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Économie - Éclairage

Quand Trump met à rude épreuve la relation entre le FMI et les États-Unis

« À chaque fois que nous faisons quelque chose pour nous défendre, (...) ils appellent cela du protectionnisme », a tonné Wilbur Ross, secrétaire américain au Commerce, dans un entretien au « Financial Times ». Archives AFP

En 70 ans d'existence, le FMI est devenu familier des crises financières, mais il doit désormais faire face à un nouveau défi : une administration américaine opposée à ses vues.
Les sujets de dissension ne manquent pas entre la Maison-Blanche et le Fonds. Alors que la présidence Trump promet de démanteler les garde-fous mis en place aux États-Unis après la crise de 2008, le Fonds monétaire international assure qu'une telle dérégulation « augmenterait la probabilité » d'une future tempête financière.
Et l'allégement de l'impôt sur les bénéfices promis par le président pourrait créer de nouvelles frictions: le FMI a suggéré hier, dans son Rapport semestriel sur la stabilité financière mondiale, que cette réforme pourrait inciter les entreprises à prendre des risques inconsidérés en utilisant un afflux de cash pour mener des OPA et augmenter la rémunération de leurs actionnaires ou de leurs dirigeants. Certes, les risques pour la stabilité ont diminué de manière générale sur les six derniers mois grâce au redressement progressif de l'économie mondiale et à la hausse des taux d'intérêt qui a permis aux banques d'améliorer leur situation financière, écrit le FMI. Mais il craint que des entreprises américaines très endettées ne soient pas en position de convertir les gains qu'elles tireront des réformes promises par l'administration Trump en investissements productifs susceptibles de contribuer à une croissance économique pérenne. Les rentrées d'argent provenant entre autres du rapatriement de profits de l'étranger risquent de servir plutôt à des achats d'actifs financiers, des opérations de fusion et acquisitions, ou des distributions de dividendes, estime le FMI. La tentation la plus grande sera dans les secteurs des technologies de l'information et de la santé, ajoute-t-il.

« Repli sur soi »
C'est toutefois sur la question du commerce international que le potentiel de tensions entre le FMI et Washington est le plus élevé. Depuis plusieurs mois, le FMI n'a cessé de mettre en garde contre le « repli sur soi » économique ou le spectre d'une « guerre commerciale », tout en défendant le multilatéralisme.
Cette mise en cause implicite de l'agenda de M. Trump a permis au FMI d'échapper à la vindicte du président américain, mais pas à celle de son secrétaire au Commerce. « À chaque fois que nous faisons quelque chose pour nous défendre, (...) ils appellent cela du protectionnisme. Ce sont des foutaises », a tonné Wilbur Ross dans un entretien au Financial Times. Les États-Unis exhortent le FMI à en faire davantage pour s'attaquer aux déséquilibres commerciaux sur le globe. « Très clairement, certains au sein de l'administration Trump ont exprimé un immense scepticisme vis-à-vis du multilatéralisme, et si leur ligne prévaut, les institutions comme le FMI vont souffrir », affirme à l'AFP Douglas Rediker, un ancien représentant américain au Fonds.
Pour l'heure, le FMI maintient son message antiprotectionniste mais joue également l'apaisement en saluant le plan d'investissements promis par Donald Trump et son engagement à réduire l'impôt sur les sociétés aux États-Unis. « Le pari sur une relance budgétaire et une réforme fiscale a libéré l'optimisme », a relevé la patronne du FMI, Christine Lagarde, dans un entretien paru mardi.
Juste avant l'entrée en fonctions du nouveau président américain, son institution avait nettement relevé ses prévisions de croissance américaine (2,3 % en 2017) et les a maintenues mardi dans son nouveau rapport.
Le FMI est en réalité contraint à un délicat exercice d'équilibriste: affirmer son indépendance sans s'aliéner son puissant contributeur. « Il y aura des tensions, mais le poids des États-Unis (...) ne doit pas empêcher le FMI d'être direct et franc dans son évaluation des mesures américaines », affirme à l'AFP Nathan Sheets, ancien sous-secrétaire au Trésor. Les États-Unis n'ont pas les moyens légaux de couper les vivres du FMI, mais ils peuvent lui rendre la vie difficile, et l'épineux cas grec pourrait en pâtir. Le FMI est sommé par les Européens de participer au plan d'aide en cours avec Athènes, mais devra convaincre les États-Unis du bien-fondé d'un nouveau renflouement.
Jeremy TORDJMAN/AFP

En 70 ans d'existence, le FMI est devenu familier des crises financières, mais il doit désormais faire face à un nouveau défi : une administration américaine opposée à ses vues.Les sujets de dissension ne manquent pas entre la Maison-Blanche et le Fonds. Alors que la présidence Trump promet de démanteler les garde-fous mis en place aux États-Unis après la crise de 2008, le...

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