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À La Une - Portrait

Carlos : parcours d'un "révolutionnaire professionnel" autoproclamé

"Je ne suis pas un terroriste mais un combattant", proclame le Vénézuélien, désormais converti et acquis à "l'islam révolutionnaire".

"Révolutionnaire professionnel" autoproclamé au service de la cause palestinienne, du bloc de l'Est et de lui-même, Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos ou "le chacal", jugé lundi pour un attentat à Paris en 1974, incarne le terrorisme anti-impérialiste des années 70 et 80. Photo AFP / Bertrand GUAY

"Révolutionnaire professionnel" autoproclamé au service de la cause palestinienne, du bloc de l'Est et de lui-même, Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos ou "le chacal", jugé lundi pour un attentat à Paris en 1974, incarne le terrorisme anti-impérialiste des années 70 et 80.

L'image du fringant révolutionnaire de 25 ans, béret à la Che Guevara, cigare et lunettes noires, qui plastronnait en 1975 sur le tarmac de l'Aéroport d'Alger devant les représentants de l'OPEP qu'il venait de kidnapper à Vienne, a depuis longtemps laissé place à celle d'un élégant retraité un peu empâté.

Mais l'homme, incarcéré en France depuis 1994, aussi charmeur que glaçant, n'a rien perdu de sa radicalité ni de son sens de la provocation dont il use à chacun de ses procès, utilisant les audiences comme des tribunes.

"Je ne suis pas un terroriste mais un combattant", proclame le Vénézuélien, désormais converti et acquis à "l'islam révolutionnaire". Il revendique 1.500 morts pour son organisation et 80 de ses propres mains mais conteste toute responsabilité dans les attentats perpétrés en France pour lesquelles il a déjà été condamné à deux reprises à la réclusion criminelle à perpétuité.

Né à Caracas le 12 octobre 1949, Carlos est un pur produit de l'ambition révolutionnaire de son père, un avocat qui a imposé à ses trois fils, Ilich, Lénine et Vladimir (en l'honneur du chef de la révolution russe) une éducation stricte baignant dans le marxisme, a raconté à l'AFP son jeune frère Vladimir: "Indubitablement, papa a inculqué à Ilich la nécessité de rejoindre la lutte internationale contre l'impérialisme".

Son premier engagement se fera à 15 ans dans les jeunesses communistes vénézuéliennes. Étudiant à Londres, il gagne l'université Patrice Lumumba de Moscou, vivier d'activistes politiques, où il rencontre le représentant local du Front de libération de la Palestine (FPLP) de Georges Habache qui l'invite à participer à un stage militaire en Jordanie.

 

(Dans nos archives : Carlos publie depuis sa cellule une « défense et illustration du terrorisme »)

 

Il séduit et manipule à merveille'
Dès septembre 1970, il lutte plusieurs mois au côté des fedayin acculés par les troupes du roi Hussein. Il y gagne ses galons de combattant et un rôle auprès de Waddih Haddad, l'un des dirigeants les plus radicaux du FPLP.
Lorsque Haddad crée sa propre organisation, le FPLP-Opérations extérieures, Carlos réalise pour lui ses premières opérations: plusieurs attentats, assassinats à Londres et Paris, lui sont attribués dont celui du Drugstore Publicis en 1974. Pour la façade, il donne des cours d'espagnol dans une école de jeunes filles londoniennes.

C'est le 21 décembre 1975 que le nom de Carlos devient un symbole mondial du terrorisme. A la tête d'un commando, il prend en otages les ministres du pétrole de l'OPEP à Vienne, trois personnes sont abattues. Mais cette action marque aussi sa rupture avec Haddad, qui lui reproche d'avoir refusé d'exécuter deux otages, préférant prendre l'argent de la rançon après les avoir libérés.

Carlos fonde alors son propre groupe composé d'ex-membres de l'extrême gauche allemande, dont Magdalena Kopp, qui deviendra sa femme et la mère de sa fille Elba-Rosa. "Il séduit et manipule à merveille", a confié l'ex-activiste dans un livre. "Je ne comprends pas aujourd'hui comment j'ai pu succomber à un tel macho. A l'époque, il persuadait les filles qu'elles étaient la seconde moitié de la révolution".

A partir de 1979, celui que les journaux appellent désormais "le chacal" installe ses quartiers à l'abri du rideau de fer avant d'être accueilli plusieurs années par Damas au début des années 80.

En 1982, il organise une campagne d'attentats en France pour faire libérer son épouse et l'un de ses amis, Bruno Breguet, interpellés à Paris. "J'étais sa femme, sa propriété et il en allait de son honneur de me libérer", a expliqué Kopp.

A la chute du mur de Berlin en 1989, le "mercenaire du terrorisme", devenu trop voyant, perd peu à peu ses protecteurs. Lâché par la Syrie en 1991, il obtient l'asile au Soudan où, isolé, il sera finalement arrêté et exfiltré vers la France par des policiers du contre-espionnage français.

 

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