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À La Une - Conflit

Début de nouveaux pourparlers sur la Syrie à Astana, en l'absence des rebelles

La commission d'enquête de l'Onu dénonce un "crime de guerre" du régime qui a bombardé fin 2016 à Wadi Barada une source d'eau alimentant Damas.

Des représentants du gouvernement syrien et des groupes rebelles lors des pourparlers de paix, le 16 février 2017 à Astana. AFP/Stanislav FILIPPOV

Un troisième cycle de pourparlers de paix sur la Syrie s'est ouvert mardi à Astana, au Kazakhstan, en l'absence des rebelles, laissant peu d'espoir pour une avancée notable dans la résolution du conflit.

Les deux précédents rounds de négociations dans la capitale kazakhe, parrainés par la Russie et l'Iran, alliés du régime de Bachar el-Assad, et par la Turquie, soutien des rebelles, n'avaient permis aucune percée majeure permettant d'envisager une solution à ce conflit qui a fait plus de 320.000 morts en six ans.

Le chef de la délégation du régime Syrien, Bachar al-Jaafari, a dénoncé la décision des rebelles de boycotter la rencontre tout en assurant que des progrès pouvaient être accomplis en leur absence. "Nous sommes prêts à assurer le succès d'Astana (...) avec ou sans la participation des factions armées. Leur absence à Astana démontre l'indécence de leur politique", a déclaré M. al-Jaafari, cité par l'agence syrienne SANA, ajoutant que le régime souhaitait avant tout s'entretenir avec la Russie et l'Iran. Un porte-parole des rebelles, Oussama Abou Zeid, a justifié lundi le boycott des négociations d'Astana par "des promesses non tenues liées à la cessation des hostilités" en Syrie.

 

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Pour le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, l'absence des rebelles est due à un "malentendu". Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a estimé pour sa part que ces négociations "sont rendues vraiment compliquées par les différences qui existent dans l'approche des différentes parties".

Les pourparlers d'Astana sont destinés à "faciliter" le travail de Staffan de Mistura, a affirmé l'envoyé spécial du président Vladimir Poutine pour la Syrie Alexandre Lavrentiev, cité par les agences de presse russes. "Le processus de Genève peut en bénéficier", a-t-il ajouté alors que M. de Mistura a convié le gouvernement Syrien et les groupes d'opposition à un cinquième round de négociations sous l'égide de l'Onu, à Genève le 23 mars.

Au cours de cette rencontre, les participants discuteront à nouveau de la "séparation entre l'opposition et les terroristes", une demande formulée à de nombreuses reprises par Damas auprès des rebelles, a annoncé le négociateur en chef du régime.
De son côté, l'envoyé spécial de l'Onu Staffan de Mistura a déclaré s'attendre à ce que la lutte antiterroriste et des possibilités concrètes d'échanges de prisonniers et de personnes enlevées soient abordées à Astana.

Les précédentes rencontres d'Astana s'étaient concentrées sur le renforcement d'une fragile trêve, instaurée en décembre entre forces de Bachar el-Assad et groupes rebelles, mais menacée par des flambées régulières de violences. Mardi, le Haut-Commissaire de l'Onu aux droits de l'Homme a estimé que le conflit Syrien, qui entre dans sa septième année, est "la pire catastrophe provoquée par l'homme depuis la Seconde Guerre mondiale".

 

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"Crime de guerre" à Wadi Barada
Dans la journée, la commission d'enquête de l'Onu sur la Syrie a déclaré que l'armée de l'air syrienne avait  commis un "crime de guerre" en bombardant fin 2016 une source d'eau alimentant Damas, démentant que cette source ait été contaminée par l'opposition.

"Les informations examinées par la Commission confirment que le bombardement" de la source d'eau, située à Wadi Barada, localité rebelle située à 15 km de la capitale syrienne, "a été effectué par les forces aériennes syriennes", selon un document de la Commission transmis au Conseil des droits de l'Homme. Contrairement à ce qu'affirmait alors le régime, cette source d'eau n'avait pas été contaminée par l'opposition, assure par ailleurs la Commission.

"Il n'y a pas de signalement de personnes souffrant de symptômes liés une contamination de l'eau avant le 23 décembre", date à laquelle le bombardement s'est produit, pointe ainsi le rapport. "Les bombardements aériens" menés par le régime ont alors "gravement endommagé la source" et "privé d'eau potable plus de 5 millions de personnes", dénonce la Commission.

 

(Lire aussi : Syrie : six ans de conflit en dix grandes étapes)

 

"Alors qu'il y avait des combattants des groupes armés près de la source au moment de l'attaque, l'avantage militaire obtenu grâce à l'attaque était excessivement disproportionné par rapport à l'impact qu'elle a eue sur la population civile" et "équivaut à un crime de guerre", concluent les enquêteurs.
Fin janvier, l'armée syrienne a finalement repris la région de Wadi Barada qui lui échappait depuis 2012, une région cruciale pour l'approvisionnement en eau de la capitale.

La Commission d'enquête indépendante de l'Onu a été créée en août 2011, quelques mois après le début du conflit syrien. Présidée par le Brésilien Paulo Pinheiro, elle a déjà rendu plusieurs rapports mais n'a jamais été autorisée à se rendre en Syrie. Mardi, le représentant syrien auprès du Conseil a une fois de plus dénoncé la politisation de cette Commission, dénonçant l'utilisation d'interviews de victimes "proposées par les groupes armés".

Dans le document présenté mardi au Conseil, les enquêteurs de l'Onu dénoncent une multitude de crimes commis par les forces du gouvernement, y compris les attaques contre les infrastructures médicales.
Ils dénoncent en particulier un bombardement aérien sur des écoles à Haas, dans la province d'Idleb (nord-ouest), qui a tué 36 civils dont 21 enfants. 114 autres personnes ont été blessées, dont 61 enfants.

 

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Il y a deux semaines, la Commission avait dénoncé aussi l'usage par les forces syriennes dans des zones résidentielles d'armes interdites comme le chlore ou les bombes à fragmentation.

Le rapport publié mardi dénonce également les attaques indiscriminées menées par les groupes armés rebelles, qui tuent des civils dont de nombreux enfants, dans les endroits sous contrôle du gouvernement à l'intérieur des régions d'Alep, d'Idleb et de Deraa. Les groupes armés basés dans la région d'Idleb sont accusés de pratiquer la charia (loi coranique) en guise de justice.
La Commission accuse également les forces kurdes de recourir à la conscription forcée et de ne pas avoir apporté une assistance humanitaire adaptée aux déplacés dans leur région.

La guerre civile en Syrie a été déclenchée par la répression sanglante de manifestations pro-démocratie. Le conflit s'est complexifié depuis avec l'implication et l'intervention de plusieurs forces locales et étrangères.

 

 

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