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À La Une - Egypte

Moubarak rentre chez lui, la révolution de 2011 liquidée

Outre le raïs égyptien, son ex-ministre de l'Intérieur, Habib al-Adly, qui symbolise la torture et les abus du régime, a aussi été acquitté pour les meurtres de manifestants pendant la révolte.

L'ancien président égyptien Hosni Moubarak à la fenêtre de sa chambre de l'hôpital militaire Maadi au Caire, en Egypte, le 6 octobre 2016. AFP / KHALED DESOUKI

L'ex-président égyptien Hosni Moubarak a retrouvé la liberté vendredi, mais plusieurs figures du Printemps arabe dorment encore derrière les barreaux: dans l'Egypte de Sissi la révolution de 2011 vient d'être liquidée symboliquement.

C'est son avocat Farid al-Deeb qui a annoncé vendredi le départ de M. Moubarak de l'hôpital militaire du Caire, dans lequel il a passé l'essentiel de ses six années de détention. L'ancien président a ensuite rejoint sa demeure dans le quartier chic d'Héliopolis. La libération de M. Moubarak qui avait régné sans partage sur le pays pendant 30 ans, vient briser définitivement les aspirations nées d'une révolution qui avait porté l'espoir d'un régime plus démocratique.

Outre M. Moubarak, son ex-ministre de l'Intérieur, Habib al-Adly, qui symbolise la torture et les abus du régime, a aussi été acquitté pour les meurtres de manifestants pendant la révolte. En revanche, Alaa Abdel Fattah et Ahmed Douma, deux des plus importants meneurs de la révolution, sont toujours en prison.

Depuis que l'actuel président Abdel Fattah al-Sissi, ex-chef de l'armée, a destitué son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi en 2013, il dirige à son tour le pays d'une main de fer, éliminant toute forme d'opposition. Six ans après la révolution, les détracteurs de M. Sissi l'accusent d'avoir refermé la parenthèse démocratique ouverte avec le soulèvement de janvier-février 2011.

 

(Lire aussi : Libération pour Moubarak, fin symbolique du printemps arabe en Égypte)

 

Traitement spécial
Pour sa part, M. Moubarak a été jugé dans deux grandes affaires depuis son départ du pouvoir. Il a notamment été accusé d'avoir incité au meurtre de manifestants pendant la révolte, au cours de laquelle quelque 850 personnes ont été tuées. Condamné à la prison à vie en 2012, il a été blanchi en 2014. Le 2 mars, la cour de Cassation a confirmé cet acquittement.

Pour Adel Ramadan, avocat pour l'organisation de défense des droits de l'Homme Egyptian Initiative for Personal Rights, M. Moubarak a bénéficié d'un traitement spécial lors de son procès. "Il y a une différence entre la façon humaine dont M. Moubarak et les symboles de son régime ont été traités et celle dont ont été traités les militants de janvier 2011", a-t-il dit à l'AFP. Si des militants ont été libérés, certains sont astreints à un contrôle judiciaire strict.

Ahmed Maher, fondateur et porte-parole du Mouvement du 6 Avril, un groupe très actif en 2011, a été libéré en janvier. Pendant trois ans, il devra se rendre chaque soir au commissariat de son quartier et y passer la nuit.

Toutefois, jeudi, la justice a ordonné la réouverture d'une enquête pour corruption contre M. Moubarak, liée à des cadeaux pour lui et sa famille de la part du quotidien gouvernemental Al-Ahram, d'une valeur d'un million de dollars.

La semaine dernière, les autorités ont gracié 203 détenus dans des procédures liées à l'interdiction de manifester. Mais aucun militant réputé n'est sorti de prison. Interrogés après l'annonce le 13 mars par la justice de la prochaine libération de M. Moubarak, d'anciens manifestants du Printemps arabe ont jugé que la révolution avait été "inutile".
"(Ma) frustration est partagée par beaucoup d'autres personnes à cause de ce qui est arrivé à ce pays et de tout ce à quoi on a participé pour rien", dit Ahmed Mohamed, 29 ans. Le régime Sissi a "démotivé les gens, avec l'armée qui agit contre le peuple (...)".

Pour Oussama Mahmoud, 28 ans, "l'idée qui est devenue très claire pour nous est que l'armée est le problème."
 

(Pour mémoire : Six ans après la révolte, l'Egypte "sur la bonne voie", selon Sissi)

 

Grave crise économique
Après la destitution de M. Morsi par l'armée, l'opposition islamiste a aussi été laminée. En août 2013, l'assaut est donné au Caire contre des milliers de pro-Morsi. Environ 700 d'entre eux sont tués.
Aujourd'hui, l'Egypte du président Sissi est confrontée aux mêmes inégalités qui ont mené à la révolution de 2011.

Le pays connait de nouveau un régime autoritaire et traverse une grave crise économique. En novembre, le gouvernement a laissé flotter sa devise pour obtenir un prêt de 12 milliards de dollars du Fonds monétaire international, faisant exploser l'inflation.

"Les conditions qui ont mené à la révolution de janvier sont toujours présentes, bien que j'exclurais qu'une autre révolution puisse avoir lieu", explique Mostafa Kamel el-Sayed, professeur de sciences politiques à l'université du Caire.
"Aujourd'hui beaucoup considèrent que le régime de Moubarak était meilleur que l'actuel s'agissant notamment de la liberté de penser (...)Il y avait un espace plus large pour les voix d'opposition que ce soit dans la presse ou à la TV", ajoute-t-il.

Des organisations de défense des droits de l'Homme accusent les autorités d'orchestrer disparitions forcées, arrestations arbitraires et autres détentions illégales.

 

 

Pour mémoire

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L'ex-président égyptien Hosni Moubarak a retrouvé la liberté vendredi, mais plusieurs figures du Printemps arabe dorment encore derrière les barreaux: dans l'Egypte de Sissi la révolution de 2011 vient d'être liquidée symboliquement.
C'est son avocat Farid al-Deeb qui a annoncé vendredi le départ de M. Moubarak de l'hôpital militaire du Caire, dans lequel il a passé...

commentaires (3)

Ce qui est liquidé c'est l'idée même d'un gouvernement frères musulmans allant de turquie , prise en exemple au début des " printemps" en passant par le qatar et s'alignant sur l'Egypte et la Tunisie. Ce fiasco désastreux a fait reculer cette idéologie, qui a laissé la place à celle des wahabites dures . Et toujours à la manoeuvre les occidentaux qui tire à la charrue .. MAIS TANT QU'ON AURA PAS COUPER LA TÊTE DE SERPENT QUI NICHE ON SAIT TOUS OÙ, ON AURA RIEN ACCOMPLI .

FRIK-A-FRAK

16 h 49, le 24 mars 2017

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Commentaires (3)

  • Ce qui est liquidé c'est l'idée même d'un gouvernement frères musulmans allant de turquie , prise en exemple au début des " printemps" en passant par le qatar et s'alignant sur l'Egypte et la Tunisie. Ce fiasco désastreux a fait reculer cette idéologie, qui a laissé la place à celle des wahabites dures . Et toujours à la manoeuvre les occidentaux qui tire à la charrue .. MAIS TANT QU'ON AURA PAS COUPER LA TÊTE DE SERPENT QUI NICHE ON SAIT TOUS OÙ, ON AURA RIEN ACCOMPLI .

    FRIK-A-FRAK

    16 h 49, le 24 mars 2017

  • LE PRINTEMPS HIVERNAL N,A PAS PU S,ETABLIR EN EGYPTE GRACE A L,ARMEE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 13, le 24 mars 2017

  • Pauvre Moubarak il semble agoniser avec sa libération . Heureusement il vit toujours .

    Antoine Sabbagha

    13 h 16, le 24 mars 2017

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