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À La Une - reportage

Fuyant la guerre, des familles yéménites vivent dans le froid et la misère

"Nos biens ont été détruits, ma maison a été dévastée. Nous n'avons plus rien maintenant et il n'y a pas de nourriture ici, rien", témoigne un ouvrier.

Quelque 1.500 familles yéménites installées dans un camp de fortune se plaignent de manquer de tout, même si le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) de l'Onu a déjà fourni à certaines des tentes et des couvertures pour se prémunir du froid hivernal. REUTERS/Khaled Abdullah

Certaines familles dorment sous des bâches, d'autres à la belle étoile malgré le froid. Fuyant les combats dans la ville portuaire de Mokha à l'ouest du Yémen, ces déplacés vivent dans la misère dans un village plus au nord.

"Nous étions bien dans nos maisons et sur nos terres, mais un raid aérien nous a obligés à partir" pour trouver refuge à Al Jarrahi, à une centaine de kilomètres au nord de Mokha, raconte Zahra Aqlan, 55 ans.
Cette mère de famille, qui a dû fuir en janvier après avoir perdu son mari, mortellement touché par des éclats de roquette dans une rue de Mokha, se dit incapable de subvenir aux besoins les plus élémentaires de ses cinq enfants. Ici, "il n'y a rien à boire ni à manger. Nous cherchons maintenant de l'aide pour faire vivre nos enfants", ajoute-t-elle.

Comme elle, quelque 1.500 familles installées dans un camp de fortune se plaignent de manquer de tout, même si le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) de l'Onu a déjà fourni à certaines des tentes et des couvertures pour se prémunir du froid hivernal, selon un responsable provincial.

La ville de Mokha, important port sur la mer Rouge, a été reprise début février par les forces progouvernementales yéménites, soutenues par l'aviation d'une coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite. Elles en ont chassé les rebelles yéménites Houthis, au prix de combats ayant fait des centaines de morts de part et d'autre.
Des affrontements continuent de faire rage autour de la base militaire Khaled Ibn al-Walid, située à l'est de Mokha, tenue par les rebelles, et plus au nord où les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi tentent d'avancer vers la province de Hodeida.

Abdallah Mohammed, un ouvrier qui a fui les combats jusqu'au village d'Al Jarrahi est désespéré. "Nos biens ont été détruits, ma maison a été dévastée. Nous n'avons plus rien maintenant et il n'y a pas de nourriture ici, rien", témoigne-t-il, impuissant.
Mercredi, dans une interview à l'AFP, une porte-parole du HCR Shabia Mantoo a indiqué que plus de 48.000 civils avaient été contraints de fuir les combats depuis janvier dans la région de Mokha et qu'ils risquaient d'être de nouveau déplacés en raison de batailles en cours sur les côtes occidentales du Yémen.

A Al Jarrahi, le nombre des déplacés "augmente au fil des jours en raison de la poursuite "des combats autour de Mokha et des zones côtières à Hodeida", a prévenu un responsable provincial, Asef Aidrous.

(Lire aussi : Près de 1 500 enfants soldats recensés par l'ONU au Yémen)

 

"Vie de misère"
"Nous avons fui Mokha en laissant tout derrière nous à cause des bombardements", se lamente Mohammed Salem, un docker qui s'insurge contre sa "vie de misère" dans son nouveau refuge où, selon lui, les femmes et les hommes vivent dans des camps séparés.

Le Yémen est déchiré par une guerre qui oppose les rebelles houthis et leurs alliés -les forces restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh- aux troupes loyales du président Hadi.
Le conflit s'est aggravé avec l'intervention militaire en mars 2015 de la coalition arabe pour aider les forces progouvernementales à chasser les Houthis, des rebelles chiites originaires du nord du Yémen, qui ont pris le contrôle de la capitale Sanaa et d'autres parties du pays entre fin 2014 et début 2015.

La situation humanitaire ne cesse de se détériorer dans ce pays pauvre de la Péninsule arabique où quelque 19 des 26 millions d'habitants ont besoin d'aide alimentaire, selon le patron des opérations humanitaires de l'Onu, Stephen O'Brien. "Sept millions de Yéménites ne savent pas d'où viendra leur prochain repas", a expliqué M. O'Brien au Yémen où il a dû renoncer mardi, en raison de la guerre, à se rendre à Taëz (sud-ouest), la troisième ville du pays où les loyalistes sont assiégés par les rebelles.

En deux ans, le conflit a fait plus de 7.500 morts et 40.000 blessés, selon M. O'Brien.

 

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Certaines familles dorment sous des bâches, d'autres à la belle étoile malgré le froid. Fuyant les combats dans la ville portuaire de Mokha à l'ouest du Yémen, ces déplacés vivent dans la misère dans un village plus au nord.
"Nous étions bien dans nos maisons et sur nos terres, mais un raid aérien nous a obligés à partir" pour trouver refuge à Al Jarrahi, à une centaine...

commentaires (1)

Triste et choquant de voir et vivre ce génocide face à un monde impuissant .

Antoine Sabbagha

23 h 03, le 02 mars 2017

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Commentaires (1)

  • Triste et choquant de voir et vivre ce génocide face à un monde impuissant .

    Antoine Sabbagha

    23 h 03, le 02 mars 2017

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