroriste. Regards haineux ou regards lubriques, quitte à être jugée, autant vivre selon mes convictions religieuses », explique-t-elle.

Selon Hiba, renoncer au hijab pour préserver la liberté des femmes serait alors un non-sens. Le féminisme prend ici le pas sur la question religieuse, et de nombreuses jeunes femmes viennent au secours de Hiba sur les réseaux sociaux. C'est le cas de Jasmine Davis, chrétienne et également étudiante. « Pour être honnête, c'est bel et bien un acte féministe. Ici (sur le sol américain), légalement, personne ne force qui que ce soit à faire quoi que ce soit. Par exemple, j'ai choisi d'attendre le mariage et de me vêtir modestement, et beaucoup de personnes m'ont dit que c'était antiféministe. C'est ce que j'ai choisi de faire, personne ne m'a forcée », insiste-t-elle.

 

(Pour mémoire : Des musulmanes portent plainte pour discrimination religieuse en Californie)

 

Prix à payer
À ce discours, les détracteurs du mouvement répondent que le hijab ne peut être un symbole féministe quand, « dans de nombreux pays arabes, les femmes sont forcées de porter le hijab », comme le soutient Chris Vincent, étudiant en ingénierie, interrogé par L'OLJ. Or un sondage réalisé par Gallup en 2005 sur plus de 8 000 femmes musulmanes, notamment dans huit pays à majorité musulmane, vient réfuter cette vision. Dalia Mogahed, en charge de la conduite de ce sondage, explique, en reprenant un passage de celui-ci, qu'une « large majorité des femmes interrogées qui portent ce voile considèrent l'avoir choisi d'elles-mêmes ».

Dalia Mogahed recentre toutefois le débat, considérant le mouvement féministe prohijab comme propre aux États-Unis, « où la pression antihijab est aussi forte ». Parce qu'on les pousse fortement à l'ôter, comme une obligation vestimentaire, le fait de porter le hijab constitue pour les Américaines de confession musulmane un acte avant tout féministe. « Alors que de nombreux hommes portent de longues tuniques et couvrent leur crâne, pourquoi ne dénonce-t-on pas une oppression également à leur encontre? Dire que le hijab oppresse la femme, c'est insinuer que la source du pouvoir féminin résulte de son corps et non de son intellect », affirme Dalia Mogahed.

Une vision qui a poussé Laly, 25 ans, à porter le hijab. « Je suis féministe, j'ai des origines saoudiennes. Je me sentais obligée de refuser le hijab, parce que c'est un choix que les femmes n'ont pas en Arabie saoudite », explique-t-elle, interrogée via Skype. Donald Trump tout juste élu, la jeune femme prend part à la Women's March. C'est en discutant avec des Américaines qui portent le hijab qu'elle s'ouvre à une nouvelle vision. « Chaque chose a un contexte. Ici, j'ai le choix de porter ou non le hijab, et si je fais le choix de ne pas le porter parce que la société ne veut pas me voir avec, ou parce que je m'y sens obligée par solidarité envers ces femmes qui ne peuvent pas choisir, ce n'est plus vraiment un choix, c'est une forme d'obligation, d'oppression », soutient Laly.

Depuis qu'elle porte ce voile, Laly doit faire face à des remarques et regards quotidiens dans un pays qui prône pourtant une totale liberté de culte. « C'est le prix à payer pour faire changer les mentalités. On se bat pour récupérer un choix total concernant la liberté de se vêtir comme bon nous semble. C'est ce qui fait du hijab un nouveau symbole féministe, aux États-Unis », conclut Laly, sourire en coin.

 

 

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commentaires (6)

Quelle stupidité: utiliser le symbole d'oppression de la femme aux origines bibliques, comme quoi, ces créatures qui sont à l'origine du pêché originel, devraient toujours se couvrir la tête, symbole de leur impureté, leur soumission à Dieu et à l'homme et qui fut poussé à l'extrême dans les milieux fondamentalistes musulmans, où elles doivent se couvrir intégralement pour éviter de tenter les mâles et les pousser au pêché charnel et se dédier simplement à la procréation... Plus rétrograde que ça, de nos temps modernes, dépasse l'entendement... Mais n'oublions pas que les idées fondamentalistes extrêmes ne sont pas l'apanage des hommes seuls: certaines femmes peuvent devenir encore plus fanatiques et justifient grandement ces attitudes sur la base de révélations divines indiscutables et la peur de ne pas accéder au paradis promis... Mais de là à ce que certaines d'entre elles veulent l'utiliser comme symbole de leur liberté et féminisme, c'est vraiment prendre les gens pour des imbéciles!

Saliba Nouhad

00 h 29, le 26 avril 2017

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Commentaires (6)

  • Quelle stupidité: utiliser le symbole d'oppression de la femme aux origines bibliques, comme quoi, ces créatures qui sont à l'origine du pêché originel, devraient toujours se couvrir la tête, symbole de leur impureté, leur soumission à Dieu et à l'homme et qui fut poussé à l'extrême dans les milieux fondamentalistes musulmans, où elles doivent se couvrir intégralement pour éviter de tenter les mâles et les pousser au pêché charnel et se dédier simplement à la procréation... Plus rétrograde que ça, de nos temps modernes, dépasse l'entendement... Mais n'oublions pas que les idées fondamentalistes extrêmes ne sont pas l'apanage des hommes seuls: certaines femmes peuvent devenir encore plus fanatiques et justifient grandement ces attitudes sur la base de révélations divines indiscutables et la peur de ne pas accéder au paradis promis... Mais de là à ce que certaines d'entre elles veulent l'utiliser comme symbole de leur liberté et féminisme, c'est vraiment prendre les gens pour des imbéciles!

    Saliba Nouhad

    00 h 29, le 26 avril 2017

  • liberté de la femme, le hijab ? il faut le demander à celles qui sont obligés de le porter

    Talaat Dominique

    18 h 26, le 25 avril 2017

  • La Commission de la condition de la femme des Nations unies (CSW), qui promeut le droit des femmes partout dans le monde, compte un nouveau membre: la bensaoudie. Pays où est notamment appliquée la pensée wahhabite qui interdit aux femmes de prendre même le volant. Dans un vote secret, elle a été élue par le Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC) à la Commission de la condition de la femme des Nations unies (CSW) pour une durée de quatre ans, soit de 2018 jusqu’à 2022. Une décision « absurde, » déplore d’ores et déjà le directeur général de l’ONG de défense des droits de l’Homme « UN Watch », basée à Genève. Chaque femme saoudie doit avoir un tuteur masculin qui prend toutes les décisions importantes en son nom contrôlant la vie d’une femme depuis sa naissance jusqu’à sa mort , rappelle en effet Hillel Neuer sur le site internet de l’ONG. Et de conclure sur Twitter : Elire l’Arabie saoudite à la protection des droits des femmes c’est comme nommer un pyromane chef des pompiers . La situation des femmes en Arabie n’a pourtant pas empêché cinq membres de l’Union Européenne d’élire le royaume – à bulletin secret – pour qu’il fasse partie de la CSW, précise UN Watch . lolllllllllll.............

    FRIK-A-FRAK

    14 h 44, le 25 avril 2017

  • C'est du double vitesse , vis à vis de trump-pète c'est une résistance et vis à vis des autres c'est une soumission ! Le hijab quel qu'il soit est inutile et ne veut rien dire , aussi bien pour celle qui le porte que pour celle qui le rejette . Etant contre le voile , je respecte quand même le choix que peuvent faire certaines femmes , si ce choix est libre et consentant .

    FRIK-A-FRAK

    14 h 35, le 25 avril 2017

  • OU ETAIENT TOUTES CES FEMMES VUES DANS LEURS PAYS D,ORIGINE COMME DES OBJETS ET TRAITEES INHUMAINEMENT ... COMME DES BETES DANS LES DEUX FACES DE LA MEME MONNAIE... SANS JAMAIS AVOIR OSE RECLAMER LEUR DROITS MAIS PROFITENT AUJOURD,HUI DE LA DEMOCRATIE DE LEURS PAYS D,ACCUEIL POUR SEMER DES TROUBLES RELIGIEUX ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 31, le 25 avril 2017

  • Ou, comment tomber benoitement dans le piège tendu par ce Donald Duck-Troump populiste et raciste ! Car le Hijab est le Symbole par excellence, de l’antiféminisme et donc du sexisme.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 44, le 25 avril 2017

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