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Économie - Transport

Le port de Tripoli veut changer de dimension

Avec deux grues « géantes » mises en service courant avril, le deuxième port du pays estime avoir les moyens de concurrencer celui de la capitale.

Le ministre de l’Économie et du Commerce (au centre) a visité le port de Tripoli samedi. Photo ANI

Depuis deux semaines, la ville de Tripoli vit au rythme de l'actualité de sa zone portuaire. Fin février, les responsables du port ont réceptionné pour plus de 50 millions de dollars d'équipements, dont notamment deux portiques de manutention – des grues « géantes » capables d'intervenir sur la quasi-totalité des navires. Leur mise en service, programmée courant avril, doit permettre au deuxième port du pays – après Beyrouth – de décupler ses revenus en exploitant pleinement son terminal conteneur opérationnel depuis fin 2015.

En déplacement samedi à Tripoli, le ministre de l'Économie et du Commerce, Raëd Khoury, cité par l'Agence nationale d'information, a estimé que le port avait désormais les moyens de retrouver « un rôle de premier plan ». Le ministre, qui a par ailleurs signé un protocole d'accord renforçant la coopération entre le ministère et la Chambre de commerce de la ville, a également affirmé que le gouvernement souhaite aider la ville à jouer un rôle-clef « dans la perspective d'une reconstruction de la Syrie et de l'Irak ».

Un objectif qui fait écho aux ambitions de l'opérateur du terminal conteneur du port, la société Gulftainer. S'exprimant le 6 mars en marge d'une visite des installations portuaires par le député Nagib Mikati et l'ambassadeur de Chine, Wang Kigian, le président de la société Gulftainer, Antoine E. Amatouri, avait déclaré souhaiter « poursuivre le développement du port » afin qu'il devienne un pôle, aussi bien au niveau local que régional.

 

(Pour mémoire : « Tripoli ouvre une porte vers le marché irakien », pour CMA CGM)

 

Concurrencer Beyrouth
Les responsables du port de Tripoli ne cachent pas leur volonté de concurrencer la zone portuaire de Beyrouth, qui absorbe environ « 80 % de l'activité de fret au Liban », selon une source au port. Mais l'écart entre les rendements respectifs des deux sites est encore considérable. En effet, si le port de Tripoli a battu son record en 2016 en termes de revenus – avec 14,1 millions de dollars (+3 % en un an) pour près de 2 millions de tonnes de marchandises traitées (+1,6 %) – celui de Beyrouth a engrangé plus de 244 millions de dollars sur la même période (+6,1 %) pour 8,77 millions de tonnes (+6,7 %). « Les capacités et les équipements de ces deux infrastructures ne sont pas comparables : le port de Beyrouth possède 6 grues » géantes « et une capacité de stockage qui atteint 700 000 conteneurs, entre autres », explique à L'Orient-Le Jour une source au port de la capitale. De son côté, le port de Tripoli espère atteindre le cap des « 500 000 conteneurs d'ici à cinq ans », selon, M. Amatouri.

Il reste que le port de Tripoli, qui s'étend sur une superficie d'environ 3 millions de m² en périphérie de la ville, dans la localité de Mina, est loin d'être exploité à son plein potentiel, contrairement à celui de Beyrouth dont les 1,2 million de m² jouxtent le centre-ville de la capitale. « On peut difficilement projeter de nouveaux travaux d'extension à Beyrouth », confirme encore la source précitée, alors que le ministre des Travaux publics et des Transports, Youssef Fenianos, a indiqué cette semaine que le ministère préparait un plan pour développer la zone portuaire, sans toutefois communiquer plus de précisions.

 

(Pour mémoire : Le développement de la zone portuaire de Tripoli s’accélère)

 

Côté tripolitain en revanche, des travaux lancés en septembre par le ministère des Travaux publics dans le cadre d'une seconde phase du projet de développement des infrastructures du port doivent notamment lui permettre de doubler sa capacité de stockage, pour 7,8 millions de dollars, tous financés par le ministère. Pour rappel, la première phase du projet avait permis la construction du terminal conteneur pour 10 millions de dollars payés par Gulftainer.

En attendant, les responsables de la zone portuaire listent les avantages qui devraient, selon eux, convaincre les clients du port de Beyrouth de rediriger leur activité de fret vers la deuxième ville du pays. « Les tarifs portuaires sont par exemple beaucoup moins élevés à Tripoli, à l'import comme à l'export et pour tous les types de conteneurs », souligne M. Amatouri, évoquant une différence « qui peut aller du simple au double ».

L'importation d'un conteneur de 20 pieds contenant des produits industriels ou agricoles est par exemple facturée 150 dollars à Beyrouth et 75 à Tripoli. « Les frais de fonctionnement du port de Beyrouth atteignent 80 millions de dollars, contre seulement 5 millions à Tripoli, ce qui ne l'empêche de s'aligner sur nos prix », affirme encore M. Amatouri. « Ces frais augmenteront au fur et à mesure que le port de Tripoli se développera », rétorque de son côté la source précitée, avant d'ajouter que « le port de Beyrouth a décidé de baisser de moitié les tarifs appliqués aux industriels ». Contactée par L'Orient-Le Jour, la direction du port de la capitale n'a pas souhaité s'exprimer dans l'immédiat.

 

 

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