La télévision libanaise, les réseaux sociaux et toute la République sont passés à la vitesse supérieure dans un même souci de pudeur pour passer sous le microscope la « choquante » performance concrétisée par Myriam Klink et son partenaire de « jeu » Jad Khalifé. La stupeur a frappé violemment la société conservatrice libanaise à tel point que Mlle Klink, qui se dandine langoureusement face à son partenaire Jad Khalifé, lequel proclame sa victoire après avoir marqué « un but à l'intérieur de Mlle Klink », est interpellée et entendue au commissariat de Hobeiche devant la respectable police des mœurs. Quant à l'auteur de la grossièreté, apparemment non concerné par le choc national, il est brillamment ridiculisé par Rima Karaki sur la chaîne al-Jadeed dans son programme « Lil nacher ». Nous avons ainsi échappé apparemment, in extremis, grâce à une intervention gouvernementale urgente, à une catastrophe morale qui aurait mis indéniablement en péril une société sagement encadrée par des garde-fous des bonnes mœurs irréprochables.
Myriam Klink, une artiste polyvalente née d'une mère serbe et d'un père libanais, a fait ses débuts en tant que mannequin. Depuis quelques années, elle enchaîne les fracas médiatiques, s'exhibant en petite tenue vestimentaire et profitant des médias, même les plus tenaces et méprisants, auxquels elle a appris comment prendre le pli de relayer ses frasques et ses propos pour la plupart insultants. Cette jeune femme, qui peut rappeler les débuts d'une Haïfa Wehbé, non moins choquante à l'époque, réussit à chaque fois à faire parler d'elle. Son dernier clip, qui mélange innocence des couleurs et connotations sexuelles à peine voilées, est l'objet de vives critiques car il montre une petite fille assistant en toute candeur aux ébats amoureux de Mlle Klink. Malgré la médiocrité de la chansonnette et du clip burlesque, les enregistrements sont médiatisés et diffusés à une vitesse éclair, boostés par la censure gouvernementale et les amendes fixées à ce propos.
Il a fallu ainsi une semaine pour essayer de comprendre, juger et condamner cette femme qui, n'arrivant pas à se caser dans un groupe déterminé d'artistes, se contente de marquer des buts dans le filet des plus puritains, dont certains sont en réalité ravis et nullement choqués. Mlle Klink se produit de plus en plus souvent dans les meilleurs talk-shows qui se l'arrachent et arrive à tenir tête, en ne mâchant pas ses mots, aux plus chevronnés des journalistes pour le plus grand bonheur des téléspectateurs, dont les réactions restent partagées entre critiques et amusement.
Ce qui est cependant bizarre, c'est que la fameuse répétition rythmée de phrases creuses de Mlle Klink ait provoqué un tel remue-ménage médiatique provoquant par la même occasion une réaction miraculeuse de la part d'un gouvernement pourtant laxiste et apathique face à d'autres dossiers plus graves et certainement plus choquants.
Cela ne veut pas dire, loin de là et loin de ces klinkeries sans doutes plus bêtes que méchantes, que la protection des mineurs ne doit pas être une urgence pour les autorités libanaises, qui a du pain sur la planche en matière de législation. Une urgence aussi pour nos mentalités méditerranéennes patriarcales, beaucoup moins indulgentes envers les femmes, mais assez conciliantes envers les hommes, quel que soit le scénario.
Une cause à défendre et un sujet de débat que les Libanais aimeraient voir plus souvent sur leurs télévisions.
Pour mémoire
Myriam Klink ou la « rebelle » en rose bonbon
Une nouvelle starlette crève l'écran et hausse la barre de la médiocrité
La robe de Haïfa Wehbé provoque les foudres d'Abou Bakr al-Baghdadi
commentaires (4)
Tout ce tapage mediatique demontre bien que Mlle KLINK a marque PLUSIEURS BUTS
Georges Airut
03 h 41, le 13 mars 2017