Michel Aoun sera reçu jeudi par le pape François

La toute première visite officielle du président de la République Michel Aoun en Europe ne se fera pas à Paris comme le veut la tradition, mais au Vatican. Le 16 mars, M. Aoun se réunira avec le pape François au Saint-Siège et lui fera part des derniers développements depuis son accès à la présidence.
M. Aoun a choisi de se rendre au Vatican avant n'importe quel autre pays européen, contrairement aux anciens présidents de la République qui se rendaient en premier dans la capitale française. Il avait reçu une invitation officielle à visiter la France, qui lui a été adressée par le président François Hollande. Ce retard serait dû au fait que le mandat de l'actuel chef de l'Élysée prendra fin en mai prochain.
Selon une source qui suit de près le dossier des entretiens au Vatican, le président informera le pape François de la relance des institutions, un effet bénéfique selon lui de la fin de la vacance présidentielle, et du retour du Liban sur la scène politique internationale et arabe. Il le tiendra également au courant des discussions en cours en vue d'adopter une nouvelle loi électorale. M. Aoun s'emploiera également à rassurer le pape François quant à la situation des chrétiens du Liban. « Les chrétiens du Liban sont une constante du pays, et toutes les autres communautés religieuses insistent sur la nécessité de préserver leur rôle, sans prendre en considération la baisse de leur nombre en général, et celui des maronites en particulier », expliquera M. Aoun au pape. D'ailleurs, la situation des chrétiens d'Orient et les souffrances qui sont les leurs, poussant plusieurs d'entre eux en Syrie, en Irak et en Égypte à quitter leur pays, sera au cœur de la réunion entre M. Aoun et le pape.
Le président compte en outre évoquer avec François les résultats positifs de l'alliance entre les deux partis chrétiens, à savoir le CPL et les FL, qui a abouti à l'élection d'un président de la République à la suite d'une vacance qui a duré deux ans et demi.
Toujours selon la même source, la crise des réfugiés syriens répartis sur l'ensemble du territoire libanais, un fardeau de plus en plus lourd pour le gouvernement libanais, sera au menu des discussions, ainsi que les répercussions de ce déplacement massif sur la démographie et la densité carcérale, de même que l'infiltration de terroristes dans les rangs des réfugiés. Il est fort probable que le président appelle le pape à intercéder auprès des grands États en vue d'aider le Liban et d'assurer le retour de ces réfugiés chez eux, et auprès des pays bailleurs de fonds pour qu'ils versent les sommes promises lors du congrès de Londres tenu le 4 février dernier.
M. Aoun fera aussi part au souverain pontife des accomplissements des forces de sécurité dans le démantèlement des cellules terroristes dont l'objectif est de déstabiliser le Liban, ainsi que du front ouvert dans le jurd de Ersal par les islamistes.
Le président de la République compte ensuite poursuivre les discussions avec le secrétaire d'État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, en présence du secrétaire aux Affaires étrangères, Mgr Paul Richard Gallagher. Il leur réaffirmera l'importance, pour le Liban, d'être pleinement soutenu par le Vatican. En outre, M. Aoun souhaiterait que le Saint-Siège essaie de forcer Israël à se retirer des territoires qu'il occupe au Liban-Sud. Le rôle du Hezbollah dans la lutte contre l'État hébreu sera également évoqué.
Selon la source précitée, le pape François recevra Michel Aoun et sa famille avant l'échange traditionnel de cadeaux, et recevra ensuite les membres de la délégation libanaise.
Le président entamera son séjour par une messe en l'église Saint-Maron au Collège maronite à Rome. L'office sera présidé par l'évêque François Eid, vicaire patriarcal auprès du Saint-Siège. Le chargé d'affaires du Liban au Vatican, Albert Samaha, donnera ensuite une réception en l'honneur du chef de l'État, à laquelle assisteront, entre autres, des Libanais installés à Rome.